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Le projet ferroviaire qui allie durabilité et vivabilité

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17 novembre 2020

Crédit visuel : Nisrine Nail – Directrice artistique

Par Aïcha Ducharme-Leblanc – Journaliste

Établir une connexion directe entre Ottawa et Gatineau ; là est l’ambition première de la Société de transport de l’Outaouais (STO) et des Amis de la boucle, qui souhaitent mettre en place une ligne de tramway reliant les deux villes. Leurs projets respectifs, bien que différents dans la distribution géographique du réseau, tendent à faire des deux villes des lieux plus vivables et durables pour leur habitant.e.s. 

Selon un rapport soumis au Comité des transports d’Ottawa le 16 novembre dernier, « on compte actuellement plus de 200 000 passages interprovinciaux par jour entre Gatineau et Ottawa, dont à peu près 48 000 en transport en commun ».

Pourquoi un tramway ?

En 2011, la STO a mené une étude pour répondre aux besoins de la population gatinoise de l’Ouest en matière de déplacements, partage Patrick Leclerc, directeur du développement, marketing et communication de l’entreprise. À l’issue de celle-ci a émergé une recommandation concernant l’aménagement d’un projet ferroviaire, ici un tramway à deux axes (Nord et Sud), qui unirait les deux centres-villes pour mieux desservir la population croissante de Gatineau. Le tramway partirait du secteur du Nord de Gatineau pour traverser le pont Portage jusqu’au centre-ville d’Ottawa, soit dans la rue Sparks ou Wellington.

L’avantage principal de ce tramway serait qu’il « permettra[it] de réduire plusieurs enjeux de circulation, de congestion routière dans les centres-villes à environ 20 % », précise Leclerc. Il ajoute qu’il s’agit d’un mode de transport idéal, qui « répond aux besoins de déplacement de la population tout en respectant les objectifs de développement des deux villes », et tout particulièrement le projet d’Ottawa qui veut diminuer le nombre d’autobus en son centre-ville.

Damien Pilon, étudiant et résident à Gatineau, espère que le tramway permettra d’améliorer les services d’autobus près de chez lui, qui sont souvent débordés. En effet, si le tracé actuel du tramway proposé n’aura pas d’incidence directe sur son trajet, cela n’assure pas non plus l’impact favorable de ce nouveau moyen de transport sur ses déplacements.

Boucle qui fait débat

Au cours du mois dernier, les Amis de la boucle, partisan.e.s du tramway, ont présenté une vision légèrement différente d’un projet de train reliant les deux villes. Le groupe a proposé, selon son site internet, « la création d’une boucle ferroviaire pour relier les systèmes de transit rapide d’Ottawa et de Gatineau, ainsi que pour relier les principaux atouts et sites touristiques de la capitale nationale du Canada ». Leclerc affirme que le projet des Amis de la boucle n’est pas directement lié au système proposé par la STO, mais que les deux projets pourraient être complémentaires.

Pour David McRobie, architecte agréé de MCROBIE Architects + Interior Designers et membre des Amis de la boucle, le projet de train léger envisagé représente « la dernière liaison entre le Nord et le Sud de la rivière des Outaouais ». Selon lui, elle coïncide ainsi parfaitement avec le plan préexistant du gouvernement fédéral, qui veut remplacer le pont Alexandra dans les dix prochaines années. Il cite également les nombreux avantages de la boucle, comme l’allégement du trafic dans les centres-villes, et la durabilité pour l’industrie du tourisme en Outaouais.

En revanche, Pilon appréhende l’utilité réelle de cette boucle. « Je pense que c’est plus un projet d’urbanisme, pour rendre la ville plus belle, que vraiment un projet de transport », estime-t-il. Il explique ne pas voir en quoi elle pourrait bénéficier les navetteur.euses.s gatinois.e.s qui, pour la plupart, n’habitent pas au centre-ville où la boucle serait potentiellement accessible.

Initiative pleine de défis

Le 16 novembre dernier, le Comité des transports de la ville d’Ottawa a approuvé un plan permettant au tramway de Gatineau de passer par un tunnel sous la rue Sparks. Le Comité a également adopté une motion pour demander au gouvernement fédéral de financer une étude sur la faisabilité de la boucle. Bien que prometteur, le projet n’en est qu’à ses débuts, signalent McRobie et Leclerc. Ce dernier avoue que la réalisation d’un projet d’une telle ampleur s’étendra sur huit à dix ans de travail.

Un tramway interprovincial présente beaucoup d’avantages, mais Leclerc rappelle qu’une telle initiative soulève de nombreux défis. Pour lui, ce projet de transport est facilement l’un des plus complexes du pays, car il implique de relier deux villes de deux provinces différentes. Aux yeux de McRobie, certains défis à venir découlent de l’ingénierie ou de la conception, notamment concernant la manière d’intégrer le service de train léger à cette ligne de tramway.

Si le projet n’a pas encore été traduit en mesures concrètes, le rapport final de l’étude de la STO devrait être publié d’ci la fin de l’année 2020. Les questions du financement, des plans et de la réalisation des travaux restent cependant en suspens.

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