Inscrire un terme

Retour
Actualités

Colocation en temps de pandémie : bonne ou mauvaise idée ?

Malek Ben Amar
11 février 2022

Crédit visuel : Nisrine Nail – Directrice artistique

Article rédigé par Malek Ben Amar – Journaliste

Vivre en colocation en pleine pandémie se révèle parfois être un véritable défi. Face aux risques sanitaires qui les menacent, certain.e.s tentent de résister, d’autres décident de partir pour s’isoler ou essaient de dresser des règles pour mieux gérer la situation. Cela n’est pas toujours évident. 

La majorité des étudiant.e.s vivent en colocation afin de minimiser les dépenses liées au logement. Certains espaces sont néanmoins partagés en commun, comme l’expliquent les sources interrogées. En temps de pandémie, l’option de rester isolé.e dans une pièce privée pour éviter les contagions peut s’avérer donc difficile.

Le désinfection incessante…

Chloé*, étudiante à l’Université d’Ottawa (U d’O) qui a souhaité rester anonyme, indique que ses colocataires sortent pour faire la fête chez leurs ami.e.s, bien que cela soit risqué. Ils.elles invitent leurs ami.e.s chez eux.elles à plusieurs reprises. « C’était gênant quand j’ai trouvé le salon bondé en quittant ma chambre ; la fumée s’imprégnait partout, personne ne portait un masque et toutes les fenêtres étaient fermées », confie-t-elle. Chloé qualifie leur fête d’anniversaire comme « un cauchemar infernal ».

Malgré la désinfection et ventilation permanentes, elle a toujours l’impression que le virus est suspendu dans l’air. « Ce problème me hante. Cela devient même maladif, mais personne ne m’écoute », continue-t-elle.

Chloé ne semble pas être la seule dans cette situation, puisque c’est également le cas de Myriam*, aussi étudiante à l’U d’O, qui partage son appartement avec quatre personnes. Elle explique que les rassemblements chez elle sont devenus une habitude qu’elle ne peut plus empêcher. Ses colocataires, qu’elle connaît à peine, lui sont toujours indifférent.e.s.

« Toujours avec les mêmes colocataires depuis le début de la pandémie, la cohabitation me cause beaucoup d’angoisse. Je suis devenue une maniaque des produits stérilisants, je passe tout à l’alcool : électroménagers, poignets, chaises, ustensiles,  télécommandes, etc.  […] J’en utilise tout le temps, chaque jour et partout », raconte-t-elle.

…et l’isolement total…

Les deux étudiantes aimeraient que tout le monde fasse le même effort qu’elles, c’est-à-dire se priver d’une part de liberté pour le bien commun. Myriam explique qu’à chaque fois qu’elle partage ses craintes, elle a l’impression qu’on la trouve exigeante et exagérée. « J’ai même dû en arriver à leur dire que soit l’on en finit immédiatement avec ces rassemblements, soit j’appelle la police », ajoute-elle, encore ébranlée d’être obligée de les avoir averti.e.s ainsi.

Chloé, quant à elle, rapporte qu’elle suit le principe « la liberté des un.e.s s’arrête là où commence celle des autres ». D’après elle, bien que nous soyons tou.te.s libres, nous devons établir des limites pour ne pas nuire au bien-être d’autrui. Elle pense que si la situation demande que l’on s’isole ou minimise ses contacts, on doit le faire par respects pour ses colocataires. De son côté, elle fait de son mieux pour rester dans sa chambre et éviter tout risque de contamination.

…sont-ils toujours suffisants ?

« Mais ce n’est pas assez , il nous a fallu dresser dès le départ un guide de bonne conduite », dit Myriam en regrettant le fait de ne pas avoir établi un règlement intérieur en colocation, qu’elle juge fondamental et indispensable. Tout comme Chloé, elle pense qu’il faut se mettre d’accord sur la marche à suivre, car il est presque impossible de vivre ensemble sans une charte. Celle-ci, d’après son expérience, garantit une bonne organisation de la vie en communauté.

Selon Myriam, l’improvisation dans ces situations ne mène à aucune solution, surtout lorsque l’on n’a pas pris le temps qu’il faut pour connaître ses colocataires. « Au moment où vous choisissez de vivre en colocation, prenez tout le temps nécessaire pour vous mettre autour d’une table et énoncez tous les points qui constituent votre charte », conseille-t-elle. Elle assure qu’il s’agit de la meilleure alternative pour jouir d’un mode de logement durable et sans conflits.

*Chloé et Myriam sont des pseudonymes, les deux étudiantes ayant souhaité rester anonyme.

Inscrivez-vous à La Rotonde gratuitement !

S'inscrire