Photo Sylvain Sabatie

– Par  Annalisa Harris- 

Du 28 novembre au 1er décembre, le théâtre de Nouvelle Scène a présenté la pièce de théâtre de Marcel Dubé, Zone, un grand classique du théâtre québécois.

L’intrigue met en scène une bande d’adolescents contrebandiers dans un quartier défavorisé de Montréal. Leurs vies basculent lorsqu’une opération de trafic illégal de cigarettes tourne mal. Le chef du réseau de contrebande, Tarzan, tue un douanier américain. Le réseau s’effondre et les membres du réseau sont amenés au poste de police.

Un classique réinventé

Écrite en 1953, cette pièce est devenue un incontournable du curriculum de français au Canada. Comment rendre un tel classique actuel et intéressant? Le metteur en scène Jean Stéphane Roy a réussi dans l’ensemble à remonter le défi.

Cette production conjointe du Théâtre de la Catapulte et le Théâtre français de Toronto est une version de Zone rafraichie. On y retrouve les éléments essentiels de Zone, des jeunes délinquants sans espoir, des amoureux maladroits, des tensions internes du réseau de contrebande, une police combative, et tout cela dans un décor urbain et dans le langage étrangement soutenu des années 1950.

Cependant, il y a aussi du nouveau. Les nouvelles coupures donnent un rythme plus rapide au spectacle qui est entrecoupé de musique et de voix hors champ. Une scène d’interrogatoire est placée au tout début et sert de prologue. Le changement le plus important est celui de la police. Dans le texte original, trois policiers différents interrogent les adolescents à tour de rôle. Dans cette version, il n’y a qu’un seul policier présent pendant toute la pièce. Cela permet l’émergence d’un personnage plus complexe que Richard J. Léger incarne.

Mise en scène et religion

Jean Stéphane Roy a choisi de piger dans une symbolique religieuse. Pour le metteur en scène, le protagoniste est un « Christ canadien-français », les contrebandiers sont ses apôtres et Passe-Partout est déclaré à plusieurs reprises comme son Judas. C’est un univers qui échappe à certains des spectateurs plus jeunes. « Aujourd’hui, les gens sont athées et n’ont pas nécessairement les références chrétiennes, mais ce n’est pas nécessaire » a commenté Frédérique Thérien qui incarne Ciboulette. De plus, après plus de 80 représentations, la chimie des comédiens est évidente « on a développé des liens au fil des représentations […] on est devenus amis » explique Nicolas Desfossés qui joue le rôle de Tarzan.

Zone réussit à conserver les éléments qui l’ont rendu célèbre, mais avec une nouvelle approche. Soixante ans après son écriture, le récit de ces jeunes hors-la-loi, dans une ruelle de Montréal continue à résonner dans un contexte de crise économique et dans une zone de moins en moins isolée des soubresauts de l’économie mondiale.