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Lettre ouverte à la présidente du SÉUO

Lettre ouverte
6 juillet 2024

Lettre ouverte rédigé par Natalie Bruvels – Contributrice

Chère présidente Robitaille,

Je m’appelle Natalie Bruvels et je suis étudiante au doctorat à l’Université d’Ottawa et la responsable de la Bernadette Childcare Coalition, qui vise à sauver le seul service de garde d’enfants sur le campus. J’ai récemment pris connaissance de la décision du Syndicat étudiant de l’Université d’Ottawa (SÉUO) de licencier du personnel au Centre de ressources féministes (CRF). Je vous écris pour vous exhorter à revenir sur cette décision et à veiller à ce que le CRF dispose des ressources nécessaires et du respect qu’il mérite pour mener à bien son travail essentiel sur le campus.

Le CRF offre des services d’accueil, des ressources éducatives, des programmes et des soutiens en matière de santé sexuelle et de justice reproductive dans le but de lutter contre l’oppression sexiste et la violence fondée sur le genre. La communauté formée au CRF et les stratégies d’activisme féministe qui y sont apprises sont à la fois essentielles et enrichissantes pour l’expérience des étudiant.e.s de premier cycle.

Notre coalition pour la garde d’enfants s’appuie largement sur le CRF pour son expertise en matière de sensibilisation féministe, d’organisation d’événements et de compétences institutionnelles. Leur passion, leur savoir-faire et leur professionnalisme devraient être une source de fierté pour le SÉUO, le corps étudiant de premier cycle et le campus dans son ensemble.

L’objectif de l’université néolibérale est la dépolitisation. En licenciant le personnel du CRF, le SÉUO fait avancer l’agenda du patriarcat néolibéral. Il y a de nombreuses années, Annette Kolodny, dans Failing the Future: A Dean Looks at Higher Education in the Twenty-first Century (1998), a qualifié ce type d’attaques « d’harcèlement intellectuel anti-féministe ».

Kolodny définit le harcèlement intellectuel anti-féministe comme suit :

Le harcèlement intellectuel anti-féministe, une menace sérieuse pour la liberté académique, se produit lorsque (1) toute politique, action, déclaration et/ou comportement a l’intention ou l’effet de décourager ou d’empêcher la liberté d’action légale, la liberté de pensée et la liberté d’expression des femmes ; (2) ou lorsque toute politique, action, déclaration et/ou comportement crée un environnement dans lequel l’application appropriée des théories ou méthodologies féministes à la recherche, à l’enseignement et aux études est dévalorisée, voire totalement contrecarrée ; (3) ou lorsque toute politique, action, déclaration et/ou comportement crée un environnement dans lequel la recherche, les études et l’enseignement concernant les femmes, le genre ou les inégalités de genre sont dévalorisés, découragés ou totalement contrecarrés.

Le définancement d’infrastructures féministes essentielles, telles que le CRF, peut être qualifié de harcèlement intellectuel antiféministe, tout comme la tentative de l’Université de fermer le centre de garde d’enfants sur le campus. Je suis profondément préoccupée par le fait que nous remontons dangereusement dans le temps, surtout si l’on considère le cauchemar post-Roe v. Wade aux États-Unis. Et bien sûr, la perte des services communautaires et de santé affecte toujours davantage les plus marginalisé.e.s d’entre nous.

Je sais que la précarité des ressources est ressentie sur tout le campus, et je respecte votre rôle de leader dans la navigation de cette difficulté, mais le CRF doit être protégé à tout prix. Votre mandat, selon votre site web, est de « défendre les intérêts des étudiant.e.s de premier cycle de l’Université d’Ottawa et leur fournir des services ». Aujourd’hui, peut-être plus que jamais, le temps est à la solidarité et au soutien féministes.

Cordialement,

Natalie Bruvels

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