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Arts et culture

En quête d’amour ; un roman pour apprendre à (s’)aimer

Culture
12 février 2021

Crédit visuel : Rachelle Bergeron – Contribution

Entrevue réalisée par Thelma Grundisch – Journaliste

Diplômée de l’Université d’Ottawa en lettres françaises et en éducation, Michèle Vinet est aussi une romancière passionnée. Dans sa dernière œuvre Le Malaimant, parue le 3 février dernier, elle explore le thème de la recherche de soi à travers le personnage d’Aurel, un jeune homme en quête d’amour. 

La Rotonde (LR) : Quelles ont été vos sources d’inspiration majeures pour ce roman ?

Michèle Vinet (MV) : L’idée du beau Aurel s’est manifestée dans ma voiture lors d’un tournage dans l’Est ontarien ; j’ai brusquement senti comme l’appel d’un jeune homme qui avait envie de s’exprimer. Je suis donc allée directement au Dollarama le plus proche et j’ai acheté une pile de petits cahiers. Je suis allée prendre un verre de vin sur une terrasse, et c’est là que j’ai écrit la première phrase du livre.

Mes personnages viennent me chercher, je ne les invente pas. J’ai confiance qu’il y a en eux une histoire, et qu’on m’attend pour la raconter. Je suis plus intuitive qu’architecte […], j’ai besoin de découvrir l’histoire, parce que si je la connais d’avance, je ne saurais pas comment la raconter.

Je dirais simplement que je suis à l’écoute de mes personnages, et que je leur permets de se raconter en faisant tout mon possible pour me retirer de la situation […]. Je ne cherche pas à utiliser l’écriture pour régler mes comptes avec la vie. Pour moi, ce n’est pas ça l’objectif de la littérature, mais c’est plutôt de permettre à la vie de se raconter d’une autre façon pour nous éclairer sur notre chemin.

LR : Un thème principal que vous abordez est le syndrome de la page blanche. Est-ce quelque chose que vous connaissez bien ?

MV : Non, après tout, ce n’est qu’une pauvre petite page innocente, toute blanche ; elle ne peut pas me faire du mal […]. Je laisse l’histoire se raconter et c’est seulement après que le travail ardu de correction, de réécriture et de structure arrive. Quand j’ai fini un travail, je ne sais pas ce qui va arriver le lendemain.

Mais Aurel, lui, en souffre pour le moment. C’est parce qu’il ne s’est pas encore compris, il ne sait pas qui il est ni ce qu’est l’amour pour lui. C’est seulement quand il aura compris qu’il va se débloquer. Il en apprendra un peu plus sur lui-même jusqu’à ce qu’il se rende compte qu’il est libre d’être et de dire ce qu’il veut à sa façon. C’est peut-être ça le problème de la page blanche finalement, c’est de laisser aller et de laisser venir.

LR : Vous avez un style d’écriture très poétique, pourquoi avoir décidé d’écrire un conte ?

MV : J’ai besoin de faire mon petit tour de piste autour de cette grande dame qui se nomme la beauté. J’ai besoin de lui rendre hommage, et de lui dire : « je sais que tu es là, et je vais tenter de t’inviter dans mon travail pour te partager avec mes lecteur.rice.s ». J’ai donc recours à l’image, à la poésie, au rythme […], et à la douceur. En ces temps d’isolement et de mauvaises nouvelles partout, je crois qu’on a besoin de cette lumière que Le Malaimant veut apporter.

LR : Le traumatisme des personnages contraste vraiment avec l’aspect presque féérique du roman. Que souhaitez-vous véhiculer à travers cela ? 

MV : Je crois qu’en tant qu’être humain, nous avons tou.te.s à subir des épreuves de toutes sortes. Pourtant, il est nécessaire de se relever, d’aller au-devant, et d’anéantir tout le mal qui est autour de soi ; celui qu’on a fait aux autres, tout comme celui qui nous a été fait. Il faut débroussailler ce mal pour trouver la lumière. C’est comme ça qu’Aurel se révèle et qu’il finit par comprendre la direction qu’il doit prendre. C’est ça, être humain. 

Dans ce roman, j’ai simplement voulu dire qu’elle est belle, la vie. Elle n’est pas facile, mais elle vaut la peine d’être vécue. Parfois, il y a des peines et des rencontres qui nous touchent et nous emmènent quelque part. S’il y a bien une morale, c’est qu’il faut se permettre d’être des humains qui aiment, qui souffrent, et sont parfois, eux aussi, des malaimants.

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