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Arts et culture

Un regard en profondeur sur l’artiste à l’oreille manquante

Rédaction
17 juillet 2021

Crédit visuel : Beyond Van Gogh – Courtoisie

Article rédigé par Emmanuelle Gingras – Journaliste

Le 9 juillet dernier, les organisateur.rice.s de l’expérience immersive ottavienne Beyond Van Gogh annonçaient que les représentations seraient devancées de deux semaines. C’est à partir du 23 juillet que commencera désormais l’exposition bilingue qui se veut un regard « au-delà du cadre » de la vie du peintre torturé, au Pavillon Aberdeen. 

« Nous avons devancé la date parce que nous avons reçu une grande demande en termes de billets », annonce le directeur général Mark Monahan. L’équipe de l’exposition anticipe recevoir entre 75 000 et 100 000 visiteur.e.s.

C’est la première fois que la capitale nationale accueillera le public d’Ottawa pour cette expérience immersive, reconnue au niveau international depuis son apparition en Europe au début des années 2000. 

Sous 40 projecteurs, le pavillon Aberdeen prendra la forme d’une boîte noire de théâtre, soulève Mark Monahan. Les murs, le plancher et le plafond seront recouverts des coups de pinceaux de l’avant-gardiste Van Gogh.

Au-delà du cadre

Le directeur général décrit l’approche visuelle de l’exposition comme étant « une expérience visuellement et sensoriellement engageante ». Il poursuit en avançant que la dimension visuelle de l’exposition représente un atout qui risque d’attirer une clientèle variée ; « Je crois que l’approche digitale et le concept d’image à grande échelle vont attirer un public différent et plus large que celui qui se rend typiquement, disons, dans des galeries nationales », souligne-t-il.

Il ne s’agit pas de la première fois que le Canada accueille une telle expérience. Fadhili Samba, future participante à l’exposition, affirme avoir déjà vu de petits clips que ses ami.e.s auraient publié lors d’un événement similaire à Vancouver. « [Ça a été] suffisant pour piquer ma curiosité ! » s’exclame-t-elle. En grandissant, la jeune femme de 25 ans a « lentement pris l’habitude d’aller au musée et faire des activités en [devenant] adulte, mais […] la pandémie a frappé. » 

En réalité, un événement similaire, sous le nom de Imagine Van Gogh, se conclut présentement à l’Arsenal d’art contemporain de Montréal. Pour Mathieu St-Amant, directeur de création exécutif de Beyond Van Gogh et membre fondateur du studio associé Normal, celui d’Ottawa est complémentaire à celui de la ville voisine, mais l’approche sera différente. 

Contrairement à Montréal, Beyond Van Gogh sera plus historique et instructif, tout en allant «  au-delà du mythe de l’artiste torturé », souligne St-Amant. Pour le directeur de création, il s’agit d’un aspect trop souvent mis de l’avant; « Il s’est enlevé la vie […]. [Ce] n’était pas facile pour lui. Je trouve qu’on se concentre beaucoup là-dessus, mais pas autant sur tout ce qu’il nous a légué de beau. De bien. Son vrai message [artistique] ». L’équipe artistique a tenté de « rentrer dans son monde à lui [Van Gogh], sa vision du monde, peut-être  [permettre de] voir des choses qu’il n’a pas peintes, imaginer ce que ça aurait donné s’il les avait peintes », a-t-il affirmé. En d’autres de ses mots, « aller au-delà du cadre » de l’artiste, tel que nous le connaissons.

En dehors du temps

Pour St-Amant, la genèse de Beyond Van Gogh se résume à prendre le temps de s’arrêter et de visionner ; « On voit des milliers d’images par jour, mais on ne [prend pas vraiment le temps de les regarder en détail] », signale St-Amant. Dans la même lignée, il renchérit en affirmant qu’« on voit partout des images de ses œuvres [Van Gogh], mais quand est-ce qu’on prend vraiment le temps de les regarder ? ».

L’environnement méditatif représente, d’après St-Amant, un moment pour tous et toutes, dans leur journée, pour absorber et ressentir les émotions de ses œuvres sur environ une heure et demie. Le tout, accompagné de l’univers musical aux tons transcendantaux de Sébastien Côté.

Le résultat final est saisissant, s’exclame St-Amant. « La trame sonore, en fait, c’est vraiment une décomposition d’aujourd’hui, de maintenant, créée par des hommes, et femmes, de tous les genres, d’un peu partout, ça crée une belle toile de fond qui devient intemporelle », dévoile le directeur de création.

Samba n’est pas certaine si elle aime Van Gogh, mais elle se considère assez cultivée pour connaître son importance et pour souhaiter visiter l’univers de celui que plusieurs considèrent comme l’un des plus grands artistes européen.ne.s.

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