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Éditorial

Affronter la crise identitaire

Web-Rotonde
22 septembre 2014

ÉditoIllustration: Andrey Goose

– Par le Comité éditorial de La Rotonde-

Rappelez-vous de votre première année à l’université, lorsque vous étiez dans ces classes de plus de 100 personnes, et qu’à chaque fois que le ou la professeur(e) posait une question, il y avait un silence de plomb que les mêmes trois/quatre personnes allaient essayer de briser durant le reste du semestre. Au quotidien, l’Université d’Ottawa (U d’O) ressemble très fortement à ces salles de classe, où la majorité se tait jusqu’à l’obtention de leur diplôme. Mais voilà, jusqu’à ce jour-là, et même après, être étudiant à l’Université d’Ottawa, c’est aussi être indirectement responsable de ce qui a lieu sur le campus.

                  Le sentiment d’appartenance semble presque inexistant sur le campus. Pourquoi, avec un campus fier d’accueillir plus de 40 000 étudiants, est-il aussi difficile de créer une communauté et de la mobiliser? Cela fait des années que la minorité qui s’implique se plaint de la majorité silencieuse. Pourtant, ce manque de participation influence toutes les sphères de la vie universitaire. Chaque événement étudiant, qu’il soit sportif, artistique, culturel ou politique, a du mal à attirer les foules. Ce n’est pas pour rien qu’au bout de votre troisième année à l’Université, vous remarquerez que vous voyez les mêmes gens partout. Aux matchs des Gee-Gees, aux concerts du mois de la francophonie, aux soirées cinéma organisées par les différents clubs et associations, aux réunions des différents conseils d’administration, etc. Les équipes féminines et les clubs sportifs peinent à rejoindre des partisans.

                  La participation étudiante reste faible au niveau politique. Autant on aime se plaindre d’une éducation post-secondaire de plus en plus chère, autant on préfère ne pas trop regarder en détail où et comment est déversé l’argent des étudiants par l’administration universitaire. Par exemple, qu’un nouvel institut soit ouvert sans consultation n’est pas acceptable. Pourtant, peu de réactions étudiantes se sont fait entendre à ce sujet.

                  La nouvelle campagne d’image de l’U d’O tente de montrer en quoi celle-ci se distingue des autres universités. Mais les images utilisées sont très loin de la réalité des étudiants : on n’y voit aucune salle de classe. « Défier les conventions »? Le slogan nous apprend peu sur ce qu’on retrouve sur le campus. À vrai dire, la phrase a déjà été utilisée pour vendre des voitures.

                  L’Université d’Ottawa est aussi conventionnelle que n’importe quelle autre université canadienne. Le format d’un cours typique reste celui d’une grosse classe dans un auditorium avec au menu : prise de notes, lecture de chapitres, trois à quatre questions pour pouvoir finir la matière et de moins en moins de relations réelles et positives avec les professeurs. Pas étonnant que si l’image d’être étudiant à l’Université d’Ottawa, telle que la montre l’administration, ne colle pas avec la réalité, on est en droit de se demander c’est quoi être étudiant à l’U d’O?

                  La majorité des étudiants ne semblent pas sentir qu’ils appartiennent à l’U d’O et de là vient un problème plus complexe : comment changer cette apathie généralisée envers tout ce qui vient du campus? Est-ce la faute des étudiants ou de l’Université? À qui revient la responsabilité de créer un campus à l’image de ses étudiants?

                  Si ces derniers étaient réunis autour de projets communs, quel que soit leur nature, ces questions n’auraient pas besoin d’être posées. Qu’on s’intéresse aux sciences, aux arts ou aux sports, le campus doit être un lieu d’échanges. Ce partage peut être d’autant plus riche, puisque l’U d’O accueille des étudiants de provenances diverses, à la fois à l’échelle nationale et internationale.

Cette union d’intérêts ne doit pas seulement avoir lieu sur des pictogrammes, mais aussi au quotidien. L’apprentissage ne se passe pas seulement dans les salles de classe.

Encourager cet échange, c’est donner plus de ressources aux clubs et associations étudiantes, car ils ont le potentiel d’enrichir la vie universitaire. Ni de simples vidéos de promotion, ni des affiches à Montréal et à Toronto ne suffiront à berner les étudiants quant à ce que l’Université offre.

À long terme, il est nécessaire de donner plus de pouvoir aux étudiants dans la gouvernance de l’Université, que ce soit au Bureau des gouverneurs ou au Sénat, afin qu’ils s’approprient le campus et transforment les espaces vides en lieux avec leurs caractéristiques propres. Ce pouvoir doit être revendiqué par la communauté étudiante elle-même.

Mais si la vision de l’étudiant-type proposée par la campagne de promotion de l’Université diffère autant de la réalité, c’est qu’il existe un faussé entre l’administration et les étudiants. Pour ces derniers, la quête identitaire continue.

 

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