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13 février 2012

THÉÂTRE

Gabrielle Boucher | Bénévole

Le 10 février dernier, plusieurs s’attendaient à une soirée exceptionnelle : Jane Birkin et Wajdi Mouawad étaient réunis sur une même scène, la scène du Théâtre du Centre national des Arts. Ce happening, première nord-américaine de La sentinelle, texte de Wajdi Mouawad, était strictement réservé aux membres et, il n’y a pas à dire, la salle était pleine pour goûter à cette ode au sacrifice et à la dignité humaine.

La sentinelle au rendez-vous

L’attente du public semblait palpable. Les lumières se sont éteintes, puis une femme à la silhouette élancée a marché gracieusement dans un mince et englobant faisceau de lumière.

C’était Jane Birkin. « Vous me faites peur », a-t-elle dit en faisant allusion aux attentes que nous avons. Si Jane Birkin est sur scène, forcément, ce sera bon, pensons-nous, et elle a confessé que cette façon de penser l’inquiétait.

Puis, elle a livré ce texte poétique, dans les mots de Wajdi Mouawad, parfois redondants. Ce sont les mots de l’artiste écorché, isolé, rejeté, de l’artiste qui se cherche, qui se perd, qui ne trouve plus sa place sur la terre et qui est nostalgique de son enfance. Birkin a livré le texte avec une voix de soie qui nous atteint forcément, mais c’est davantage sa couleur vocale qui nous touche que les mots eux-mêmes.

On nous dénonce

Si nous sommes familiers avec l’œuvre de Mouawad, nous avons déjà entendu ces mots, des mots de douleur et de vide, où l’humain perd son humanité au profit de la société de consommation. D’ailleurs, lorsque ce dernier fait son entrée sur la scène, dix minutes après le début de la pièce, il le clame, haut et fort : « Nous sommes devenus des clients. »

Nous avons tous des attentes face à la vie, face à la mort, face à tout. Nous espérons que tout aura une valeur calculable. Comme à l’habitude, Wajdi Mouawad crie, hurle à l’injustice.

Or, ses mots n’ont pas le poids que son timbre dégage et ils semblent vains. Sa poésie ne touche pas, elle reste en surface. Tout ce qu’il dit, il l’a déjà adressé précédemment de près ou de loin.

Quant au titre, La sentinelle, il réfère à cette femme capitaine, semblable à Jane Birkin, qui guette au-devant d’un navire la violence des flots. « Le navire est analogue à la vie », dit-elle : il vogue et menace à tout temps de s’échouer; c’est pourquoi il faut surveiller l’horizon, toujours, pour ne pas sombrer dans la noirceur.

Bref, après la livraison de ces poèmes, on ne retient pas grand-chose; on a le sentiment d’avoir assisté, une fois de plus, à un plaidoyer pour la justice signé par la plume agile de Mouawad.

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