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Arts et culture

Beauté et ambiguïté d’une épopée romantique moderne

Culture
15 février 2021

Crédit visuel : Marie-Ève Duguay – Journaliste

Critique rédigée par Marie-Ève Duguay – Journaliste 

En route vers nowhere, c’est l’histoire touchante de Sara et Sébastien, meilleur.e.s ami.e.s depuis l’âge de onze ans. Ce nouveau roman de Sophie Laurin, publié en 2020 aux Éditions Hurtubise, se penche sur le passage délicat et subtil de l’amitié à l’amour. Le lire, c’est se laisser porter par une ode aux relations de jeunesse depuis le confort de chez soi.

Après être tous les deux redevenus célibataires, les deux compères décident de partir en voyage à travers le Québec à bord de Lucette, une vieille voiture qui risque de rendre l’âme à tout moment. Entre motels délabrés et repas douteux de station-service, ils examinent leur relation remplie d’incertitudes et de malaises, sans se douter des surprises que leur réserve l’aventure. 

Formule gagnante

Pour un premier roman, l’auteure a su présenter un livre tout de même très sympathique. S’il ne se démarque pas par son originalité, puisqu’il aborde une histoire assez prévisible, il brille par sa syntaxe simple et colorée, et ses personnages attachants. 

Le dialogue entre ces derniers est parsemé d’humour subtil et de figures de style qui rendent le tout fortement agréable à lire. L’utilisation d’un registre familier dans les dialogues est appréciée, et permet ici d’approfondir la relation entre les protagonistes. Qu’il s’agisse d’expressions populaires, d’abréviations, ou même de jurons, ces éléments ne sont pas employés inutilement ni excessivement, et rendent les conversations plus intimes et authentiques. 

Pour certain.e.s, l’écriture de Laurin peut manquer de substance, mais les chapitres courts et les phrases simples rendent l’ensemble très fluide et accessible. Ce style fait aussi du roman une lecture rapide et parfaite pour les journées passées à l’intérieur, assez fréquentes en ces temps d’isolement. S’il est vrai que l’histoire manque d’originalité, elle reste agréable. Si la formule fonctionne, alors pourquoi chercher à la changer ?

Humour et nostalgie

Il est important de noter que les chapitres du livre alternent entre le voyage « vers nowhere » des ami.e.s, et les événements du passé de Sara. À travers un ensemble de retours en arrière, Laurin explore l’art des occasions manquées et permet aux lecteur.rice.s d’en apprendre davantage sur les événements, souvent inconfortables, qui ont modelé la relation entre les deux protagonistes.

Comme elle le mentionne dans une entrevue avec Bible Urbaine, Laurin dresse dans son livre le portrait de l’époque dans laquelle elle a grandi. Cet ensemble de références culturelles est sans aucun doute un des points forts du livre. Entre les Backstreet Boys et autres groupes préférés de Sara, la technologie d’antan, et les « bonbons à une cenne » ; ces allusions à un autre temps sont à mourir de rire, et invitent à la nostalgie des lecteur.rice.s. Les retours en arrière limitent néanmoins le public cible du livre. Celles et ceux qui n’ont pas vécu la sortie du premier Ipod Nano, ou expérimenté la messagerie MSN n’apprécieront pas autant les passages où les personnages sont encore à l’école. Et je tiens à le souligner : ils occupent une partie importante du livre. 

Ce n’est pas pour rien que le livre a connu un grand succès dans le monde de la littérature québécoise. En mélangeant une histoire d’amour, des personnages familiers, et un style coloré à des références qui font sourire, En route vers nowhere est une lecture parfaite en cette période de Saint-Valentin. Je la recommande vivement à tou.te.s celles est ceux qui aimeraient partir en voyage, tomber en amour, ou qui cherchent tout simplement à vivre une expérience réconfortante. 

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