
Les Marches sécuritaires, renaissance d’un service de raccompagnement
Crédit visuel : Élodie Ah-Wong- Directrice artistique
Article rédigé par Lê Vu Hai Huong — Journaliste
Le programme des Marches sécuritaires propose un accompagnement à pied entre 20h à 2h du matin pour les étudiant.e.s, les visiteur.se.s et les membres du personnel souhaitant se déplacer en dehors du campus de l’Université d’Ottawa (U d’O). Comment se compare ce nouveau programme, mis sur pied en août, à son prédécesseur, le Service de raccompagnement ?
Un modèle plus abordable
Le financement du programme bénéficie d’une amélioration significative grâce à une situation financière « beaucoup plus stable » cette année, selon Jack Coen, président du Syndicat étudiant de l’Université d’Ottawa (SÉUO).
Coen rappelle que, lors des élections générales de 2023, le SÉUO avait subi une baisse d’environ 10 % de la cotisation étudiante, ce qui avait affecté le budget 2024-2025. Il indique que cette réduction avait forcé l’ancienne équipe exécutive à mettre fin à quatre services qui comptaient peu d’utilisateur.ice.s et dont les « grands contrats » et « gros salaires » occupaient une large part du budget.
Il se réjouit que le lancement de cette initiative de raccompagnement soit devenu possible parce que celle-ci est « plus abordable ». Il affirme que les Marches sécuritaires coûtent environ 36 000 dollars, dont un salaire annuel d’environ 26 000 $ pour la coordonnatrice et près de 10 000 dollars en dépenses opérationnelles.
Le président du SÉUO soutient également que l’ancien Service de raccompagnement coûtait plus que le double des Marches sécuritaires, soit aux alentours de 80 000 dollars par an depuis 2020. À son avis, ce service présentait « de nombreux problèmes systémiques » : il employait trois salarié.e.s et générait des coûts supplémentaires en communications, en événements et en technologie.
Coen ajoute que l’ancien service comptait environ 80 utilisateur.ice.s pour un budget annuel d’environ 80 000 dollars, ce qui représentait « 800 pièces par marche » lorsqu’on répartissait les coûts sur l’ensemble du fonctionnement.
Le président souligne être « très fier » du travail de Jade Fortin, coordonnatrice de ce nouveau programme. Il indique que le nombre de marches effectuées par celui-ci est déjà proche du total annuel de l’ancien service, alors que les Marches sécuritaires n’ont débuté qu’en août.
Un service accessible à tou.te.s
Selon Fortin, toute personne souhaitant un accompagnement peut se présenter à son bureau au Centre universitaire Jock Turcot ou appeler le numéro dédié : (613)-900-7184. Elle précise qu’il est aussi possible de planifier une marche à l’avance par courriel à safewalk-coord@seuo-uosu.com, donnant pour exemple les demandes récurrentes des personnes qui mangent tard le soir.
La coordonnatrice souligne que le rôle des bénévoles consiste à accompagner les personnes « jusqu’à leur destination », peu importe l’endroit : un appartement, un autre bâtiment, un stationnement, une station de train ou un arrêt d’autobus. Elle ajoute que la durée peut s’étendre jusqu’à 30 minutes, selon les conditions, notamment le confort des bénévoles ou la météo.
Fortin précise que les accompagnateur.ice.s « arrivent comme des étudiant.e.s ordinaires marchant en groupe », un procédé qu’elle décrit comme « incognito » afin de mettre les utilisateur.ice.s à l’aise. Ils et elles se déplacent systématiquement en équipes de deux, précise-t-elle.
À ne pas confondre avec le Service de protection
Selon Fortin, les bénévoles des Marches sécuritaires ne constituent « pas une sécurité formée », contrairement au personnel de la protection de l’U d’O. Elle rappelle que l’objectif du programme se limite « à s’assurer que la personne rentre chez elle ».
La coordinatrice souligne que son initiative ne demande pas aux bénévoles de prendre en charge des situations d’urgence, de violence ou de nature médicale. Elle précise qu’il revient à la Protection de gérer ces types d’interventions. Cependant, toutes les personnes impliquées dans le programme reçoivent une formation et font l’objet d’une vérification des antécédents, assure-t-elle.
Une mesure nécessaire ?
Fortin affirme que plusieurs membres de la communauté attendaient le retour d’un service de ce genre. Elle déclare avoir parlé avec plusieurs personnes, qui lui ont fait cette confidence :
« J’attendais vraiment que ça revienne parce que marcher tard le soir sur le campus, ça me fait extrêmement peur. »
La coordinatrice estime que le campus est « gigantesque » et que le programme répond à un « enjeu extrêmement présent ». Elle souligne que ce service offre « une rassurance […] de prévention » en complément des services d’urgence du campus.
