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Arts et culture

Une nouvelle ère pour le théâtre jeunesse au CNA avec Amélie Bergeron

Antoine Jetté-Ottavi
27 septembre 2024

Crédit visuel : Stéphane Bourgeois — Courtoisie

Entrevue réalisée par Antoine Jetté-Ottavi — Chef du pupitre Arts et culture

Depuis 2006, Amélie Bergeron fréquente le milieu des arts de la scène du jeune public. Originaire de Sherbrooke, elle a travaillé avec plusieurs compagnies, dont le Théâtre jeunesse Les Gros Becs, et commence actuellement sa première année en tant que Directrice artistique associée au volet  enfance / jeunesse au Théâtre français du Centre National des arts (CNA).

La Rotonde (LR) : Pourquoi avez-vous choisi le théâtre jeunesse ?

Amélie Bergeron (AB) : Quand j’ai commencé à découvrir le théâtre, parce que je n’ai pas toujours été familière avec cet art, j’allais voir des pièces avec mon école, comme tout le monde. J’avais vu quelques spectacles durant mon enfance, mais il n’y en avait pas beaucoup dans ce temps-là. Puis, quand je me suis vraiment engagée dans le monde des arts de la scène, j’ai découvert dans le théâtre jeunesse une multiplicité de formes possibles et un imaginaire empli de possibilités, plus ouvert et plus éclaté au niveau artistique. Il y a quelque chose de libre, d’une certaine manière, dans le théâtre jeunesse.  Même si cet art vise un public qui exige un travail d’harmonie et d’encadrement, le théâtre jeunesse permet une extraordinaire liberté artistique, une belle folie.

Selon moi, la comédie commence tranquillement à reprendre en popularité dans le grand public. Toutefois, elle n’a jamais perdu sa notoriété chez les jeunes, où elle a toujours eu sa place. Avec un public jeune, on peut traiter de tous les sujets de société, de tout ce que nous observons comme adultes. Tout est dans la manière de faire. Les enfants, à leur hauteur, regardent le monde avec une grande lucidité.

Nous ne faisons pas affaire avec un public poli, en ce sens que les jeunes ne connaissent pas nécessairement les codes du théâtre, il.elle.s et elles n’attendent pas patiemment que la fête se termine. Il.elle.s vivent dans la salle. Les enfants bougent et sont naturellement franc.he.s dans leur rapport avec le théâtre. Il.elle.s vivent l’expérience.

LR : En quoi consiste votre nouveau poste au sein du Théâtre français du CNA ?

AB : Le poste est lié à toute la charge de programmation : nous devons nous assurer d’en créer une qui va pouvoir rejoindre tous les groupes d’âge, de la toute petite enfance à l’adolescence, et qui met de l’avant une variété d’œuvres. De mon côté,  je vais essayer de créer une saison avec différents thèmes et sujets. Si les autres départements sont ouverts à des collaborations aussi, c’est le fun. L’équipe du Théâtre français est extraordinaire. 

Ensuite, il y a des projets de médiation culturelle, soit des activités en périphérie de la programmation, qui vont venir la compléter, la bonifier et offrir un autre genre d’expérience au public qui vient nous rendre visite. Bien sûr, je n’oublie pas le festival Big Bang, qui fait partie du mandat de cette année. C’est un bel évènement qui se fait en collaboration avec l’international, et c’est une magnifique expérience pour tous les publics.

Au niveau de l’application dans le milieu, c’est d’être à l’affût de ce qui se passe auprès des artistes et des compagnies qui travaillent pour le jeune public, soit de façon exclusive ou occasionnelle. Il faut connaître les créations qui s’en viennent et être conscient.e des enjeux qui s’imposent dans le milieu.

LR : Quels sont les défis associés à votre nouveau rôle ?

AB : Il y a beaucoup d’aspects dans ce métier, c’est un travail qui m’a manqué. J’aime la communauté du CNA, mais ce sera tout un défi d’apprendre à connaître toutes les personnes qui s’y retrouvent. C’est un lieu très vaste, mais je suis enthousiasmée à l’idée d’apprendre à le naviguer. Je n’ai pas peur de cette complexité. J’avance avec ouverture et confiance.

Je veux offrir une programmation qui sera surprenante et qui donnera l’envie aux gens de revenir voir du théâtre et d’expérimenter. Je souhaite également réouvrir et maintenir le contact avec l’ensemble de la très vaste communauté théâtrale, qu’elle soit à l’échelle du pays ou de la région. 

LR : Quels conseils donneriez-vous aux personnes qui souhaitent à leur tour travailler dans le monde de la scène ?

AB : Si vous êtes intéressé.e.s par le milieu théâtral, il faut prendre l’initiative de se lancer et de développer les compétences nécessaires, de se former et de rencontrer des gens du domaine. C’est en étant dans l’action que nous apprenons tranquillement qui nous sommes et ce que nous voulons faire. 

La création est beaucoup liée au soi, et au soi en relation avec le monde. À défaut de se connaître à l’instant même, il faut cheminer pour apprendre à se comprendre, afin de mieux savoir qui nous sommes comme artistes. Il faut oser faire et ne pas avoir peur de se tromper.

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