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Une Assemblée générale haute en couleurs pour le ​​SÉUO

Camille Cottais
17 novembre 2021

Crédit visuel : Nisrine Nail – Directrice artistique

Article rédigé par Camille Cottais – Cheffe du pupitre Actualités

Lundi dernier a eu lieu l’Assemblée générale (AG) annuelle du Syndicat étudiant de l’Université d’Ottawa (SÉUO). Les amendements à la Constitution, le Carnet de positions du ​​SÉUO, ainsi que cinq motions proposées par les étudiant.e.s y ont été débattus. Parmi ces dernières se trouvaient l’option de note satisfaisant / non satisfaisant (S/NS) ou encore l’élargissement de l’admissibilité des exécutifs du ​​SÉUO aux étudiant.e.s à temps plein.

Contexte pandémique oblige, l’AG s’est déroulée, pour la seconde fois, entièrement en ligne. Après une AG historique de sept heures en 2020, la réunion de cette année, animée par la présidente du Conseil d’administration Paige Holland, aura duré cinq heures, s’achevant peu avant minuit.

Après la reconnaissance du territoire et l’approbation du procès-verbal ainsi que de l’ordre du jour, le Comité exécutif du ​​SÉUO s’est présenté et a répondu aux questions des étudiant.e.s de premier cycle. 

Le Syndicat a notamment été interrogé sur sa position sur les cours bimodaux. Armaan Singh Kheppar, Commissaire à la revendication, a répondu que l’union syndicale se positionnait en faveur d’une séparation entre cours entièrement en ligne ou entièrement en personne. Le ​​SÉUO demande à l’Université d’Ottawa (U d’O) qu’un maximum de 10 % des cours soient offerts en formal bimodal.

Un rendez-vous important pour la démocratie étudiante

Daphnée Veilleux-Michaud, étudiante en conflits et droits humains, rappelle l’importance de garantir la démocratie au sein du Syndicat étudiant, considérant la jeunesse de celui-ci et la réputation du syndicat qui l’a précédé. Ashwath Param, étudiant en développement international qui participait à l’Assemblée pour la première fois, pense que le ​​SÉUO a fait un bon travail « pour reconstruire la confiance et la transparence » après les scandales et les méfaits de la FÉUO. « En tant que personne ayant grandi dans un pays autoritaire, j’étais vraiment impressionné par le caractère démocratique de tout le processus », se confie-t-il.

Robyn-Lee Hotte, étudiante en science politique et Juris Doctor, juge ainsi que « la démocratie étudiante est plus forte que jamais », malgré les difficultés techniques et la longue durée de l’Assemblée.

Cependant, si le nombre d’étudiant.e.s présent.e.s avoisinait les 125 en début de réunion, ce chiffre s’est peu à peu réduit à mesure que la soirée défilait, jusqu’à faire craindre de perdre le quorum fixé à 75 personnes. Il a ainsi parfois fallu couper court au débat, au désarroi de certain.e.s étudiant.e.s, comme Max Christie, étudiant en philosophie et science politique, qui pense que le Syndicat a sous-estimé le temps nécessaire aux débats, pensant que « nous allions tout approuver sans réfléchir ».

Veilleux-Michaud se réjouit que l’Assemblée n’ait pas duré sept heures comme l’an dernier, mais elle regrette la façon dont le ​​SÉUO a procédé pour raccourcir le temps. « Beaucoup de personnes ont trouvé cela anti-démocratique de leur part de se dépêcher d’adopter certaines motions sans même avoir de débat », affirme-t-elle. Elle suggère alors que la prochaine AG ait lieu durant la journée ou la fin de semaine et non pendant une soirée d’école.

« On ne pensait pas qu’il y aurait autant de débat sur les positions du Syndicat », admet Lia Bosquet, commissaire aux affaires francophones du ​​SÉUO. Le temps prévu était en effet d’une demi-heure seulement, mais le triple de ce temps a dû être nécessaire. Beaucoup de temps a également été perdu, selon Bosquet, en raison des mesures procédurales. Bien qu’elle juge celles-ci nécessaires, elle les trouve complexes et donc responsables du manque d’accessibilité de la politique étudiante. 

Des positions du ​​SÉUO qui ne font pas consensus

C’était la première fois que le Carnet de positions du ​​SÉUO était présenté pour approbation. Si certaines positions du Syndicat ont provoqué l’adhésion unanime des étudiant.e.s, comme celles sur l’accessibilité, la réconciliation avec les peuples autochtones ou encore le bilinguisme et la représentation francophone, d’autres ont été sujettes à controverse. De nombreux amendements ont été proposés par les étudiant.e.s, mais aucun n’a abouti. 

Les positions 13 et 14, déclarant la solidarité du Syndicat, respectivement avec les musulman.e.s Ouïghour.e.s et avec la Palestine, ont notamment provoqué d’intenses débats. Christie a pris la parole pour déclarer que ces deux positions n’étaient pas appropriées pour un syndicat étudiant, car elles lui donnaient une position politique qui n’était pas forcément celle de tout le monde.

Interrogé après la réunion par La Rotonde, il explique : « Bien que je sois personnellement d’accord avec ces deux positions, j’ai tendance à me sentir mal à l’aise lorsqu’une organisation comme le ​​SÉUO prend des positions politiques pour son propre intérêt. » Selon lui, il ne faudrait pas que le Syndicat se prononce sur ces questions controversées sur lesquelles il n’a aucun impact. 

