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Sports et bien-être

L’art de naviguer ses émotions en patin avec Elladj Baldé

Mabinty Toure
24 janvier 2023

Crédit visuel : Cassie Andrianaharison – Créatrice de contenu 

Article rédigé par Mabinty Touré – Journaliste

À l’occasion du lancement de la Semaine du mieux-être 2023, l’Université d’Ottawa (U d’O) a accueilli le patineur artistique Elladj Baldé. L’événement du lundi 16 janvier avait pour but de rappeler l’importance de la culture du bien-être à la communauté universitaire ainsi que d’en faire la promotion. Le patineur a participé à une discussion au cours de laquelle il a mis en avant la santé mentale des athlètes noir.e.s dans des sports qui restent majoritairement blancs.

Cérémonie d’ouverture

Jennifer Doyle, vice-rectrice aux finances et à l’administration, a ouvert la cérémonie avec quelques mots d’explications. La Semaine du mieux-être, allant du 16 janvier au 20 janvier, se concentrait cette année sur les sept piliers du mieux-être, soit « l’émotion, l’environnement, la finance, l’intellect, le physique, le social et le spirituel », a-t-elle détaillé. 

La présence du patineur artistique Elladj Baldé a permis d’ouvrir de multiples discussions au sujet de la santé mentale auprès des étudiant.e.s, des professeur.e.s et autres membres de l’U d’O. Pour Josaphat Joseph, adjoint administratif pour le secteur du Soutien au bien-être, avoir l’opportunité d’écouter l’expérience d’une personne issue de la communauté noire dans le patinage artistique est rarissime.

Elladj Baldé est un patineur artistique médaillé qui possède 15 ans d’expérience. Alors qu’il est connu depuis son très jeune âge, grâce à ses participations à diverses compétitions, il est aujourd’hui également célèbre pour ses vidéos TikTok, qui rassemblent des millions de vues. Lors de la discussion animée par la professeure nigériane-canadienne de yoga et de Pilates Ro Nwosu, Baldé a été amené à partager ses expériences, à partir desquelles il a tiré de multiples leçons.

NAV 1601 : Comment naviguer ses émotions ?

« Vivre avec intention » : cette phrase a été prononcée à plusieurs reprises par le patineur de renommée internationale. Il a affirmé que le fait de « vivre avec intention » lui a permis de prendre le temps de naviguer ses émotions et de ressortir plus fort des péripéties.

Baldé a expliqué qu’en 2020, il s’était mis à poster sur TikTok des vidéos de ses performances sur glace naturelle. La pandémie de la COVID-19 a été perturbante pour cet artiste, qui se nourrit de l’énergie du public. Il confie avoir ressenti beaucoup d’angoisse face à l’inconnu qui se cachait derrière l’utilisation de cette plateforme, mais surtout, le sentiment de ne pas être à la hauteur. Il a relevé, cependant, l’importance de sortir de sa zone de confort.

Un aspect primordial de son épanouissement personnel a été d’apprendre à gérer sa relation avec l’échec. Il raconte que cet apprentissage découle de plusieurs expériences, dont celle de la déchirure de son ligament croisé. Après avoir eu l’opportunité de discuter avec un psychologue du sport, il a appris la devise « come back stronger», soit revenir plus fort.e. En déterminant ses points forts et faibles, il a pu établir les éléments sur lesquels il allait se concentrer pendant ses huit mois de convalescence. Selon lui, cela lui a permis de ressortir de cette expérience en étant une nouvelle et une meilleure personne.

Être authentique

Selon Nwosu, il est courant de ressentir de l’aliénation et de l’éloignement en tant que personne noire. Pour le cas de Baldé, cela s’applique dans le milieu du patinage, dans lequel il a constamment ressenti le besoin de se réinventer.

Lors de la conférence, Nwosu a proclamé l’impact positif que le patineur a eu sur son propre fils. Elle a discuté de l’émerveillement que le jeune garçon noir a ressenti lorsqu’il a vu Baldé en vidéo pour la première fois. Cela a démontré, selon elle, l’importance pour la communauté noire d’être représentée dans des domaines que l’on pourrait considérer comme blancs.

Le sportif, lui aussi, s’est remémoré la première fois qu’il a vu un patineur noir performer. Le fait de le voir sortir de « la case contraignante » du patinage artistique en dansant sur de la musique hip-hop et en utilisant du popping dans sa chorégraphie a encouragé le patineur à être lui-même.

Baldé a affirmé que son identité faisait partie intégrante de son patinage et lui permettait de rester connecté à tout moment. Il a raconté qu’en grandissant, le patinage artistique l’avait aidé à maintenir ses racines russes et que son voyage en Guinée à l’âge de 24 ans lui avait permis de reprendre contact avec sa famille, d’établir une connexion avec la nature et de prendre conscience de sa valeur en tant que personne.

Le patineur médaillé a également démontré son dévouement à la question du racisme et de la discrimination. Il est revenu, entre autres, sur la montée du mouvement Black Lives Matter en 2020 en réponse à la mort de Georges Floyd. C’est, selon lui, en discutant avec d’autres patineurs noirs à travers le monde qu’il a pu créer un sentiment de communauté qui lui a permis de surmonter la douleur.

Ensemble, ils ont ainsi pu former une alliance dans le but d’obliger les organisations sportives nationales, dont Patinage Canada, à apporter de réels changements au sein du système. Baldé et sa femme ont également créé la fondation The Figure Skating Diversity and Inclusion afin de soutenir les jeunes racisé.e.s dans le monde du patinage.

Pour clore l’événement, Baldé a organisé un spectacle sur la patinoire de Minto pour les participant.e.s. Ayant déjà suivi des cours de patin, Samora Julmisse, étudiante de deuxième année en kinésiologie, a exprimé son bonheur de voir une performance de patinage artistique, en vrai, pour la première fois. Joseph a déclaré que le public avait assurément été énergisé par cet évènement qui restera, selon lui, une expérience marquante pour tou.te.s.

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