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L’Université d’Ottawa, l’université tranquille?

Web-Rotonde
13 février 2012

ÉLECTIONS FEUO

Credit: United Press Internationl photo.

Antoine Trépanier | Chef de pupitre
Twitter @ATrepanier

Une énième grève sera déclenchée sous peu au Québec. Pendant ce temps, l’U d’O attend toujours d’en vivre une première depuis celle de 1889. Si les débats virils en politique étudiante ont été nombreux au fil de l’histoire, disons que les sujets débattus sont limités. La Rotonde a défriché le fond de l’histoire d’une institution occupée par des étudiants bien polis.

« Quand je fais la chronologie historique de l’Université, le mot grève n’apparaît qu’une fois. C’est la preuve qu’on n’a pas été un campus où les étudiants ont été revendicateurs jusqu’au point de paralyser le campus. » Ces mots, ce sont ceux de l’archiviste en chef de l’Université canadienne, Michel Prévost. Bien assis à son bureau des archives, l’homme cherche les conflits étudiants. « La seule grève, c’est celle de 1889. Les étudiants protestaient contre la qualité de la nourriture », laisse-t-il tombé, après quelques recherches.

Malgré ses 163 années bien comptées, l’U d’O a évidemment vécu des périodes troubles. Comme au Québec, la fin des années 1960 a été une période de grande turbulence où les débats entre étudiants ont pris de l’ampleur. Parlez-en au maire de Montréal, Gérald Tremblay. Ce dernier a vécu cette zone d’inconfort aux premières loges.

Alors président de la Société Justinien, l’équivalent de l’actuelle association étudiante de la Section de droit civil, M. Tremblay maîtrisait déjà l’art de la politique. « Il y avait un potentiel de grève à la Faculté de droit civil quand j’étais là. J’ai complètement refusé, j’ai dit qu’il fallait privilégier le dialogue avec les professeurs, le doyen et les autorités. On n’a pas eu de grève à la Faculté », raconte-t-il en entrevue téléphonique. Il précise d’ailleurs que les étudiants des sciences sociales occupaient leur faculté pour avoir une représentation paritaire aux conseils facultaire et départemental.

Querelles entre alliés

À ce moment, les querelles ne sont pas seulement entre étudiants et administrateurs, mais également entre membres des associations étudiantes. « En 1967, on se chicanait pour la démocratie de l’association étudiante de l’Université d’Ottawa. J’avais une citation dans La Rotonde, “on n’est pas en pays communiste ici!” raconte-t-il en riant. C’était juste une question de démocratie d’élire les représentants et, deuxièmement, les allocations que ces personnes-là pouvaient se payer pour faire des activités étudiantes que je qualifiais de bénévoles. Je l’ai perdue, celle-là. » Il relate d’ailleurs que certains étudiants de l’association étudiante, aujourd’hui la Fédération étudiante, « se payaient des salaires »!

Pour M. Prévost, les querelles intestines ont toujours existé. « J’imagine qu’il y a toujours eu, au fil du temps, des petites luttes entre la Fédération et les associations étudiantes, qui aimeraient bien avoir plus d’autonomie et ne pas avoir un organisme comme ça qui les chapeaute », avance-t-il.

Et comment! En mai 1969, l’actuel recteur de l’U d’O, Allan Rock, prend les rênes de l’Assemblée générale étudiante (AGEUO). À ses côtés, Hugh Segal, maintenant sénateur conservateur. Les deux hommes vivent des moments difficiles, comme en novembre 1969, lorsqu’ils doivent passer un vote de confiance.

Le 13 novembre, M. Segal propose une motion pour accorder aux étudiants le droit de se séparer de l’AGEUO. En fait, il propose « que tous les membres qui se confirment avec les exigences constitutionnelles soient, avant le 1er janvier 1970, permis de se retirer de l’AGEUO et que ses frais lui soient remis au pro-rata » (sic), peut-on lire dans le procès verbal.

Le 20 novembre, un comité dépose le rapport sur la remise des argents aux membres voulant délaisser l’assemblée étudiante. On peut notamment y lire que « le pourcentage s’applique seulement aux frais d’association, en tout ou en partie, que l’Université a déjà perçus pour l’AGEUO ». Les étudiants désirant se retirer de la fédération étudiante de l’époque pouvaient le faire tout en étant remboursés au prorata. MM. Segal et Rock n’ont pas répondu à nos demandes d’entrevue.

Puis, L’ÉVÉNEMENT!

En février 1970, les étudiants occupent encore une fois la Faculté des sciences sociales. La lutte linguistique bat son plein. Une vingtaine de contestataires réclament la francisation de la Faculté en plus d’exiger une université française. À ce moment, les francophones sont majoritaires, constituant 56 % de la population étudiante. Les manifestants sont rapidement arrêtés par la police dans une scène très courte, mais très médiatisée dans la région!

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