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Mois de la francophonie : Redécouvrir les couleurs de l’Acadie

Web-Rotonde
9 mars 2015

– Par Frédérique Mazerolle –

Même si plusieurs historiens proposent que l’Acadie est géographiquement formée des provinces du Nouveau-Brunswick, de la Nouvelle-Écosse et de l’Île-du-Prince-Édouard, il est tout de même difficile de cerner où se trouve cette région. Pour plusieurs, l’Acadie est partout, c’est-à-dire n’importe où se trouvent des gens de descendance acadienne.

Avec son histoire vieille de plus de 400 ans, l’Acadie a été à la fois sous l’occupation française, puis sous l’occupation des Anglais, qui ne se sont pas montrés aussi cordiaux. Chassés de leurs terres en 1775, les Acadiens sont revenus en force pour s’y établir à nouveau. Aujourd’hui, le peuple acadien est reconnu pour la fierté qu’il ressent envers sa culture et ses multiples dialectes.

Historique de l’Acadie

C’est en 1604 que Samuel de Champlain, cartographe et explorateur français, et son équipage, envoyés par le roi Henri III, débarquent sur l’Île Sainte-Croix, située au bord de l’état du Maine et juste au-dessous de la province du Nouveau-Brunswick.

Ayant mis les pieds sur le «Nouveau Monde», Champlain et ses accompagnateurs s’installèrent avec les autochtones qui habitaient déjà l’île. Cependant, après un an, Champlain se désintéressa de la région et repartit en France. Quatre ans plus tard, il deviendra le fondateur de la Nouvelle-France.

Plusieurs colons décidèrent d’y rester, voyant dans la région un potentiel indéniable. Ils durent par contre se déplacer vers Port-Royal, situé dans le compté d’Annapolis, en Nouvelle-Écosse, en raison des conditions hivernales rudes qui furent difficiles pour les colons, auxquelles certains n’ont pas survécu.

Entretemps, la France et l’Angleterre ne cessèrent de s’affronter pour la Nouvelle-France. En 1740, les Anglais s’emparèrent éventuellement de l’Acadie, sous la direction de Charles Lawrence comme lieutenant-gouverneur de la Nouvelle-Écosse en 1753. Agacés par la neutralité des Acadiens face à la couronne britannique, Lawrence ordonna la déportation de près de 2000 Acadiens vers les colonies britanniques du sud, qui deviendront les premiers états américains. Certains d’entre eux se sont rendus en Louisiane, ce qui explique aujourd’hui la présence acadienne (ou communément appelée cajun) dans cet état. De 1763 jusqu’à l’Acte de l’Amérique du Nord britannique de 1867, les Acadiens sont revenus sur leurs terres, mais cette fois pour s’installer majoritairement dans le nord du Nouveau-Brunswick, dans la région de la péninsule acadienne.

La Révolution tranquille à saveur acadienne

Après avoir été déportés de leurs terres une première fois, les Acadiens ont décidé de ne plus reculer et de militer pour leurs droits culturels et linguistiques. Plusieurs journaux francophones, comme le Moniteur Acadien à Shédiac (N.-B.), L’Évangéline à Digby (N.-É.) et L’Impartial (Î.-P.-É.) furent créés suite à la Confédération, ainsi que plusieurs conseils scolaires et linguistiques, veillant à la promotion et la protection de la langue française. L’Université Sainte-Anne, créée en 1890, deviendra la première université francophone en Acadie.

Durant les deux premières Conventions nationales acadiennes, qui eurent lieu respectivement à Memramcook (N.-B.) en 1881 et à Miscouche (Î.-P.-É.) en 1884, les Acadiens ont choisi le 15 aout comme fête nationale, le drapeau tricolore étoile, ainsi que l’hymne « Ave Maris Stella ».

Les Acadiens ont souffert de la présence dominante d’anglophones et leurs revendications se sont amplifiées lorsque Louis-J. Robichaud, militant des droits acadiens et francophones, devint premier ministre du Nouveau-Brunswick. En 1969, la province devient la première province canadienne officiellement bilingue. L’Université de Moncton vit le jour en 1963 et deviendra l’université francophone la plus importante des Maritimes.

L’Acadie contemporaine

Après s’être battues pour une éducation en français, c’est en 1982 avec la Loi constitutionnelle que les provinces de l’Acadie obtiennent le droit à des écoles francophones. On voit également la naissance d’organismes comme la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick et la Fédération des Acadiens de la Nouvelle-Écosse.

Plusieurs figures acadiennes se sont démarquées sur la scène nationale, comme l’auteure Antonine Maillet, qui donna naissance au personnage de La Sagouine, et Roméo Leblanc, qui deviendra le premier acadien à être nommé gouverneur général du Canada. Sur la scène musicale, des artistes comme Wilfred LeBouthillier, Roch Voisine et Natasha St-Pier se sont hissés en haut des palmarès de la musique francophone.

On assiste également à une montée en popularité de la musique chiac, dialecte acadien mélangeant le français, l’anglais, des mots inusités du vieux-français et des mots inventés. Des artistes musicaux comme Lisa Leblanc, Radio-Radio et les Hay Babies affichent sans gêne leur héritage acadien dans leurs compositions.

Chaque année, la communauté acadienne est invitée à faire du bruit et à célébrer son héritage lors de la fête nationale, le 15 aout. Le plus gros rassemblement se déroule à Caraquet, au Nouveau-Brunswick. Depuis 1999, il y également le Congrès mondial acadien, qui se déroule durant la période estivale du mois d’aout chaque quatre ans. Le dernier, qui s’est déroulé en 2014, a eu lieu dans trois régions : le Maine, le nord-ouest du Nouveau-Brunswick et la région du Témiscouata, au Québec.

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