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Arts et culture

L’Orignal Déchaîné : une fin pour le journal étudiant ?

Jacob Hotte
4 avril 2023

Crédit visuel : Marie-Ève Duguay – Rédactrice en chef 

Entrevue réalisée par Jacob Hotte – Journaliste

L’Orignal Déchaîné est, depuis 1987, le journal étudiant francophone de l’Université Laurentienne à Sudbury. Depuis novembre 2022, l’Orignal Déchaîné a cessé toute publication. La Rotonde s’est donc entretenue avec Philippe Mathieu, ancien rédacteur en chef et actuel Président du Conseil d’administration du journal, afin de tenter d’élucider le mystère.

Suite à des troubles financiers à l’Université Laurentienne l’année dernière, l’Association des étudiantes et étudiants francophones (AÉF) arrête soudainement tout financement envers plusieurs services et organismes, dont L’Orignal Déchaîné. La survie du journal est alors mise en question.

En septembre 2022, le journal réussit finalement à sécuriser un soutien financier de l’AÉF, sous la gouvernance du nouveau Président Nawfal Sbaa. Toutefois, malgré le recrutement d’une nouvelle rédaction en cheffe, l’Orignal Déchaîné a cessé toute publication depuis novembre dernier.

La Rotonde (LR) : L’année dernière, l’AÉF a décidé de couper tout financement pour le journal. Cette année, un nouvel accord a été mis en place. Quels effets cela a-t-il eus sur l’état du journal, mais aussi sur les relations entre l’AÉF et l’Orignal Déchaîné ?

Philippe Mathieu (PM) : Selon mes connaissances, les coupures que l’Université Laurentienne a vécues n’ont eu aucun impact sur la décision de l’AÉF, qui était en réalité un coup personnellement motivé de la part de Simon Paquette, le président de l’AÉF à ce temps-là. Au lieu de tenter de m’approcher par rapport à certains de leurs doutes, l’AÉF a décidé de nous tourner le dos et de présenter une motion, qui a ensuite été passée par Hemliss Konan. Ce choix a causé plusieurs conséquences des deux côtés.

Néanmoins, sous la direction de Nawfal Sbaa, la relation entre le journal et l’AÉF s’est réconciliée. C’est quelqu’un de génial, qui travaille avec l’équipe de l’Orignal Déchaîné afin de rétablir le financement du journal. Il reconnaît les fautes et les lacunes qui ont été commises. De son côté, l’Orignal Déchaîné reconnaît que la nouvelle présidence veut non seulement rebâtir le lien de confiance et par de même le renforcer, comme jamais auparavant. Sans cette collaboration, nous n’aurions pas été dans la capacité d’embaucher une nouvelle rédaction en cheffe et donc le journal ne serait plus là.

LR : L’Orignal Déchaîné n’a pas publié depuis novembre dernier. Pouvez-vous nous en dire plus par rapport à la situation actuelle ?

PM : Un des plus gros obstacles lorsque vient le temps de publier est le personnel. L’équipe du journal est très petite, donc la majorité des responsabilités tombent sur le dos du rédacteur en chef, comme le marketing, la ligne éditoriale et la rédaction. Ne travaillant qu’à temps partiel au journal, Olivier Bonin-Ducharme est aussi étudiant à temps plein et membre de l’équipe de curling de l’Université. Le poste de rédacteur.ice en chef demande habituellement un.e étudiant.e aux études à temps partiel à cause de la charge de travail, ce qui n’a pas été le cas depuis plusieurs années. 

L’entretien et l’administration de plusieurs projets de l’Orignal Déchaîné occupent la plupart du temps des membres de l’équipe, raison pour laquelle nous sommes à la recherche de personnel. On travaille actuellement sur une édition papier, quelque chose que je n’ai pu accomplir qu’une seule fois l’année dernière et qu’Olivier n’a jamais fait. C’est certainement plus difficile aussi lorsque nous ne sommes que deux. Je ne suis pas sûr que l’on va être capable d’endurer cela pour très longtemps.

LR : Est-ce que vous croyez qu’on observerait alors bientôt la fin de l’Orignal Déchaîné ?

PM : Non. Je pense qu’il y a quelque chose de différent qui approche. L’Orignal Déchaîné est un journal étudiant qui existe depuis 1987, c’est une institution qui est ancrée dans les racines de la révolte de la jeunesse franco-ontarienne et qui a donc sa place dans l’histoire. Le journal a toujours eu des difficultés avec différentes figures, que ce soit l’Université Laurentienne, l’AÉF ou encore des politiciens, c’est quelque chose de familier pour nous. Je crois que le journal expérimente une période de transformations, même s’il fait face à plusieurs difficultés.

LR : Quels moyens possibles existe-t-il afin d’assurer la prospérité du journal dans les années à venir ? Avez-vous une vision future pour celui-ci ?

PM : On a besoin de nouveaux moyens afin d’attirer du personnel, je crois que cela rentre dans un cycle vicieux où il est nécessaire d’attirer des lecteur.ice.s afin d’attirer plus d’employé.e.s, ce qui nécessite à son tour beaucoup de main-d’œuvre. C’est pourquoi on a décidé de rechercher plutôt des journalistes à la pige, afin d’essayer d’encourager le public à écrire et donc d’augmenter la participation. Mais encore, on n’a pas une assez grande équipe pour lancer une telle campagne.

On a aussi exploré l’idée de quitter l’Université, ce qui fait partie de plusieurs options qu’on garde ouvertes, comme de nouvelles collaborations et de nouveaux partenariats. On essaie de rester optimistes et ouverts d’esprit, et on tente de développer un nouveau plan stratégique dans la prochaine année ou deux qui porterait sur le contenu publié par le journal.

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