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Arts et culture

Partition scénique poétique du dire de Di

Culture
22 janvier 2018

Arts & culture 

Par: Gabrielle Lemire-Cheffe arts & culture 

Certaines formules, employées à un moment propice, ne peuvent qu’être gagnantes. C’est le cas du trio Ouellette-Beddows-Fontaine qui prendra d’assaut le théâtre français du Centre national des Arts le 31 janvier prochain au Studio Azrieli. À partir du texte de Michel Ouellette Le dire de Di, le metteur en scène Joël Beddows façonne un univers scénique, mais surtout poétique que la comédienne Marie-Ève Fontaine habitera de sa présence. La Rotonde vous présente donc ce bijou du théâtre franco-ontarien en anticipant son arrivée dans la capitale.

Michel Ouellette est un écrivain originaire de Smooth Rock en Ontario. Le dire de Di prend place justement dans le nord de l’Ontario, où Di raconte son histoire parsemée de divers personnages incarnés à travers elle. Même si la scène ne sera occupée que par une comédienne, l’auteur affirme que la pièce n’est pas un monologue, mais bien un dialogue : « Dialogue, ça veut dire parler à travers. C’est une voix qui apparaît, un corps qui est saisi par un personnage. C’est une expérience physique et poétique ». L’exploration de cette forme théâtrale dans Le dire de Di n’a pas été le premier choix de Ouellette. Celui-ci explique que le personnage de Di insistait depuis un certain temps et qu’il fallait le laisser parler.

Rencontre avec Di

Di est une jeune fille qui vit dans un univers à l’abri du monde extérieur. Sans idées préconçues ni influences de la société, celle-ci a un langage différent du nôtre. Elle aborde les sujets tabous d’un angle complètement libre, naturel. « Elle n’a pas été contaminée par le monde extérieur. Elle n’utilise pas du tout les mêmes mots que moi, parce que j’ai vécu en société », avance la comédienne Marie-Ève Fontaine, qui prêtera sa voix à Di. « Toutes ses réflexions, tout ce qu’elle partage est vraiment authentique », explique la comédienne.

Le personnage de 16 ans tente de s’accrocher à un présent, à un statu quo qui n’existe pas pour elle dans l’avenir. Selon l’auteur, l’adolescente incarne la révolte, le refus d’habiter dans un monde évolutif. Malgré le personnage fort, les thèmes qu’elle aborde et sa manière de donner vie aux autres personnages de son histoire font d’elle un rôle qui aurait le potentiel d’être joué par une femme de n’importe quel âge. Pour le metteur en scène Joël Beddows, « elle est parole. Elle est la mise en corps d’une parole. »

La comédienne est en fait la quatrième à prêter sa voix à Di, suite à trois lectures par trois femmes différentes. Elle occupera la scène en solo le 31 janvier, une première pour sa carrière. La fébrilité d’être seule sur scène est accompagnée du stress de cette responsabilité. « Je veux faire honneur au texte et à tous les éléments qui vont s’y ajouter », explique-t-elle.

Une équipe gagnante

Un halo semble entourer le texte de Ouellette par sa résonance chez Beddows et Fontaine. Dès la première lecture, cette dernière était sous le charme. Outre ce besoin d’incarner Di, elle affirme qu’elle a « trippé sur le texte, ça [lui] a tout de suite collé à la peau ». Le metteur en scène abonde en ce sens en indiquant sa réaction initiale face à la pièce : « Il y avait d’abord une réaction viscérale d’identification personnelle. Il y a quelque chose dans ce récit que je reconnaissais », confie-t-il. Cette réalité du nord de l’Ontario n’est pas inconnue pour Beddows. Celui-ci évoque notamment les familles hétéroclites et les maisons caractéristiques de ce coin de pays, qui peuplent l’univers de Di.

Cet univers est avant tout linguistique. Beddows explique que « pour porter ces idées, Ouellette propose un univers où la parole équivaut à la mémoire, un monde où la sonorité des mots est tout aussi importante que leur sens ». L’écrivain s’amuse à explorer les mots et leur signification en toute minutie avec Le dire de Di. Cette minutie caractéristique provoque un grand respect pour l’auteur chez le metteur en scène, qui trouve toujours la réponse à ses questions en décortiquant le texte davantage.

Ce respect est caractéristique de la relation de mentorat avec Beddows, dont Fontaine a pu bénéficier à l’université. Malgré ses connaissances limitées en théâtre, celui-ci avait tout de suite compris le potentiel de l’étudiante. Ce partenariat entre les deux artistes les a menés à monter la pièce La fille d’argile en 2016, elle aussi issue de l’imaginaire de Michel Ouellette.

La pièce Le dire de Di sera présentée au Studio Azrieli le mercredi 31 janvier prochain à 20h00, précédée d’une table ronde réunissant Michel Ouellette et Joël Beddows vers 18h.

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