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Arts et culture

Le Projet Laramie : « Du théâtre utile »

25 novembre 2013

– Par Julie Beaune –

La Comédie des Deux Rives de l’Université d’Ottawa présentait mardi soir Le Projet Laramie, pièce de théâtre écrite par Moises Kaufman et le Tectonic Theatre Project. Cette représentation, mise en scène par Gill Champagne, soulevait le défi d’être la plus spontanée et sobre possible. En effet, cette pièce découle d’un fait réel. En 1998, Matthew Shepard, jeune étudiant, a été abattu par deux jeunes hommes à Laramie, dans l’état du Wyoming, puisqu’il était homosexuel.

Les acteurs de la pièce devaient endosser plusieurs défis, entre autres celui de faire plusieurs rôles à la fois, mais aussi celui de valoriser le texte pour exposer le drame, et celui d’éviter de caricaturer les personnages, explique M. Champagne.

Or, la représentation a brillé par son éclatante spontanéité. Le public a pu ressentir la détresse de ces habitants qui auraient tant espéré que la victime ne réside pas à Laramie. De longues entrevues ont été entreprises par une troupe de théâtre spécialement venue à Laramie pour comprendre le contexte dans lequel un tel acte a pu être commis et la manière dont la population a géré les événements survenus.

L’intimidation que vivent les homosexuels dans cette contrée puritaine est la réalité qui ressort de ces discussions, les habitants de Laramie suivant de près leurs valeurs religieuses. Ceux-ci n’hésitaient pas à juger autrui à l’aune de leur orientation sexuelle, signe d’une intolérance flagrante. Or, c’est justement ce qui a intéressé le metteur en scène, soit de montrer « comment l’on vit et gère l’intimidation. »

Des drames comme celui présenté dans Le Projet Lamarie se produisent toujours dans les sociétés de nos jours.

À l’image de cette représentation, les spectateurs doivent dénoncer l’intimidation avant qu’il ne soit trop tard.

M. Champagne expose de manière simpliste mais poignante ce drame humain complexe. Il a choisi pour décor un désert afin de représenter « la sécheresse du crime ».

Cette sobriété du décor indique d’une manière assez efficace aux spectateurs que les mots sont nullement nécessaires pour comprendre l’enjeu principal de la pièce.

Au fil des conversations, le public assiste à une réelle évolution de l’opinion des habitants, à un point tel qu’ils sont capables de reconnaître que Matthew Shepard, avant d’être homosexuel, était avant tout un être humain.

Le comportement exemplaire viendra de la part des parents du jeune homme, refusant la peine capitale des meurtriers. Selon M. Champagne, cette grâce est« plus horrible que le meurtre en lui-même, car elle condamne les coupables à vivre avec ce dernier jusqu’à la fin de leurs jours ». Le Projet Laramie, qui reconstitue ce drame irréversible, illustre finalement la manière dont une somme de jugements stéréotypés ont conduit à l’irréparable.

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