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Femmes et pandémie ; entre violences et discriminations

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7 novembre 2020

Crédit visuel : Nisrine Nail – Directrice artistique

Par Aïcha Ducharme-Leblanc – Journaliste

Dans son rapport annuel, Theresa Tam administratrice en chef de la santé publique du Canada, déclare que la COVID-19 affecte différemment les divers groupes sociaux, et aggrave les inégalités sociales. Les femmes et les jeunes filles sont, entre autres, particulièrement affectées par la pandémie. 

Pascasie Minani Passy, auteure et doctorante à l’Institut d’études féministes et de genre de l’Université d’Ottawa, affirme que si les hommes et les femmes sont tou.te.s touché.e.s par la pandémie, les femmes sont plus affectées, et ce à plusieurs niveaux.

Économie et racisation 

En mars dernier, Statistique Canada révélait la vulnérabilité économique des femmes face à la COVID-19 ; 300 000 femmes entre 25 et 54 ans ont perdu leur emploi, contre 127 000 hommes de la même tranche d’âge. Mais toutes les femmes ne vivent pas la pandémie et ses effets de la même manière, remarque Gabrielle Pelletier, coordinatrice des services de prévention et de sensibilisation du Centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS).

En effet, Minani Passy présente les femmes racisées comme étant particulièrement vulnérables aux conséquences économiques de la pandémie. Elle explique que si ces dernières subissent un impact spécifique, c’est parce qu’elles sont surreprésentées dans les emplois précaires, par exemple dans les maisons de retraite.

Évoquant le cas des travailleuses dans les résidences pour personnes âgées, elle explique que « la plupart d’entre elles travaillent dans deux résidences différentes […]. Malheureusement, avec la pandémie, ces femmes ont été obligées de choisir une [seule] résidence, entraînant un revenu divisé par deux. » Elle souligne également la condition des travailleuses domestiques migrantes, souvent racisées, qui travaillent plus d’heures, sans pour autant voir leur salaire augmenter. 

Violence et pandémie

L’Ontario Association of Interval and Transition Houses rapporte que depuis le début du mois de mars, le nombre d’appels de femmes victimes de violences domestiques a considérablement augmenté. Comme le souligne Pelletier, la pandémie rajoute un obstacle pour les femmes qui veulent échapper à un.e conjoint.e violent.e. « Le fait d’être constamment à la maison, d’avoir moins de portes de sortie et que le stress, la pression, l’anxiété soient augmentés [pour les hommes et les femmes] » augmente, selon elle, le risque de violences conjugales. De plus, elle explique que les sentiments de stress et d’urgence, liés à la pandémie, ont ravivé des angoisses chez certaines survivantes de violences sexuelles.

Elle ajoute que la crise sanitaire a provoqué des retards et des fermetures concernant l’accès aux ressources et aux services de soutien mis à la disposition de ces femmes. D’après elle, le vécu de différents facteurs d’oppression, comme le racisme ou le classisme, peut ajouter, pour certaines femmes, à la difficulté de faire appel à de tels services. Si le CALACS a pu maintenir ses services de counselling, et ses groupes de soutien, ceux-ci ont dû migrer vers le virtuel, ce qui n’a pas été facile pour la Coordinatrice.

Rôle essentiel 

Il est important que les femmes travaillent ensemble et se solidarisent en ces temps difficiles, souligne Pelletier. Ce thème a fait le sujet de l’événement La rue, la nuit, les femmes sans peur, organisé par le CALACS le 24 septembre dernier, sur la plateforme Zoom. Entre 70 et 75 femmes ont pu, au cours de celui-ci, dénoncer ensemble, les agressions sexuelles et les inégalités auxquelles elles ont fait face. 

Minani Passy insiste sur le rôle essentiel des femmes occupant des postes de première ligne dans la société, comme préposées aux bénéficiaires, enseignantes, médecins, et autres. Ainsi, « les impacts genrés du coronavirus ne sont pas un «enjeu marginal» », souligne la Fondation canadienne des femmes.

Les conséquences de la crise sanitaire sur les femmes sont donc le reflet de discriminations plus profondes, basées sur le genre, qu’il faut comprendre afin de contribuer à une société plus juste.

Si vous êtes dans une situation de violence et avez besoin de services, vous pouvez contacter ces lignes de crise :

CALACS : 613-789-8096 

Fem’aide : 1 (877)-336-2433

Ligne d’urgence pour les femmes victimes de violence (disponible 24 heures sur 24) : 613-745-4818

Programme des soins aux victimes d’agressions sexuelles et d’abus par un partenaire : 613-761-4366

Services pour femmes battues : 613-745-3665 (Voix et ATS)

Téléassistance pour les femmes victimes de violence : 1-866-863-0511

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