Montage photo Emilie Azevedo & Andrey Gosse
Par: Maeve Burbridge
Composant maintenant moins de 30 % de la population étudiante à l’Université d’Ottawa, les étudiants francophones encaissent les affronts depuis novembre dernier. Dans la foulée des coupures du gouvernement ontarien, la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO) a réuni mardi des intervenants franco-ontariens dans le cadre d’un panel de discussion sur les enjeux que vit la communauté francophone.
Le panel, dont l’essence était l’unification de la communauté francophone en Ontario réunissait divers représentants de la communauté franco-ontarienne, dont François Hastir, directeur général du Regroupement étudiant franco-ontarien (RÉFO). Hastir se dit ravi que la Fédération ait organisé un tel panel et souligne l’importance du débat public dans toutes les universités pour « encourager à parler des enjeux, que ce soit en français ou en anglais ». Toutefois, Hastir fait part de ses inquiétudes quant à la situation des étudiants francophones « qui ne se retrouvent pas dans les institutions bilingues » comme l’Université d’Ottawa ou l’Université Laurentienne.
Dans le cadre de l’élection qui déterminera quel syndicat représentera les étudiant.e.s de premier cycle, celui-ci affirme que le RÉFO continuera de collaborer avec le syndicat, peu importe le résultat de l’élection. Hastir met toutefois en garde contre l’état lacunaire du bilinguisme au sein même du syndicat étudiant, qui se doit de représenter les deux populations linguistiques de l’Université. Il explique que le référendum donne l’occasion à l’Université de recommencer à zéro en signant une nouvelle entente, et souhaite que l’institution en profite pour y faire respecter des exigences plus poussées en matière de droits linguistiques.
Laisser tomber les francos
C’est précisément pour montrer aux étudiant.e.s francophones son apport en tant que défenseur d’un campus fondamentalement bilingue que la FÉUO s’activait à organiser la Semaine Franco. La semaine, dont la majorité des événements ont été annulés, était décrite par la FÉUO comme « une semaine consacrée à la culture francophone et à une revendication auprès de notre gouvernement pour le maintien de droits francophones ».
En début d’année scolaire, des membres du Conseil administratif (CA) de la FÉUO constataient déjà des lacunes dans la démarche de la Fédération pour le bilinguisme. Lors de la réunion du CA du 16 septembre 2018, les inquiétudes vis-à-vis du manque de services et de communications en français se faisaient déjà nombreuses. Lors de la réunion suivante un mois plus tard, ces problèmes n’avaient pas été abordés. Or, depuis que l’Université a annoncé le référendum du 11 février, la rhétorique de la FÉUO à l’égard du bilinguisme semble avoir subi une transformation.
En pleine campagne électorale, la présidente par intérim de la Fédération Paige Booth affirme que le bilinguisme est une priorité pour le syndicat. Jason Seguya, agent de promotion de la FÉUO explique que « [leur] but est toujours de réaliser des événements bilingues, mais à cause de la logistique des événements, ça s’adonne qu’ils se passent souvent en anglais ».
Bilinguisme du CA
Malgré ces intentions, l’approche de la Fédération quant à l’implémentation de ses politiques de bilinguisme inquiète certains membres du CA. Lors de leur rencontre du 27 janvier, une motion proposée par Kevin Boyer, représentant de la faculté de droit civil, exigeait que tous les candidats aux élections de la FÉUO, au niveau de l’exécutif ainsi que les membres du CA, passent un test de bilinguisme.
Boyer dénonce le fait que le déroulement des rencontres du conseil, supposées être bilingues selon la constitution de la FÉUO, soit impossible puisqu’un grand nombre de représentant.e.s sont unilingues anglophones.
Selon lui, la FÉUO se doit d’avoir un CA bilingue, « pour garantir un minimum de respect et de représentation envers les étudiant.e.s francophones de l’U d’O ».
Cette motion a suscité une fervente opposition de la part de la moitié des membres du CA. Une représentante par procuration, Leila Moumouni-Tchaoussi, a déclaré que l’adoption d’une telle motion « n’est pas juste » et agit comme obstacle au processus démocratique. Certains membres du conseil s’inquiètent d’un manque de représentation anglophone, indiquant qu’il y a plus de francophones que d’anglophones bilingues. De plus, certains membres du CA actuel se verraient empêchés de se présenter aux prochaines élections du syndicat si une politique de bilinguisme était mise en place.
Par opposition, l’autre moitié du Conseil a défendu avec ardeur la motion proposée, reconnaissant l’importance de la représentation francophone au sein d’un syndicat bilingue.
La complexité de la question et les positions polarisées poussent le CA à rapporter la décision finale à plus tard, soit à la prochaine rencontre du Conseil. L’administration de l’Université présentait également un plan d’action sur la francophonie jeudi dernier. Plus de détails sont à venir sur ce dernier.