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Les Premières Nations au contrôle de l’éducation des Premières Nations

Marina Toure
29 janvier 2023

Crédit visuel : Marie-Ève Duguay – Rédactrice en chef

Article rédigé par Marina Touré — Cheffe du pupitre Actualités

Le 25 janvier dernier, The First Nations Education Administrators Association, en partenariat avec l’École supérieure d’affaires publiques et internationales et la Faculté des sciences sociales de l’Université d’Ottawa (U d’O), a organisé un cercle de rassemblement afin de discuter de l’autonomisation du système d’éducation autochtone.

Depuis le 16 juin 2021, le Canada a adopté la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (DNUDPA) en tant que loi. Celle-ci confirme de nouveau à l’article 14 le droit inhérent des peuples autochtones à recevoir une éducation de qualité linguistiquement et culturellement appropriée, ainsi que le rôle du gouvernement canadien dans l’établissement d’un système d’éducation qui reflète ce droit.

Leslee Ann White Eye, modératrice du panel et membre du First Nations with Schools Collective, a ouvert le cercle en expliquant le rôle de celui-ci. En effet, le collectif prépare un rapport qu’il présentera au ministère de la Justice du Canada, afin de les éclairer sur le soutien nécessaire de la part du gouvernement canadien pour respecter l’article 14 de la DNUDPA. Henry Pitawanakwat, aîné et éducateur, a ensuite poursuivi l’ouverture de la discussion en marquant l’importance centrale de la décolonisation lorsque l’on aborde l’éducation des Premières Nations.

Qu’est-ce qui doit changer ?

Le cercle a été guidé par trois questions auxquelles ont dû répondre les panélistes : qu’est-ce que l’on tient comme sacré et qui devrait donc être protégé à travers l’éducation pour les futures générations ? Comment saurons-nous que nous allons dans le bon sens ? Qu’est-ce que le Canada aura à faire pour soutenir le travail dans les communautés ?

Les panélistes étaient Lauren Poeta, étudiante en maîtrise à l’Université Western, Emily Peltier, étudiante en 11e année sur le territoire non cédé de Wiikwemkoong, et Keiran Davis, délégué du Grand Council of Treaty #3 dans le First Nations Young People’s Council. En réponse à ces questions, les trois panélistes ont mis en avant plusieurs éléments.

Pour Poeta et Peltier, il est essentiel de s’assurer que le système d’éducation autochtone soit inséré dans tous les systèmes d’éducation au Canada. En effet, près de 50 % des enfants autochtones ne vont pas à l’école dans les réserves, selon Poeta. Ces enfants ne sont donc que très peu exposé.e.s à la culture autochtone, et sont très vite déconnecté.e.s de leur identité, confie-t-elle. Elle ajoute que « les parents ne devraient pas avoir à quitter les réserves car l’éducation n’est pas assez financée ». C’est une pensée que partage Peltier, qui se rend dans une école hors réserve et se retrouve à aider ses camarades de classe autochtones en recherche de leur identité.

Pour Davis, il faut également retrouver le respect ancestral pour les femmes et les personnes bispirituelles, qui a été effacé par les politiques du gouvernement canadien. Cela revient pour Davis à respecter les valeurs autochtones, mais aussi à réformer le système d’éducation non autochtone. En outre, il ajoute que l’aspect environnemental est essentiel à l’éducation autochtone comme allochtone.

Réformer le système

Parmi les différentes interventions, celle de Ivan Augustine, directeur de l’éducation pour la nation Elsipogtog au Nouveau-Brunswick, a mis en avant certaines réalités de l’autonomisation du système d’éducation autochtone. Si pour lui, la première réussite est la mise en place d’écoles d’immersion, dans lesquelles les professeur.e.s parlent tou.te.s micmac aux enfants dès leur plus jeune âge, la question de la rétention des professeur.e.s reste problématique. En effet, une fois que les professeur.e.s prennent leur retraite, il est difficile de les remplacer, car les candidat.e.s qui parlent couramment la langue n’ont souvent pas les qualifications pour devenir enseignant.e.s. Il serait donc important selon lui de retirer certaines de ces qualifications pour aider à conserver cet apprentissage.

Une autre problématique importante est selon Davis et Poeta l’accès à l’éducation. Les élèves sont souvent dans l’obligation de quitter leur communauté et de sacrifier leur identité pour leur éducation, dévoile Davis. Poeta raconte son expérience négative dans un système d’éducation qui ne reconnaissait pas sa langue, et l’a donc placé dans un service d’orthophonie. Cela a eu pour conséquence de lui faire perdre sa connaissance de la langue. Pour elle et les autres panélistes, c’est un exemple montrant que le processus d’assimilation des autochtones est toujours en marche.

Selon Zahra, une étudiante de 4e année en Études des conflits et droits humains qui assistait au panel, il est essentiel de participer à ce genre d’événements afin de pouvoir aider à l’autochtonisation de l’éducation universitaire. Poeta aimerait que les participant.e.s retiennent de la conférence les histoires personnelles des panélistes, afin de pouvoir assister les communautés autochtones dans la mise en place de leur propre système d’éducation.

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