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Opinions

Tout est pour le mieux dans la meilleure des bureaucraties

Web-Rotonde
21 octobre 2013

– Par Alex Jürgen Thumm –

À mon arrivée à Fribourg, dans la Forêt-Noire allemande, je suis traité comme le chancelier, au moins durant ma première heure en ville. Je marche avec mes bagages depuis la gare et cogne sur la porte du Bureau international. Pas nécessaire que je me présente : ils savent déjà qui je suis. La madame m’accueille avec des biscuits et un thé. Elle sort une grande enveloppe avec mon nom imprimé dessus : mon « UPass » valide pour toute la région de la Haute Forêt-Noire, ma carte étudiante, mon inscription auprès du gouvernement, tout est prêt. Je paie ma contribution à la fédération étudiante, subventionneuse des cafétérias. La municipalité m’a soigneusement arrangé (oui, je rêve un peu) une trousse pour nouveaux arrivants avec un guide détaillé de chaque quartier, un livret de coupons pas mal généreux et une sucette qui me rappelle les condoms gratuits à l’U d’O. C’est moi qui conclus la séance et elle qui me décrit, étape par étape, comment me rendre à mon nouveau chez moi. Ma seule tâche avant la rentrée sera ma sélection de cours.

En Europe, on fait affaire en personne et ça prend du comptant, des papiers et de la patience, mais le contact personnel, indice de notre humanité, vaut absolument la peine.

Le processus de demande pour aller en échange n’est pas pour les paresseux. Le coup d’œil que les intéressés jettent sur le site Web du Bureau international ne donne pas exactement un portrait complet des efforts requis. La demande n’est que le début; à partir de là, il faut s’attendre à des surprises, à des échéances spontanées. Exemple : j’ai spontanément dû prendre rendez-vous pour un examen médical à la demande du DAAD, l’agence académique allemande qui me paie la vie cette année, alors que j’étais à l’autre bout du Canada et de mon médecin. On se fait contrôler la preuve d’assurance maladie à chaque étape. Heureusement en Allemagne, le visa est facile : j’ai trois mois après mon arrivée pour l’obtenir, et ça ne me prendra qu’une demi-heure.

Qu’on le veuille ou non, le fait que les étudiants internationaux ne se mêlent qu’avec des étudiants internationaux persiste. L’Université a organisé deux semaines d’activités et de voyages auxquelles il est à s’attendre qu’aucun citoyen allemand ne sera présent. Les résidences, où vivent tous les Ausländer sauf moi, sont elles aussi dépourvues de locuteurs natifs de la langue commune.

Heureusement, Gott sei Dank, je suis tombé sur un groupe d’amis européens qui veulent se parler en allemand. Nous sommes de loin la minorité. L’orientation, intitulée « Welcome Days », s’est déroulée en deux langues,  à la manière d’Ottawa. Quelques étudiants peuvent à peine s’exprimer en allemand. C’est encore plus le cas avec le français à Strasbourg, où étudie ma copine (morale : vous n’avez pas à vous perfectionner dans une langue pour aller en échange !)

Cette année, à travers La Rotonde, je partagerai un peu de ma vie à l’étranger et vous ferai part des leçons, des idées, des observations pour vous tenter de venir en Allemagne, ou (et tant mieux) vous inspirer à rêver à une U d’O meilleure.

Maintenant, on me laisse du temps pour planifier mon propre Eurotrip cette année, me débrouiller avec la procédurite et bâtir une vie ici. Alors que vous passez votre semaine de lecture, j’attends le début de mon semestre. Entre temps, je déguste la bouffe faite maison à la cafétéria à 2,50 € le repas. Et je bois de la bonne bière. Il n’y a nulle part d’autre où j’aimerais mieux être.

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