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L’U d’O doit adhérer aux demandes de l’AÉÉAC

Web-Rotonde
14 janvier 2013

– Par Vincent Rioux – 

Le mouvement a pris de l’ampleur. Notamment grâce aux médias sociaux, le mouvement Idle No More (Fini l’inertie) résonne maintenant partout au Canada.

Heureusement – et surprenamment – , l’Université d’Ottawa (U d’O) n’y échappe pas. La semaine dernière, l’Association des étudiant.e.s en études autochtones et canadiennes (AÉÉAC) a officiellement remis à l’administration d’Allan Rock, cinq demandes pour la « décolonisation du campus ».

Deux jours auparavant, le 9 janvier, au pavillon Tabaret, quelque deux cent étudiants et membres de la communauté autochtone se sont ralliés pour danser sur le rythme des tambours qui raisonnaient dans la rotonde du pavillon. De ce rassemblement s’est émanée une énergie indéniable. Les étudiants se sont spontanément joints au rassemblement dans un élan de solidarité inhabituel. Ainsi, comme on l’a rarement rarement vu sur le campus de l’U d’O, étudiants francophones et anglophones se sont unis dans ce lieu symbolique qu’est la rotonde du pavillon Tabaret, tout juste devant le bureau du recteur, en soutient au mouvement Idle No More. 

Les quelques deux cents étudiants ont ensuite participé à une cérémonie spirituelle. S’en sont suivis plusieurs discours bien sentis ponctués par une pluie d’applaudissements à faire soulever le toit de La Rotonde. L’émotion était à son comble.

Rarement La Rotonde a-t-elle été témoin d’une mobilisation sur le campus aussi rassembleuse. Bien qu’il n’y ait eu que quelques centaines d’étudiants, la qualité et la fluidité des discours a survolté la foule. L’émouvante allocution de l’Autochtone Nina Was’te a particulièrement soulevé la compassion de la foule, elle qui y est allée d’un touchant plaidoyer pour le respect des traités et pour la coexistence pacifique des Premières nations et des « colonisateurs ».

L’U d’O, l’Université tranquille?

Reconnu pour être un campus plutôt clame, pour ne pas dire apathique, l’U d’O s’est forgée une réputation « d’Université tranquille ». Or, le rassemblement d’étudiants ayant eu lieu à Tabaret mercredi dernier nous permet de croire que l’Université tranquille peut subir des soubresauts et qu’il est possible de mobiliser les étudiants. Détrompez-vous, les étudiants ottaviens ne sont pas tous de pauvres utilisateurs-payeurs qui passent à l’U d’O comme on passe au Walmart. Non! Une certaine population estudiantine résiste encore et toujours à l’envahisseur néolibéral.

Malgré que ce soit encore une minorité qui semble progressivement s’engager dans le mouvement Idle No More, ce n’est pas la quantité qui compte, mais bien la qualité. Et le rassemblement de mercredi dernier devant le bureau du recteur en était un de qualité. Une certaine Fédération étudiante devrait s’en inspirer…

Les cinq demandes de l’AÉÉAC doivent être acceptés

Dans leur ensemble, elles ne sont pas exagérés et sont réalisables à moyen terme. Les demandes de l’AÉÉAC sont légitimes et raisonnables et doivent être acceptées en totalité par l’administration de l’U d’O.

D’abord, dans le but de préserver les langues algonquine et mohawk, il est impératif qu’elles soient enseignées dans un cadre universitaire. Il grand temps que l’establishment blanc reconnaisse son devoir d’assurer la pérennité de la culture des Premières nations. En ce sens, il faudrait lui accorder une certaine visibilité académique. Cette visibilité passe par des intellectuels et des savants qui se spécialisent dans ces langues.

En deuxième temps, afin d’assurer l’accessibilité à l’éducation postsecondaire des Autochtones, l’U d’O doit augmenter de manière substantielle les bourses destinées au Amérindiens afin d’éventuellement en arriver à la gratuité scolaire, comme en font foi les traités signés à cet effet. Le seul moyen d’assurer l’accessibilité aux études postsecondaires est de la rendre abordable. Comme on l’a fait avec les Québécois au tournant des années 1960, l’université doit, dans un futur rapproché, devenir gratuite pour ceux qui ont un niveau de vie digne du tiers-monde, mais qui vivent pourtant dans le même pays que nous.

L’U d’O doit reconnaitre, sans hésitation et sans nuance, qu’elle est sur un territoire algonquin non-cédé qui a été acquis par le massacre des peuples autochtones. Par ailleurs, l’administration doit aussi faire rayonner la culture autochtone sur le campus dans l’optique de reconnaitre leur contribution à la société occidentale que l’on connait. Il est grand temps que les Premières nations cessent d’être traitées comme une sous-race, comme des citoyens de deuxième classe. En étant complètement ignorés par l’administration et en ne valorisant leur culture d’aucune manière, l’U d’O contribue au génocide culturel que subissent les autochtones depuis près de 400 ans.

Finalement, l’administration doit allouer un plus grand montant au programme d’Études autochtones de la Faculté des arts avec comme objectif à moyen terme de créer un Institut des études indigènes et de la décolonisation. À plus long terme, l’Université dite « canadienne », doit absolument contribuer à créer une classe d’académiciens autochtones. Sans quoi, elle ne peut continuer de se proclamer l’Université canadienne.

L’U d’O doit respecter toutes ces demandes. À défaut de ne pas répondre à ces revendications, elle risque de se ranger dans un camp peu enviable : celui du colonialisme, de l’oppression, du révisionnisme et de la spoliation.

La Rotonde soutient les revendications de l’AÉÉAC et somme l’administration d’Allan Rock de les respecter.

 

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