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Solidarité avec la Palestine : les Canadien.ne.s manifestent contre Indigo

5 octobre 2024

Crédit visuel : Sophie Désy – Photographe

Article rédigé par Mireille Bukasa – Cheffe du pupitre Actualités

Plusieurs manifestations ont eu lieu dans 50 librairies Indigo le 25 septembre dernier. Ces protestations, lancées en réponse à un message d’appel au boycottage par le site « Boycott Indigo Books », visaient à dénoncer l’implication de la directrice générale de la compagnie dans l’oppression des Palestinien.ne.s et le génocide à Gaza.  

Des milliers d’auteur.ice.s, de résident.e.s, de militant.e.s et de défenseur.se.s des droits de la personne se sont rassemblé.e.s dans les établissements d’Indigo Books & Music répartis au pays. Reyes Hamen, un des animateurs de la campagne, qui manifeste au sein des magasins de Toronto Est et Nord, explique que « ce mouvement est communautaire, c’est-à-dire qu’il n’y a aucune organisation particulière qui nous dirige. Nous sommes des citoyen.ne.s ordinaires à travers le pays, représentant les sociétés civiles diverses, y compris des regroupements juifs qui refusent que notre argent subventionne le génocide à Gaza ».

Hamen, dans un échange avec La Rotonde, précise que ce mouvement social n’en est pas à sa première action. Il explique que la particularité de la campagne populaire « Indigo Kills Kids » est qu’elle met en lumière les relations entre la société Indigo et les actions de l’armée israélienne.

Selon Hamed, la majorité de la population canadienne n’est pas au courant des actions que mènent la directrice générale d’Indigo, Heather Reisman, et son mari, Gerald Schwartz, par le biais de leur Fondation HESEG. Leur stratégie est d’attirer l’attention de chaque client.e d’Indigo sur la destination de l’argent dépensé chez Chapters / Indigo. Il affirme en effet que « cet argent sert à tuer les enfants à Gaza ».

Accusations rejetées

« Maintenant que la réalité est dévoilée, Indigo n’a aucun autre choix que de nier les faits. Mais les faits ne peuvent pas demeurer cachés », explique Hamed face au refus d’Indigo de répondre aux accusations des manifestant.e.s.

Le site internet « Boycott Indigo Books » succède à l’adresse « Indigo Kills Kids », qui a été bloquée la veille des récentes manifestations par la Cour fédérale à la suite d’une plainte d’Indigo. La compagnie jugeait que le site portait atteinte à sa marque de commerce et à ses droits d’auteur.

« Si une société de plusieurs millions de dollars comme Indigo peut discrètement demander une audience d’injonction d’urgence avec un préavis de quelques jours seulement pour forcer les entreprises de télécommunications à bloquer l’accès à un site Web publiant des informations de base qu’elles n’aiment pas sur leur entreprise, quelle est la prochaine étape ? » : c’est ce que demande Rachel Small, chargée des organisations pour l’organisation à but non lucratif « World Beyond War » au Canada.

Impact sur les employé.e.s

Si Ottawa ne figurait pas sur la liste des villes ciblées par les manifestant.e.s du 25 septembre, quatre magasins à Vancouver, Coquitlam, Montréal et Lasalle ont dû fermer leurs portes au public en réponse aux manifestations. 

D’après le site de « World Beyond War », ceux et celles qui ont témoigné des manifestations affirment avoir entendu des chansons folkloriques juives, des discours d’auteur.ice.s, des prières en l’honneur des enfants tués à Gaza et des performances de poètes et de musicien.ne.s. Les manifestant.e.s distribuaient  des signets et organisaient des lectures dans les magasins.

Un.e employé.e qui a souhaité rester anonyme confie : « Je comprends parfaitement la raison de ces manifestations et je pense qu’elles devraient se poursuivre, car des innocent.e.s sont tué.e.s chaque jour. Cependant, les manifestant.e.s ne devraient pas dégrader les magasins et leurs propriétés, car en fin de compte, ce sont les employé.e.s qui doivent s’en occuper et c’est injuste puisque nous ne sommes pas responsables ». 

Dans les coulisses d’Indigo

« Je pense qu’il est important de préciser que ce n’est pas Indigo qui utilise les fonds de l’entreprise. La controverse concerne un organisme de bienfaisance créé par la directrice Reisman et son mari, qui du reste, est l’un des hommes les plus riches au Canada avec une valeur nette de plus d’un milliard de dollars, » souligne l’employé.e.

L’employé.e partage également qu’avant les manifestations du 25 septembre, tou.te.s les employé.e.s d’Indigo ont reçu un courriel de Reisman, qui voulait clarifier ce qu’elle jugeait être de la désinformation répandue à propos de son association caritative. Dans son message, la patronne a précisé que l’association ne finance pas directement Tsahal, l’armée d’Israël : le but de sa fondation est plutôt d’offrir des bourses d’étude post-secondaire aux combattants ayant servi dans l’armée israélienne.

D’après l’employé.e anonyme, ce message se terminait de manière ambiguë. La dirigeante de la compagnie, souligne l’employé.e, n’a pas non plus reconnu les centaines de milliers de Palestinien.ne.s assassiné.es, déplacé.es et blessé.e.s, et a conclu son courriel en demandant : « S’il vous plaît, n’arrêtez pas de vous battre pour le peuple palestinien, mais rappelez-vous également que vous ne vous battez pas contre l’entreprise, mais contre son dirigeant ».

Les mouvements communautaires, pour leur part, demandent notamment à Reisman et Schwartz de rompre tout lien avec la Fondation HESEG. Ils exigent également qu’Indigo abandonne ses poursuites contre la campagne « Indigo Kills Kids », et que Reisman abandonne les accusations contre les manifestant.e.s d’ « Indigo Peace 11 ». 

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