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Arts et culture

Tout le monde en parle…trop

Web-Rotonde
5 mars 2012

CHRONIQUE – Turlupinades

Catherine Dib | Chef de pupitre
@catherinedib

On l’appelle la grand-messe des Québécois. On se réunit le dimanche et on s’y soumet religieusement, prenant au sérieux chacun des invités et analysant docilement les interactions.

Oui, je me réfère bien à TLMEP et, au bout du compte, le titre présente sincèrement ce qu’il en est de l’émission. Tout le monde en parle, comme dans tout le monde en a entendu parler, tout le monde dit n’importe quoi, mais personne ne sait.

Pas plus tard que la semaine passée, par exemple, la question de la hausse des frais de scolarité avait été traitée légèrement à TLMEP, où les représentants des deux camps étaient plutôt applaudis pour le punch de leur réponse que pour le contenu de celles-ci.

Qu’on me comprenne bien, je ne déplore ni le travail de Guy A. Lepage ni la soi-disant « valeur sociale » de l’émission, mais bien la place qu’on lui alloue dans l’espace médiatique et, de ce fait, dans notre compréhension du Québec actuel.

Ne l’oublions pas, à sa première saison, l’émission française d’origine était une occasion de débats de société, mais elle adopta sans tarder un format talk-show. L’émission a bâti sa réputation provocante par l’entremise d’entrevues misant sur la vie privée des invités. Une véritable vedettisation d’une personnalité politique, culturelle ou sportive, où l’on devient obsédé par son image publique plutôt que par le contenu de ses propos.

Nous sommes donc une fois de plus plongés dans l’ineffable cirque médiatique. Et chaque spectateur, à partir du téléviseur dans son salon, prend part à l’expérience, croit participer au débat filtré par Guy A. Lepage.

Et on ne peut y échapper. On veut « s’informer » pour rejoindre les rangs de la grande majorité qui en jase autour de la machine à café le lundi. Mais peut-être, dans la même lancée, faudrait-il également écouter les nouvelles qui suivent l’émission, histoire d’aller au-delà des axiomes performatifs de l’actualité. Car au bout du compte, la seule véritable liberté, c’est d’être conscient de ce qui nous soumet, nous conditionne et de s’en révolter.

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