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Retour sur l’Assemblée générale historique du SÉUO

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15 novembre 2020

Crédit visuel : Nisrine Nail – Directrice artistique

Par Aïcha Ducharme – Leblanc – Journaliste

L’Assemblée générale (AG) du Syndicat étudiant de l’Université d’Ottawa (SÉUO) a été la plus longue jamais enregistrée dans son histoire. Jeudi dernier, pendant sept heures des discussions animées sur une multitude de sujets se sont succédées sous les yeux, par le biais de Zoom, de plus de 300 étudiant.e.s. Parmi eux, des amendements à la Constitution du Syndicat, un cours obligatoire sur l’antiracisme, l’interdiction du tabac sur le campus, et la relation avec l’ancienne Fédération Étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO) ont été évoqués.

L’événement présidé par Kim Paradis, présidente du conseil d’administration du SÉUO, a débuté avec la reconnaissance du territoire, l’approbation du procès-verbal et de l’ordre du jour. Puis, Babacar Faye, président du SÉUO, Tim Gulliver, commissaire à la revendication, Amina el Himri, commissaire aux services étudiant.e.s, et Marissa St-Amand, commissaire aux affaires francophones, ont pris la parole à tour de rôle, afin d’indiquer leurs priorités, et de faire le bilan des réalisations de leurs mandats respectifs.

Amendements

Un des premiers points à l’ordre du jour a été le vote de ratification des amendements apportés à l’annexe B de la Constitution du Syndicat au cours de l’année 2020. Un de ces amendements visait notamment le droit au conseil d’administration de nommer un.e directeur.rice autochtone en l’absence de recommandation formelle de l’Association des étudiant.e.s autochtones. Le vote a été unanime, et les amendements ont été ratifiés. 

Avant le début de l’AG, une étudiante francophone a demandé pourquoi certains amendements n’étaient pas disponibles en français. Gulliver a alors concédé que seulement deux amendements avaient été traduits en français sur le moment, et que les 20 restants seraient traduits le lendemain. Selon lui, tout traduire à temps avant l’événement représentait trop de travail, surtout que le Syndicat ne possède qu’une seule traductrice.

Cours antiraciste

Le Syndicat a ensuite présenté et discuté des différentes motions déposées par les membres de la communauté étudiante de l’Université. La première, introduite par Nicolas Morin, étudiant à l’Université d’Ottawa (U d’O), a proposé un référendum auprès de l’ensemble de la population étudiante concernant un cours antiraciste obligatoire. Celui-ci aurait été composé de deux questions, soient « êtes-vous en faveur d’un cours obligatoire de quatre mois sur l’antiracisme pour tout.e.s les étudiant.e.s de premier cycle », et «  seriez-vous en faveur d’un cours obligatoire sur l’antiracisme sous une forme différente (présentations en classe, séminaires, ou événements de la Semaine 101) ».

De nombreuses personnes se sont opposées à cette motion lors de la période de questions et de débat, et ce pour plusieurs raisons. Certain.e.s, dont Victory Kaly, étudiante à l’U d’O ont estimé qu’il n’était pas approprié qu’un homme blanc, comme Morin, propose cette motion, surtout sans avoir consulté la communauté racisée. D’autres, comme Jason Seguya, commissaire à l’équité du SÉUO, se sont inquiété.e.s de l’impact désastreux sur la communauté racisée du campus, entraînant une réponse négative aux deux questions proposées.

Dawoud Najmudin, étudiant, a jugé cette notion prématurée étant donné qu’il ne s’agissait que d’une idée de cours, et pas d’un plan concret. Selon lui, un vote « non » au référendum empêcherait la concrétisation de cette idée, et « ferait taire la voix des étudiant.e.s BIPOC [personnes noir.e.s, autochtones et de couleur] ». Morin a finalement opté pour l’annulation de sa motion, entraînant une absence de référendum organisé par le SÉUO. 

Fumer à l’Université

La dernière motion débattue a été celle de Taylor Léveillé, également étudiante à l’U d’O, exhortant que le Syndicat étudiant mette en œuvre une politique d’interdiction de fumer en tous lieux sur le campus. Elle a souligné le droit des élèves à un environnement où l’air est pur, tout en insistant sur les risques associés à la fumée secondaire, et les conséquences environnementales du tabagisme. 

Au début des questions et de la discussion, il a été question d’inclure un amendement amical à la motion pour ajouter le cannabis à l’interdiction. Néanmoins, la discussion s’est vite polarisée. Quelques étudiant.e.s ont cité la protection des uottavien.ne.s souffrant de maladies respiratoires, ou la forte odeur des deux substances mentionnées, en soutien pour cette motion. Mais pour d’autres, elle a été perçue comme un moyen potentiel d’opprimer des personnes déjà marginalisées, sur un campus décrit comme raciste

En effet, Seguya a avoué être préoccupé par l’application de cette politique. « À uOttawa, il y a un grand problème avec le racisme anti-noir, et avec les services de protection […]. Je m’inquiète que la mise en oeuvre [de cette interdiction], spécifiquement appliquée par les services de protection, ne va que continuer à criminaliser les étudiant.e.s racisé.e.s sur le campus », a-t-il déclaré. Finalement, après un vote serré, le non l’a emporté, et la motion a été écartée. 

Distinction avec la FÉUO

Avant l’ajournement, Tian Kun Chen, représentant étudiant de Telfer, a abordé le sujet des relations entre la SÉUO et la FÉUO qui a fait l’objet d’accusations de fraude en 2018. Chen a signalé qu’il y a toujours « beaucoup d’ambiguïté, et de débat là-dessus, ce qui fait en sorte que beaucoup de monde mal interprète souvent le SÉUO comme une continuation de la FÉUO ».

Évoquant le futur du Syndicat, Chen a prononcé une déclaration formelle réitérant la rupture de tous les liens avec l’ancienne fédération étudiante. Il a aussi réaffirmé l’engagement du SÉUO en faveur d’une transparence totale vis-à-vis de la population étudiante uottavienne. 

Quatre autres motions proposées par des membres ont été adoptées avec une nette majorité. Celles-ci concernent les droits accessoires et les droits de scolarité pendant la COVID-19, la reconnaissance du gouvernement étudiant des étudiant.e.s autochtones en droit, ainsi que la solidarité avec les musulmans Ouïghours.

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