« La Palestine n’est pas plus proche de la création d’un État et la Chine n’est pas moins susceptible d’arrêter son génocide au Xinjiang juste parce que 0,005 % des étudiant.e.s ont voté pour », continue-t-il, affirmant que la position du Syndicat a inquiété plusieurs étudiant.e.s juif.ve.s. 

Au contraire, Hotte pense qu’il est important que le Syndicat se positionne sur cette question, notamment par solidarité pour les étudiant.e.s palestinien.ne.s et Ouighour.e.s : « Il est extrêmement important que les organisations, aussi petites soient-elles, prennent des positions fermes quand il est question de génocides. Ces positions démontrent aux étudiant.e.s provenant de groupes marginalisés que le Syndicat ne tolérera pas d’atrocités envers les gens qu’il représente. » Ryan Banfield, étudiant en administration publique et science politique, a également rappelé que cette position dénonçait les gouvernements israéliens et chinois, et non les personnes juives ou originaires de la Chine. 

Élargissement de l’admissibilité des exécutifs du SÉUO

La première motion des membres a été proposée par Max Christie, qui souhaitait que les étudiant.e.s à temps plein puissent se présenter au Comité exécutif du ​​SÉUO. En effet, actuellement, seul.e.s les étudiant.e.s à temps partiel sont admissibles, à l’exception des étudiant.e.s internationaux.ales car, comme l’explique Bosquet, leur permis d’étude ne les autorise pas à étudier à mi-temps.

Christie pense que tous les étudiant.e.s devraient pouvoir se présenter, car il y a trop peu de candidat.e.s lors des élections, ce qui mine le processus démocratique. La majorité des membres du Comité exécutif sont ainsi élu.e.s sans aucune opposition. Selon lui, ce manque de candidat.e.s, ajouté à un très faible taux de participation lors des élections, décrédibilise le SÉUO dans sa prétention à représenter l’intégralité des étudiant.e.s de l’U d’O. 

Le Commissaire à la revendication s’est quant à lui opposé à cette mention, jugeant qu’avoir à la fois un travail à temps plein et des études à temps plein était très complexe. Sachant que les exécutifs doivent parfois travailler 60 heures par semaine, cette motion serait également susceptible, selon Bosquet, d’augmenter le problème de démissions des membres du Comité exécutif ainsi que de nuire à leur santé mentale.

La motion a été finalement refusée : 20 votes étaient en faveur et 37 votes étaient contre. Une déception pour Christie, qui continue de penser que l’une des meilleures façons d’apporter une plus grande diversité de voix au sein du Syndicat serait de s’assurer que les élections soient compétitives et ainsi d’élargir l’éligibilité des candidat.e.s. 

Réduire le stress lié aux notes avec l’option satisfaisant/non-satisfaisant

Banfield a proposé une motion très attendue : pousser le Syndicat étudiant à faire pression sur l’U d’O pour que celle-ci offre le système de notation facultatif réussi / échec pour un cours par trimestre et ce, aussi longtemps que l’Université offre des cours en ligne ou en format hybride. 

Il a justifié cette demande en expliquant qu’elle visait à répondre aux difficultés engendrées par la COVID-19 ainsi qu’à celles rencontrées par les étudiant.e.s ayant des problèmes de santé mentale. L’obtention de bonnes notes est selon lui sujet d’un grand stress pour les étudiant.e.s, particulièrement en temps de pandémie. 

Quelques étudiant.e.s, comme Derek Voitic, se sont opposé.e.s à cette mesure, jugeant qu’il fallait revenir à la normale, après deux ans de pandémie. L’écrasante majorité des étudiant.e.s s’est cependant prononcée en faveur, et la motion a été adoptée malgré cinq votes contre. Bosquet juge néanmoins que l’Université est très réfractaire à cette mesure, et que les chances de la voir aboutir sont très faibles.

Critère d’exemption additionnel pour le U-Pass et hausse des frais de scolarité

Mark Day a proposé une motion visant à ajouter un critère supplémentaire pour renoncer au U-Pass : le fait de posséder son propre véhicule. Il s’est plaint que les étudiant.e.s possédant une voiture devaient doublement payer le transport. La motion a été approuvée.

Finalement, la dernière motion étudiante ayant été présentée concernait l’augmentation des frais de scolarité des étudiant.e.s internationaux.ales pendant la COVID-19. La motion demandait au Syndicat de mettre en place auprès de l’Université une campagne de lobbying et de pression contre cette augmentation. Elle dénonçait également une discrimination envers les étudiant.e.s internationaux.ales pour l’obtention de bourses. 

Param a déclaré se sentir, en tant qu’étudiant international, comme une « vache à lait » (cash cow), devant payer plus de 40 000 dollars pour des cours entièrement en ligne. Selon lui, les intérêts des non-Canadien.ne.s ne sont pas assez représentés. Il déplore en particulier la grande différence de frais de scolarité entre étudiant.e.s internationaux.ales anglophones et francophones : « En tant qu’institution bilingue, je me serais attendu à ce que l’Université nous traite sur un pied d’égalité. J’aurais aimé que l’Université fasse payer tou.te.s les étudiant.e.s étranger.ère.s de la même façon, ou qu’elle nous fasse payer en fonction de nos revenus ».

Le président du SÉUO, Tim Gulliver a répondu s’indigner de cette hausse des frais pour les étudiant.e.s internationaux.ales, mais a avoué que le Syndicat avait peu d’influence sur l’Université à ce sujet. La motion a tout de même été approuvée, avec seulement un vote contre.

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