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Opinions

Le hockey, la politique et l’art de se mêler de ses affaires

Web-Rotonde
18 novembre 2013

– Par Samuel Poulin –

Quand la politique se mêle du hockey, c’est signe que les choses ne vont pas bien. C’est justement ce qui s’est passé dernièrement avec le cas du petit joueur de centre des Canadiens de Montréal, David Desharnais, « un p’tit gars de chez nous », disaient les fiers partisans du CH au Québec. Je dis bien « disaient » car depuis le début de la saison, et de la fin de la dernière également, les partisans semblent avoir fait de David leur nouveau souffre-douleur annuel, succédant ainsi à Carey Price (2012-2013) et à Scott Gomez (2011-2012). C’est connu, à Montréal, quand l’équipe enfile trois victoires de suite, ça parle de Coupe Stanley, mais lorsqu’elle cède deux matchs consécutifs, alors les partisans réclament la tête du DG, la crucifixion du coach, puis l’échange du gardien, de trois ou quatre défenseurs et des trois derniers trios. À Montréal, la ville est hockey.

Mais voilà que la semaine dernière, c’est le nouveau maire de la ville, Denis Coderre, qui a tenté de remplacer Michel Therrien à la barre de l’équipe, suppliant le renvoi de David Desharnais dans les ligues mineures sur son compte Twitter. Il n’en a pas fallu plus pour que l’organisation de la Sainte-Flanelle se choque. Tour à tour, l’ailier de puissance Max Pacioretty, le vétéran défenseur Josh Gorges, et même le coach Michel Therrien ont partagé leur dégout envers le message controversé du maire montréalais. Avec raison?

J’ai bien peur que oui. Bien que certains crieront « liberté d’expression », moi je réplique « se mêler de ses affaires ». M. Coderre n’est peut-être pas au courant, mais être maire d’une ville suscite des responsabilités bien évidentes, mais aussi un contrôle de ses émotions et un respect pour les citoyens qui lui ont donné leur confiance en l’élisant à la mairie.

« Moi, je suis un fan! », a-t-il déploré, le jour suivant son commentaire, à l’émission « Le 5 à 7 », sur RDS. Vous pouvez bien être un fan, mais avant tout, vous êtes politicien, représentant sa ville et, par conséquent, David Desharnais est l’un de vos citoyens. De le critiquer sur la scène publique alors qu’il traverse déjà des moments difficiles, à mon avis, c’est un manque assez flagrant de tact et de bon sens. Monsieur Coderre, mêlez vous de vos problèmes, et laissez le CH s’occuper des leurs. À ce que je sache, tous les nids-de-poule ne sont pas encore remplis dans les rues de votre ville.

Michel Therrien devrait-il commencer à réclamer une diminution d’impôt lors de ses conférences de presse d’après-matchs? Ça serait peut-être manquer de jugement…

Au lieu de faire votre désagréable et de jouer au « coach des Canadiens », soyez donc un maire fier de sa ville. Un mot d’encouragement envers le pauvre David aurait, selon moi, fait bien plus de chemin que de vous mettre l’organisation, véritable symbole culturel de Montréal en passant, sur votre dos. En tout cas, ne vous attendez pas à recevoir une invitation de Geoff Molson pour venir faire une mise-au-jeu officielle lors d’une cérémonie d’avant-match au Centre Bell… Habituellement, ces genres d’honneurs sont réservés à des individus haut-placés, fiers et honorables, pas aux « fans » qui font les malins déplorables sur les médias sociaux.

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