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Rébellions au sein du caucus libéral : des député.e.s libéraux réclament la démission de Trudeau

Phenix Brisebois-Chalut
12 novembre 2024

Crédit visuel : Hidaya Tchassanti — Directrice artistique

Article rédigé par Phenix Brisebois-Chalut — Journaliste bénévole

Le 23 octobre, pendant le caucus du Parti libéral du Canada, une lettre anonyme demandant la démission du Premier ministre Justin Trudeau avant le 28 octobre lui a été remise par 24 député.e.s libéraux.ales. Entre 20 et 30 député.e.s se seraient également présentés devant lui pour exiger sa démission. Depuis cette lettre, Justin Trudeau a refusé de démissionner de son poste de chef du Parti libéral.

Une baisse de popularité

Le lendemain du caucus libéral, le 24 octobre, Justin Trudeau a annoncé qu’il prévoyait rester chef du Parti libéral. Dans une interview avec La Rotonde, Charles-Étienne Beaudry, professeur à l’Université d’Ottawa en sciences politiques, estime que la perte de confiance envers le leader du Parti libéral est principalement due à l’avance considérable du Parti conservateur dans les sondages. Beaudry explique que plusieurs député.e.s craignent ne pas être réélu.e.s en raison de la perte de popularité de Trudeau. En effet, selon un sondage de CBC News, les conservateurs auraient actuellement 18 points d’avance sur le Parti libéral.

Beaudry déclare que la récente perte de popularité de Trudeau est due à deux facteurs. Premièrement, le Premier ministre aurait passé trop de temps au pouvoir, ce qui fait que les citoyen.ne.s sont fatigué.e.s de lui et veulent du changement. « Après un certain nombre d’années, il y a usure du pouvoir, les gens ont besoin de renouveau », affirme-t-il. Robert Falcon-Ouellette, ancien député libéral ayant représenté Winnipeg Centre de 2015 à 2019, pense également que la longue durée du mandat de Trudeau est un facteur de sa perte de popularité. « En politique, il est difficile pour les politicien.ne.s de durer », résume Falcon-Ouellette.

L’ancien député mentionne le traumatisme de la pandémie comme un autre élément majeur. Beaudry constate également que la pandémie, mais aussi des problèmes économiques et la crise du logement, ont créé un mécontentement au sein de la population. Cela les a amenés à placer la faute sur le gouvernement actuel, favorisant ainsi la hausse de popularité du Parti conservateur de Pierre Poilievre.

Beaudry affirme que certain.e.s membres du Parti libéral ont protesté contre Trudeau parce qu’ils.elles n’avaient aucun moyen de le retirer en tant que chef du parti. Le Premier ministre doit en effet se retirer lui-même pour qu’un nouveau chef puisse entrer en fonction. Beaudry développe : « Le Parti libéral d’aujourd’hui est devenu le Parti libéral de Justin Trudeau, il le contrôle complètement depuis 9 ans… Le parti avait un mécanisme de revue du leadership, mais il a été supprimé. » Ce mécanisme de revue du leadership fait cruellement défaut au Parti libéral.

Des options limitées pour Trudeau

Beaudry constate que, pour l’instant, les options de Justin Trudeau sont peu nombreuses. Selon lui, dans le cas où le Nouveau Parti démocratique (NPD) et le Bloc Québécois voudraient s’allier aux conservateurs pour renverser le gouvernement minoritaire libéral, les libéraux tomberaient. Ainsi, selon lui, pour sauver son gouvernement, Justin Trudeau « doit parler avec Jagmeet Singh ».

Falcon-Ouellette déclare qu’il est peu probable que le NPD veuille déclencher des élections. Il affirme qu’à moins que les Nouveaux démocrates ne dépassent les libéraux dans les sondages, ce qui n’est pas le cas actuellement, le NPD cherchera à rester proche des libéraux. Si le rapport de force s’inverse, c’est-à-dire si le NPD devient le deuxième parti au pays, le professeur croit fermement que le NPD déclencherait des élections, pour pouvoir ensuite « attaquer les libéraux et devenir l’alternative face aux conservateurs ».

Mais qui pourrait remplacer Justin Trudeau ? Beaudry nomme plusieurs favoris : Mélanie Joly, Chrystia Freeland, Bill Blair, Mark Holland, Ahmed Hussein. Il précise néanmoins qu’il aimerait voir une femme à la tête du Parti libéral, notamment pour contraster avec Pierre Poilievre, qu’il juge « agressif et arrogant ».

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