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Analyse des eaux usées pour détecter la COVID-19

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15 octobre 2020

Crédit visuel : Université d’Ottawa

Par Miléna Frachebois – Cheffe du pupitre Actualités

Alors que la deuxième vague sévit à Ottawa, les études scientifiques de la COVID-19 se poursuivent. L’une d’entre elle consiste en une analyse des eaux usées, permettant d’obtenir des données concernant la propagation du virus dans la région d’Ottawa-Gatineau. Patrick D’Aouste en est l’un des membres, et explique le projet.

D’Aouste est officier technique et étudiant au doctorat en Génie de l’environnement à l’Université d’Ottawa. Il travaille actuellement en collaboration avec l’Institut de recherche du Centre hospitalier pour enfants de l’est de l’Ontario (CHEO), et l’Université dans le cadre de cette initiative visant à encourager la détection de la COVID-19 dans les eaux usées.

La Rotonde (LR) : Depuis quand entreprenez-vous ce projet ? En quoi consiste-t-il ? 

Patrick D’Aouste (PD) : On a commencé au début du mois d’avril, le huit pour être exact. Notre objectif était de créer un nouvel outil épidémiologique pour les communautés, être utile. En tant que membre de la communauté, on a de l’équipement et des capacités pour aider. On a voulu supporter les offices de la santé publique, comme Santé Publique Ottawa (SPO), et le Centre intégré de santé et des services sociaux de l’Outaouais, et leur fournir des données qui peuvent corroborer avec ce qu’ils voient dans les tests cliniques. […] on est devenu un outils que les santés publiques utilisent. 

Pour procéder, on collecte des échantillons composites journaliers, […] composé[s] de plusieurs plus petits échantillons, qui proviennent de la journée précédente. À Ottawa, nous collectons des échantillons chaque jour, et à Gatineau, une fois par semaine. […] On va chercher l’échantillon, on fait une concentration de la matière fécale et des matières solides présentes dans les eaux usées en laboratoire, et on fait un extraction d’acide nucléique […]. Ensuite, on fait une analyse et une quantification pour détecter le niveau de virus présent dans les eaux des municipalités. 

Par la suite, on fait une normalisation […] [qui nous permet de] comparer les échantillons de ville en ville, ou d’échantillon en échantillon dans une même municipalité. La comparaison des échantillons est impossible [sans ce processus], car il y a tellement de paramètres différents, comme la façon dont les usines fonctionnent, les sources d’eaux, et car on travaille avec Hamilton, Gatineau, Ottawa, et on a travaillé avec Peel, York.

LR : Comment avez-vous eu l’idée de ce projet ? Cette méthode est-elle utilisée ailleurs dans le monde ? 

PD : Le projet a vu le jour car on avait un laboratoire pour d’autres projets, en marche au début de la pandémie. Puisque notre groupe avait une expertise en eaux usées, on s’est dit : « pourquoi pas faire la détection du virus ?» Début avril, il y avait encore très peu de recherches scientifiques, et très peu de recherches accessibles en ligne [à ce sujet]. 

On fait partie d’un organisme du Réseau canadien de l’eau. Plusieurs groupes travaillent sur le développement d’une méthode pour la détermination du COVID-19 dans les eaux usées, [avec qui] on se rencontre et échange […]. On est le premier groupe qui [a] fait un rapport journalier à SPO. On s’est dit que cela semble être possible ailleurs, il n’y avait pas de publications au début. On est parti plus tard que le reste du monde car la COVID-19 a frappé en Amérique plus tard. Nous sommes le premier groupe au Canada. Mais il y a depuis des centaines d’articles semblables à ce qu’on fait. 

LR : Estimez-vous avoir progressé depuis le début des essais ? Pensez-vous que ce projet est prometteur ? 

PD : On s’est amélioré en laboratoire. Nous avons [aussi] amélioré notre procédure. Auparavant, le test pouvait prendre plus de 18h. Maintenant, on peut l’effectuer en  huit heures. La prochaine étape c’est de savoir où est ce qu’on peut aller chercher des échantillons afin d’être le plus utile. 

LR : En quoi le projet permet-il de contribuer à l’effort pour lutter contre la COVID-19? 

PD : […] On fait partie d’un groupe qui essaie d’augmenter les capacités en laboratoire, on aimerait ensuite descendre plus bas dans les conduites d’égout et voir par quartier. SPO nous demande si on peut aller dans les égouts des hôpitaux, des maisons de retraite. […] 

C’est important, car on est capable de faire la détection au sein d’un groupe de personnes, avant même que les gens démontrent des symptômes, donc on peut éviter que ça se propage. D’ici deux à trois semaines, on va commencer à déployer à plus grande échelle encore. 

Un autre avantage, c’est qu’on détecte toutes les personnes qui produisent des eaux usées, donc qui vont aux toilettes, qu’ils.elles le veulent ou non. On teste 91.6% de la population tous les matins. C’est donc beaucoup plus que que 5000-6000 tests par jour. On capture d’autres catégories de personnes : ceux et celles qui n’ont pas de symptômes, qui ne se font pas tester, ce qui donne une vraie image du taux d’infection dans la communauté.

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