Projet de réfection du boulevard Sussex : Maisons à caractère patrimonial menacées
La ville d’Ottawa et la CCN envisagent de démolir deux immeubles résidentiels afin d’élargir le boulevard Sussex
– Par Émilie Deschamps –
C’est ce qui se dégage de l’option privilégie pour le projet de Réfection de la promenade Sussex. C’est la Commission de la capitale nationale (CCN) qui est actuellement propriétaire des deux immeubles.
Une valeur historique indéniable
Les deux bâtisses sont situées dans le District de conservation du patrimoine de la Basse-Ville Ouest. Ce secteur était traditionnellement un quartier francophone.
« La CCN entreprend ce qui, je crois, sera le début de la fin pour ce secteur de la Basse-Ville », affirme Marc Aubin, président de l’Association communautaire de la Basse-Ville.
La CCN considère en effet que les quelques résidences à caractère patrimonial demeurant encore sur la promenade Sussex « ne sont pas en harmonie avec le cachet» de celle-ci.
Pourtant, pour l’historien Jacques Faucher, qui a grandi dans une de ces maisons : « Le boulevard de la Confédération est devenue une route cérémoniale. Mais même si on laisse trois maisons patrimoniales, il n’y a pas de honte à ça. Tout le reste [du patrimoine] a disparu ».
C’est dans une de ces maisons qu’a logé l’ancienne gouverneure générale, Adrienne Clarkson, lorsque sa famille s’est réfugiée au Canada. «On devrait mettre une plaque à la porte de cette maison plutôt que d’y passer le bulldozer», a renchéri M. Faucher. Pour celui-ci, ces maisons sont « le miroir de l’histoire ancienne du quartier ».
Ils sont également désignés par la Ville d’Ottawa comme des immeubles de « catégorie 3 ». Cela signifie qu’ils contribuent à la valeur patrimoniale du district, mais qu’« en dehors de ce district, ces immeubles auraient moins d’importance et pourraient bien ne pas mériter leur désignation actuelle ».
Trop cher de délocaliser
L’option de déplacer les immeubles pour éviter la démolition a été envisagée, mais « la CCN a évalué ces solutions et conclu qu’elles n’étaient pas économiquement viables », d’après la ville d’Ottawa.
Selon la CCN, les coûts de délocalisation seraient de 1 200 000$ alors que les coûts de démolition sont de 150 000$. Elle évalue également que le revenu net potentiel de location des deux édifices et de 215 000$ pour les 10 prochaines années. L’argument économique était également celui qui avait primé dans les années 1960 et 1970 dans la Basse-Ville Est. À l’époque, la quasi intégralité du quartier, lui aussi très majoritairement francophone, avait été détruit.
Éviter les embouteillages
« Afin [entre autres] de préserver ses deux immeubles résidentiels, la CCN a recommandé à la Ville d’étudier des scénarios de réduction des voies que la Ville a rejetés à la suite d’une analyse de la circulation ».
Selon la ville d’Ottawa, un scénario à trois voies plutôt que quatre causerait des embouteillages pendant les périodes de pointe qui « pourraient causer une augmentation des émissions de CO2 et avoir une incidence sur la qualité de vie de la collectivité ».
Autres contraintes
Une autre contrainte du projet est d’avoir des voies cyclables assez larges pour assurer la sécurité des cyclistes. Les dimensions esthétiques et économiques ont également été prises en compte.
Le comité de l’urbanisme de la Ville d’Ottawa se réunira prochainement pour étudier la possibilité de donner un permis de démolition pour les résidences en question. Le début des travaux pour ce projet est prévu pour l’automne 2013.