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Period Project : pour la gratuité de produits périodiques écologiques à l’U d’O

Héloïse Heurdier
4 novembre 2021

Crédit visuel : Nisrine Nail – Directrice artistique

Article rédigé par Héloïse Heurdier – Journaliste

Le sujet des règles et de la précarité menstruelle est encore aujourd’hui tabou pour beaucoup. Cinq étudiantes de l’Université d’Ottawa (U d’O) ont décidé d’y apporter une solution à l’échelle du campus, avec un projet intitulé le « Period Project ».

Selon le Réseau québécois d’action pour la santé des femmes, la précarité menstruelle désigne « la difficulté ou le manque d’accès des personnes réglé.e.s aux protections hygiéniques pour cause de pauvreté ». Au Canada, en 2018, environ un million de personnes ont déclaré avoir déjà rencontré des difficultés d’accès aux protections périodiques, selon Plan International Canada.

Pour Alyssa Peyton, coordinatrice du Centre de ressources des femmes à l’U d’O, la précarité menstruelle chez les étudiant.e.s peut s’exprimer par le fait d’avoir à choisir entre un repas ou des protections hygiéniques, de devoir constamment s’inquiéter du moment où leurs menstruations vont commencer, ou encore de devoir toujours réfléchir aux ressources adaptées les plus proches. Elle souligne que cette situation n’est ni normale ni tenable à long terme.

La précarité menstruelle est présente sur le campus  « Selon l’U d’O, il est impensable que leurs étudiant.e.s, qui payent des milliers de dollars dans leur éducation, puissent avoir des problèmes d’accès à des produits sanitaires et hygiéniques aussi nécessaires… Pourtant, la précarité menstruelle peut toucher tout le monde, notamment les étudiant.e.s », soupire Peyton. De plus, la difficulté d’accès à des produits hygiéniques sur le campus est réelle selon la coordinatrice du Centre de ressources des femmes. « Et hors campus, les produits sont extrêmement chers avec la taxe », admet-elle.

Un sujet encore tabou

Le sujet de la précarité menstruelle et des règles est encore entaché de tabous et de stéréotypes. Selon Matthew E. Bromley, coordinateur du Centre de la Fierté à l’U d’O, l’une des raisons principales est l’absence de ressources sur le sujet, mais surtout le manque d’éducation sur cette problématique. D’après son expérience, le système éducatif considère que dès l’entrée aux études supérieures, tou.te.s les étudiant.e.s sont suffisamment éduqué.e.s sur le sujet et qu’il n’est donc pas du ressort des universités de continuer à éduquer et à faire de la prévention sur ces thématiques.

Pour Bromley et Peyton, ce manque d’initiative dévoile très clairement un grand manque d’intérêt et de prise au sérieux de la part de l’administration de l’U d’O sur le sujet. Selon Peyton, il est encore difficile pour l’U d’O de reconnaître le problème ; il suffit de voir la méfiance de l’administration concernant le Period Project.

Le manque d’initiative de la part de l’Université s’explique par le manque de profit à y gagner. En effet, selon Bromley, l’Université privilégierait des politiques et informations quantitatives plutôt qu’une politique inclusive qui bénéficierait à tous les étudiant.e.s. « Le plus triste, c’est que les chiffres et les preuves de l’efficacité du projet existent. Il suffit de regarder chez nos voisins à Toronto, par exemple », s’exaspère Bromley. « Il y a aussi des discussions à l’échelle du gouvernement, ce qui prouve l’importance de la problématique. À terme, on espère que cela fera pression sur l’Université pour agir », ajoute Peyton.

Une solution étudiante : le Period Project

Présentées sur leur page instagram, Sonika, Kate, Holly, Janessa en études de l’environnement et Hana, étudiante en développement international et mondialisation à l’U d’O ont pensé et créé le Period Project. L’idée est née dans le cadre d’un projet d’innovation sociale avec le Bureau du développement durable de l’U d’O. Le Centre de ressources des femmes et celui de la Fierté ont également travaillé en collaboration avec les étudiantes sur ce projet. Selon les coordinateur.ice.s de ces deux Centres, le but de leur participation était surtout de s’assurer de son inclusivité : par exemple, demander que certains des distributeurs soient dans des toilettes neutres et pour hommes. Malheureusement, l’Université n’était pas prête à discuter de la nécessité d’en mettre dans les toilettes pour hommes, explique Bromley.

Bromley et Peyton expliquent que si un.e élève a besoin de produits hygiéniques (hors des distributeurs du Period Project), il.elle peut venir au Centre de ressources des femmes où des produits hygiéniques (tampons, serviettes sanitaires, diva cup, etc.) sont offerts gratuitement à la population étudiante. De plus, des bouillottes à réchauffer sont en libre-service. « On a des bouillottes et des lieux pour se reposer, de quoi manger et boire, et même un lieu pour étudier dans le calme », explique la coordinatrice du Centre. Peyton précise que le Centre fournit aussi des préservatifs et des tests de grossesse, et bientôt la pilule du lendemain sera disponible gratuitement pour les étudiant.e.s dans le besoin.

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