PERCÉ MÉDICALE

Mathieu Gauthier | Journaliste Actualités

Professeur au Département de psychiatrie de l’U d’O et membre de l’Institut de recherche en santé mentale Royal, à Ottawa, Dr Xia Zhang est à la tête d’une étude fondatrice au sujet des effets de la marijuana sur la mémoire. Les résultats de la recherche permettent d’envisager le recours à la marijuana pour apaiser la douleur et traiter plusieurs maladies telles que l’épilepsie, l’Alzheimer et la schizophrénie.

Résultats de la recherche

C’est à l’Institut de recherche en santé mentale à l’hôpital Royal d’Ottawa que Dr Zhang et une équipe internationale de 17 professionnels ont mené une recherche qui a donné des résultats « inattendus et surprenants » concernant le fonctionnement de la mémoire. Dans le but d’améliorer la compréhension des effets de la marijuana sur la mémoire à court terme, Dr Zhang et sont équipe ont découvert que les neurones ne sont pas les seules composantes à avoir un impact sur la mémoire.

À vrai dire, contrairement au postulat qui règne depuis plus d’un siècle, le THC, composé chimique contenu dans la marijuana agissant sur l’activité mentale, n’aurait aucun effet direct sur les neurones. Le bilan de la recherche suggère que le THC agirait plutôt au niveau des astrocytes, cellules qu’on retrouve dans les tissus nerveux du cerveau.

C’est ainsi que Dr Zhang et son équipe ont découvert une manière de neutraliser les effets négatifs de la marijuana sur la mémoire. Dans la mesure où on peut trouver une façon de bloquer l’accès du THC aux récepteurs cannabinoïdes des cellules astrocytes limitant l’activité de la substance sur les neurones, les consommateurs pourront profiter des effets désirables de la marijuana sans compromettre leurs fonctions cognitives.

Importance de la découverte

Dr Zhang est fier d’avoir publié l’un des « premiers articles de neuroscience en provenance d’Ottawa ». Le président et PDG de l’Institut de recherche en santé mentale du Royal, à Ottawa, Dr Zul Merali, explique à quel point les recherches de Dr Zhang permettent de mieux comprendre le fonctionnement chimique du cerveau. Ces avancées conceptuelles et fondamentales dans ce domaine permettront d’offrir des traitements mieux adaptés à un « plus grand nombre de personnes atteintes d’un trouble mental tel que l’Alzheimer, la schizophrénie, la dépression, l’anxiété le Parkinson et autres ».

Évelyne Girard, professeure à l’École de psychologie de l’U d’O, souligne que chaque traitement médical comporte normalement à la fois des côtés positifs et des côtés négatifs. L’élimination des effets indésirables de la marijuana sur la mémoire constituerait une avancée médicale remarquable. Mme Girard et Dr Zhang insistent tous deux sur la pertinence et la nécessité de poursuivre les recherches dans ce domaine.