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Arts et culture

Les Précieuxes ridicules : une analyse comédique du phénomène des « influenceurs.euses »

Rédaction
13 juillet 2021

Crédit visuel : Sylvain Sabatié – Courtoisie

Article rédigé par Nisrine Nail – Journaliste

Le Fâcheux Théâtre, une compagnie théâtrale francophone à but non lucratif, présentera du 14 juillet au 24 juillet son prochain volet de Molière dans le Parc, Les Précieuxes ridicules. Cet événement aura lieu au Parc Fontaine dans le Vieux-Hull. 

Cette pièce théâtrale est adaptée par Sylvain Sabatié, fondateur et directeur artistique du Fâcheux Théâtre. Ce dernier souligne que l’objectif derrière l’adaptation des Précieuses ridicules de Molière est de rendre cette pièce « pertinente » pour notre époque. 

Préciosité au 21e siècle ?

Dans la pièce originale de Molière, l’auteur critiquait les femmes qui suivaient le mouvement de la préciosité. Le directeur artistique reconnaît qu’actuellement, il n’existe pas de mouvement équivalent à la préciosité, mais avec le metteur en scène André Perrier il a voulu garder le concept de « suiveur.ses de mode ». 

Le fondateur du Fâcheux Théâtre observe que les concepts de tendance et de popularité s’appliquent à l’usage des réseaux sociaux. Il suggère qu’on peut y retrouver le côté superficiel et narcissique des précieuses que Molière moquait.

Dans son adaptation, Sabatié décrit un univers dystopique où il existe deux classes sociales : les Précieuxes et les Quelconques. Les deux groupes sont notés selon le crédit social. Plus de points sont accumulés, plus leur statut social s’élève. Les Quelconques peuvent atteindre le titre de Précieuxe en épousant un.e Précieuxe. 

Obsession, validation et réseaux sociaux 

Andrée Rainville, comédienne et artiste de cirque, joue le rôle d’un.e Quelconque dans la production théâtrale. Rainville exprime que la pièce montre à quel point les gens ne réalisent pas leur constant besoin d’attention et de validation. Cette obsession de l’image que les personnes projettent affecte leur estime de soi, constate la comédienne.

« C’est une pièce moralisatrice, car Molière est lui-même un écrivain moralisateur », explique Rainville. Comme l’originale, l’adaptation reste une critique sociale, un miroir de la société d’aujourd’hui, poursuit-elle. La comédienne informe que la pièce ne vise pas la jeunesse, car toutes les tranches d’âge peuvent s’attacher à ce phénomène. Elle ajoute que, similairement à Molière, le spectacle invite les spectateur.rice.s à rire de leurs propres comportements sur Internet. 

Parlant de comédie, le directeur artistique révèle que ce fut la partie la plus difficile de rédiger l’adaptation. « Notre rapport aux réseaux sociaux change énormément selon notre âge », signale Sabatié. La question se pose : comment est-ce que le public dans toute sa diversité, d’enfant à grand-parent, peut comprendre le spectacle et rire de l’enjeu ? Selon Sabatié, la solution serait de ne pas rentrer dans la spécificité. « Il n’y a aucune mention d’Internet, d’applications ou de réseaux sociaux. On parle de toile, de suiveur.euse.s, de tendance », énonce-t-il. 

D’après Sabatié, la comédie sert à aborder un enjeu social et en rire, tout en éveillant une réflexion. Il ajoute que la comédie ne sert pas à juger, à se moquer ou à dicter quoi penser, mais à faire réfléchir. 

Un show inclusif 

Sabatié mentionne avoir essayé de rédiger la pièce avec un langage inclusif. « Malheureusement, j’ai réalisé que les spectateur.rice.s ne comprendront pas et auront de la difficulté à suivre s’ils.elles ne sont pas familier à la communication inclusive », reconnaît le directeur artistique.

Tout de même, il commente avoir utilisé le mot inclusif « Précieuxes », car selon lui l’adaptation critique de la superficialité n’est pas juste féminine, elle s’exprime auprès de tous les genres. Il a aussi décidé qu’un des personnages (Magdelon) parlera de façon inclusive et ne se définit ni comme homme ni comme femme. Sabatié insiste que la pièce ne discute pas de transidentité ou de genres, mais que c’est une manière de soutenir ces personnes et de normaliser ce phénomène. 

Rainville ajoute que les déguisements ne sont pas assignés pour déterminer le genre. « Ça normalise le fait que n’importe qui peut se vêtir n’importe comment. Il n’y pas de barrière de sexe ou de genre », juge la comédienne.

Jouer en plein air 

Présenter une pièce de théâtre à l’extérieur révèle être tout un défi, un défi que Rainville a hâte de surmonter. La comédienne confie qu’il y a plusieurs imprévus et qu’il n’est pas toujours possible de contrôler l’environnement. Il faut être à l’affût tout en demeurant dans la peau du personnage. C’est pourquoi selon elle, c’est ce qui est amusant. « On retourne à la source, Molière faisait la même chose [du théâtre en plein air] ! Le Fâcheux Théâtre nous permet de suivre cette tradition », se réjouit Rainville. 

La volonté du volet Molière dans le Parc est de « démocratiser l’accès au théâtre », explique Sabatié. Tout le monde peut y assister, peu importe leur niveau de connaissances théâtrales, peu importe leur statut financier. En d’autres termes, la démocratisation de l’accès au théâtre facilite la découverte de ce sixième art et ce serait une des raisons pour lesquelles ce volet a du succès, ajoute le directeur artistique. 

Les spectateur.rice.s seront distancié.e.s en s’installant au sein d’un des 20 cercles placés sur le sol. Environ cinq personnes peuvent s’établir dans un cercle. Les réservations se font sur Eventbrite

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