Inscrire un terme

Retour
Actualités

Rencontre avec un dealer

Actualités
12 novembre 2012

illustration Maxime Charlebois

– Par Vincent Rioux –

Au plus bas de l’organigramme du trafic de stupéfiants, le simple revendeur de drogues existe dans pratiquement tous les quartiers des grandes villes occidentales. Ottawa n’y fait pas exception et La Rotonde a rencontré un dealer de la région.

Mathieu* est un revendeur de drogue typique. Grand consommateur de marijuana, il a commencé à revendre de la drogue alors qu’il était encore sur les bancs de l’école secondaire. Originaire de Toronto, il est maintenant installé à Hull, où il a établi son petit business. Étudiant au Collège Algonquin en plus d’avoir un emploi à temps partiel, la revente de drogue illicite permet à Mathieu de boucler les fins de mois avec un petit extra.

« Je vend toutes sortes de drogues mais je vend surtout du pot », admet-il d’emblé. « Je m’approvisionne en pot chez quelqu’un que j’estime être une source sûre et fiable. Cette personne achète directement du cultivateur. [Ce dernier] fait pousser ses plants au Québec dans une maison grâce à un système hydroponique », explique le revendeur.

Mathieu constitue la dernière courroie de transmission avant que la drogue ne parvienne au consommateur. « Je ne produis aucune drogue moi-même. J’achète la drogue à mon fournisseur et je la revends sur le marché noir en me gardant une cote. Mon boulot est de trouver les consommateurs et d’assurer le transport de la drogue jusqu’à eux. Il arrive que je transporte plusieurs livres de drogue à la fois. C’est probablement le plus gros risque que je prends », révèle le dealer.

Mathieu garde seulement de la marijuana en stock chez lui. Pour toutes les autres drogues, il passe d’abord une commande à son fournisseur. Il a beaucoup de clients, donc il doit toujours s’assurer de garder une bonne quantité de marijuana chez lui.

Les clients

Étant principalement un revendeur de marijuana, Mathieu estime qu’il y a encore beaucoup de préjugés quant aux types de consommateurs de cannabis. Jeunes, vieux, riches ou pauvres, selon le revendeur de Hull, la consommation de marijuana est très répandue à travers les classes et des âges: « J’ai des clients qui achète du weed pour leurs grands-parents. Des gens de tous les âges et de toutes les sphères de la société consomment de la marijuana », insiste Mathieu.

« Ce n’est pas tout le monde qui la consomme de la même manière. Certains vont tartiner leur toast le matin avec un peu de beure à l’huile de marijuana. D’autres vont se préparer des biscuits pour emporter au bureau et vont les grignoter sur l’heure du lunch pour avoir un après-midi plus détendu », raconte Mathieu. « C’est beaucoup plus discret et c’est bien meilleur pour la santé que d’inhaler de la fumée », poursuit-il.

La clientèle de Mathieu varie beaucoup. Il remarque que, en général, les consommateurs de marijuana semblent prioriser l’accessibilité: « Il y a beaucoup de revendeurs, il y en a dans presque chaque quartier de la ville. Les gens ont leur “dealer de quartier” ».

Par ailleurs, la clientèle de Mathieu peut fluctuer. Certains achètent plus régulièrement et d’autres reviennent tous les mois. D’autres encore l’appellent une fois par année pour une occasion spéciale. Comme n’importe quel autre commerce, le revendeur remarque des fluctuations dans les ventes en fonction des périodes. Ainsi, il enregistre une hausse significative des ventes lors des congés fériés comme durant les périodes estivales, en décembre ou durant la semaine de relâche au printemps.

L’effet de la rareté s’est fait sentir à Ottawa cet été. Mathieu explique que la canicule qui a frappé le Canada l’été dernier a grandement influencé le commerce de la marijuana. Les cultivateurs qui font pousser la plante à l’extérieur ont perdu beaucoup de plants en raison de la longue période de chaleur inhabituelle et du temps sec. Selon lui, cela a contribué à significativement augmenter le prix de la plante.

Des contraintes morales?

Mathieu vend beaucoup de drogues illicites. La Rotonde lui a demandé si ce sont des contraintes morales qui l’empêchent en revanche de vendre des drogues dures comme l’héroïne, les sels de bain ou du crack.

« Je vend de la coke, des pilules, des champignons magiques, du hash et de la mari, bien sûr », indique Mathieu. Toutefois, il affirme: « Je n’irais jamais jusqu’à vendre [un autre type plus dur de drogues illicites]. J’ai déjà vu des gens consommer des sels de bain et j’ai vu les effets dévastateurs que peut amener cette drogue chez celui qui la consomme ».

*nom fictif

Inscrivez-vous à La Rotonde gratuitement !

S'inscrire