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Communiquer ses émotions avec de nouveaux émojis

Maxence Bahaban
16 février 2023

Crédit visuel : Marie-Ève Duguay – Rédactrice en chef 

Article rédigé par Maxence Bahaban – Journaliste

Récemment, une nouvelle étude menée par Isabelle Boutet, professeure adjointe à l’École de psychologie de l’Université d’Ottawa, a vu le jour. Cette étude, publiée sur ScienceDirect, porte sur les émojis et leur rôle dans nos communications, ainsi que l’ambiguïté que ces derniers peuvent avoir. En menant cette recherche, Boutet et son équipe se sont demandé comment utiliser les émojis pour mieux communiquer nos sentiments.

Les émojis sont des outils que nous utilisons quotidiennement : d’après l’étude, ils sont même utilisés dans plus de la moitié des messages. Les émojis ajoutent une dimension permettant, pour Boutet, de « contextualiser le sentiment qu’on essaie d’exprimer à travers le texto ». Une étudiante en communication, qui préfère ne pas partager son nom, affirme qu’elle utilise effectivement souvent des émojis dans ses conversations et que « cela [lui] permet d’animer et de mettre en avant les émotions [qu’elle] ressent ».

Émojis qui affectent nos messages

Cet effet sur les émotions est au cœur de la recherche de Boutet. Cette dernière, son domaine de recherche étant « sur le traitement des visages », s’est intéressée aux similarités entre le rôle des émojis et celui de nos expressions faciales. En effet, selon Boutet, les expressions faciales transmettent les sentiments lors de conversations verbales. Tandis que les émojis, eux, remplissent cette mission, mais à l’écrit.

Pour arriver à cette première conclusion, une première recherche a été faite. Celle-ci a impliqué plusieurs participant.e.s qui ont lu des textos avec et sans les émojis « les plus populaires ». Le résultat de ce travail indique une plus grande efficacité du traitement du message lorsqu’un émoji est présent. La personne lit et comprend le message plus rapidement. D’après cette recherche préliminaire, les émojis ont aussi permis d’interpréter le ton émotionnel allant avec le texte.

Ces résultats indiquent que les émojis sont utiles pour « faciliter la communication via les textos », d’après Boutet. Néanmoins, bien que ces effets positifs soient remarqués, un problème a fait surface, d’après Boutet et son équipe. Selon eux, plusieurs de ces émojis seraient ambigus et portent donc à la confusion, car l’émotion interprétée n’est pas toujours la bonne. Un problème que ressent aussi l’étudiante en communication, qui affirme que certaines personnes aiment « jouer sur cette ambiguïté ».

Comment éviter cette confusion ?

Dans l’objectif de rendre les émojis clairs et sans ambiguïté, Boutet a émis l’hypothèse qu’il doit être possible de « créer de nouveaux émojis dont l’interprétation serait plus claire, moins ambigüe ». C’est ainsi que l’idée d’intégrer les signaux et expressions faciales du visage aux émojis, afin de les rendre plus précis et rendre leur interprétation plus consistante, a été avancée, poursuit-elle. La suite de la recherche comporte donc la création de ces nouveaux émojis plus adaptés.

Pour cela, le travail de Paul Ekman sur les expressions faciales a été utilisé et plus précisément son compendium des muscles utilisés pour chaque expression, développe Boutet. Ekman appelle cela les « action units ». À partir de là, de nouveaux émojis basés sur les expressions faciales ont été créés. Il n’a pas été facile de placer certaines caractéristiques faciales sur des émojis. En effet, les émojis étant principalement en forme de cercle, certaines expressions faciales doivent modifier le contour de ce cercle, ce qui n’est pas réalisable sans déformer les émojis.

Afin de juger de leur efficacité, Boutet a décidé de comparer les deux types d’émoji qui représentent une émotion similaire. Dans la majorité des cas, les résultats ont été meilleurs pour les « nouveaux émojis », démontrant ainsi que l’idée d’ajouter des actions units aux émojis est valable. Toutefois, certaines exceptions sont à noter.

Il faut encore attendre 

Pour Boutet, la joie est « dure à transmettre », notamment à cause des expressions symbolisant la joie. Celles-ci ne sont pas transmissibles en émojis dû à un manque de profondeur de ces derniers. Cela est le cas à la fois pour les émojis couramment utilisés et pour ceux inventés par Boutet et son équipe. À l’inverse, pour la tristesse,  les nouveaux émojis sont jugés moins efficaces que ceux actuellement en place. Cela s’explique, selon elle, par la symbolique des pictogrammes, qui peut aider dans la compréhension, la tristesse étant représentée par une larme, par exemple.

Boutet tient tout de fois à nuancer en précisant qu’un symbole acquiert de la signification avec le temps et en intégrant la culture, « alors qu’avec l’expression faciale du visage et les action units, c’est quelque chose qui est considéré comme étant universel ». L’accès à ces émojis va, en revanche, devoir attendre. Boutet explique en effet qu’il faut soumettre ses émojis via Unicode et attendre d’être approuvé. Néanmoins, elle reste confiante que ces émojis aideront à faciliter et clarifier la communication entre individus.

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