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Sports et bien-être

Mon pauvre petit cœur

Crédit visuel: Élodie Ah-Wong – Directrice artistique

Chronique rédigée par Kady Diarrassouba – Cheffe de pupitre Sport et bien-être

Déjà à 20 ans, je ne pense pas qu’il soit normal que des jeunes ressentent des palpitations cardiaques, des accélérations inhabituelles du rythme de leur cœur, voire qu’ils fassent des crises cardiaques. Ce sont des signaux souvent banalisés qui, pourtant, peuvent révéler un déséquilibre ou un problème sous-jacent. Le cœur, à notre âge, devrait fonctionner de manière régulière et stable. Quand ce n’est pas le cas, c’est un rappel important de revoir nos habitudes avant qu’il ne s’emballe.

Je me souviens encore de cette vidéo que j’ai reçue d’un ami. Je ne sais même plus combien de fois, en une semaine, je lui ai dit que j’avais bu une canette de RedBull avant de commencer mes révisions. C’était devenu un rituel pour chaque séance de cours. L’édition pêche! Cette saveur  était mon indispensable pour me sentir pleine d’énergie. 

Pour être honnête, je ne pensais même pas que cette boisson avait un réel effet sur mon énergie. C’est clair que je ne m’attendais pas à ce qu’elle me donne des ailes… mais au moins une bonne dose de vitalité. En réalité, la raison pour laquelle je n’arrêtais pas d’en consommer était psychologique : me dire que c’est une boisson que les grands sportifs prennent pour avoir de la force, alors forcément, moi aussi elle m’en donnerait. Sauf que, à la longue, elle ne fait pas que ça.  

La consommation excessive de boissons énergisantes crée au fur et à mesure des risques élevés de maladies cardiaques, affirme Jean-Philippe Chaput, professeur au département de pédiatrie et chercheur sur les habitudes de vie saines.

« Ces boissons contiennent des doses élevées de caféine et de sucre, parfois combinées à d’autres stimulants pouvant occasionner des palpitations, des hausses de tension artérielle et, dans de rares cas, des troubles du rythme cardiaque. Et tout cela concerne aussi notre génération de jeunes ! »

- Jean-Philippe Chaput -

J’ai longtemps pensé que les maladies cardiovasculaires ne touchaient que les personnes du 3e âge au cœur de plus en plus fragile. Pourtant, lorsque Bronny James, à seulement 18 ans, fait un arrêt cardiaque en plein entraînement de Basket, ou que Jude Maboné, reine de beauté de 28 ans est connue pour avoir survécu à 6 crises cardiaques avant ses 18 ans, c’est plus qu’inquiétant!

Dans notre contexte universitaire, certaines habitudes de vie que nous adoptons presque par obligation précipitent notre pauvre petit cœur, soit dans une tachycardie effrénée, soit dans une bradycardie qui va plus lentement que la musique.

Ce qui fait bobo au coeur

Le stress académique, autrement dit « Due date is the real do date » (la date d’échéance est la vraie date de travail). Sérieusement, pourquoi attendons-nous toujours la dernière minute pour réviser nos examens ? Est-ce un manque d’organisation ou une habitude ancrée en nous ? Peu importe la raison : cette anxiété qu’on s’inflige à chaque devoir finit par peser lourdement sur notre pauvre petit cœur.

Michelle Fortier, professeure à l’École des sciences de l’activité physique, rappelle d’ailleurs que le taux d’anxiété sur le campus a grimpé de 30 % ces dernières années

« Un stress chronique entraîne une libération accrue d’hormones comme le cortisol et l’adrénaline, qui augmentent la tension artérielle et la fréquence cardiaque. À long terme, cela peut fragiliser les vaisseaux sanguins. »

- Jean-Philippe Chaput -

Ce stress peut malheureusement entraîner d’autres risques. En effet, nous avons tous.tes nos petits réflexes pour le gérer : dormir, grignoter… Mais parfois, ce sont des habitudes malsaines qui prennent le dessus : tabac, alcool, malbouffe. Et ce qui devait nous apaiser finit par alourdir la charge de notre pauvre petit cœur, déjà en difficulté. 

Le vapotage, par exemple, est devenu une activité «cool» dans notre entourage. Pourtant, en plus d’être néfaste pour les poumons et pour le cœur, la nicotine reste l’une des substances les plus addictives qui existent.

Un autre facteur à considérer est la sédentarité. Personnellement, j’hésite toujours à consulter mon temps d’écran hebdomadaire le dimanche, de peur qu’il ait augmenté par rapport à la semaine précédente. Quel rapport avec le cœur, me direz-vous ? Plus de temps passé devant les écrans rime souvent avec moins d’activité physique, ce qui augmente le risque de sédentarité.

Le sommeil aussi est un pilier de la santé cardiaque. Dormir moins de sept heures régulièrement augmente la pression artérielle, dérègle la glycémie et fragilise notre pauvre petit cœur sur le long terme. Alors mes cher.e.s ami.e.s étudiant.e.s, même si nos horaires sont fous, réduire un peu notre temps d’écran ou se coucher plus tôt quand on peut, c’est déjà protéger notre cœur pour demain.

Prévenir les risques…avant qu’il ne s’emballe

Je serai honnête avec vous. Lors de ma rencontre avec la professeure Fortier, j’avais devant moi une canette de boisson énergisante déjà ouverte. Ce serait donc hypocrite de vous dire d’arrêter complètement, de changer de vie du jour au lendemain ou de vous reprendre en main dès maintenant. Ce n’est pas réaliste, et nos expert.e.s confirment ce point.

« Je ne vais jamais dire de ne pas aller sur les médias sociaux ou de ne pas boire de boissons énergétiques. Donc, je dirais de diminuer. Même une marche de 10 à 15 minutes, c’est très bon pour la santé. »

- Michelle Fortier -

Il faut aussi apprendre à gérer le stress de façon saine, avec des techniques comme la respiration ou le sport, car comme le souligne le professeur Chaput, « l’exercice est un puissant protecteur du cœur. »

Et puis, le fameux « cinq fruits et légumes par jour » pour rester en bonne santé! Bon! Nous ne sommes pas dans un film Disney, alors essayons simplement d’équilibrer notre alimentation du mieux possible, par exemple en ajoutant au moins un fruit ou un légume à chaque repas, même quand le temps nous manque.

Pour revenir à mon ami du début : une fois, après lui avoir dit que je venais de finir une canette de Red Bull édition pêche, il m’a répondu: « Si je pouvais éviter de te perdre avant 40 ans, ça serait bien. » Alors, vous aussi, souvenez-vous qu’il y a des personnes qui veulent vous garder en vie aussi longtemps que possible, avec un cœur en pleine santé. 

La mort, tout comme l’amour, n’a pas d’âge. Alors vivez, et aimez d’un cœur plein de vie!

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