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Sports et bien-être

Une bourse innovante pour les étudiant.e.s neurodivergent.e.s en droit

Visuel : Courtoisie

Article rédigé par Jessica Malutama — Cheffe du pupitre Sports et bien-être

Le 10 février 2025, la Faculté de droit de l’Université d’Ottawa (U d’O) a inauguré une bourse inédite visant à soutenir les étudiant.e.s neurodivergent.e.s dans leur parcours juridique. Portée par des étudiantes et l’Association des étudiant.e.s en droit civil (AED), cette initiative est l’une des premières du genre dans l’Est du Canada.

Une initiative par et pour les étudiant.e.s

Créée par les étudiantes en droit Katrina Gagné et Corinna Bertolli, le projet soutenu par l’AED et financé par le cabinet LCM Avocats Inc., vise à répondre aux défis spécifiques des étudiant.e.s neurodivergent.e.s de la Section de droit civil de l’U d’O.

Les bourses LCM Avocats Inc. dédiées à la neurodiversité s’adressent aux étudiant.e.s ayant un trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), un trouble du spectre de l’autisme (TSA) ou un trouble de l’apprentissage (dyslexie, dyspraxie, etc.).

Pour Gagné, ce projet revêt une dimension personnelle : « Cette bourse est un message de reconnaissance. Elle permet aux étudiant.e.s concerné.e.s de se dire : ‘’On me voit, on comprend mes difficultés et on valorise mon parcours.’’ » Bertolli espère quant à elle que ce projet ouvrira la voie à une meilleure adaptation du milieu universitaire et professionnel aux réalités de la neurodivergence.

L’AED, qui a accompagné les deux étudiantes dans la concrétisation de l’initiative, a notamment facilité la recherche de partenaires et organisé la remise officielle des bourses qui aura lieu lors du Gala Grand Maillet, un événement réunissant étudiant.e.s, professeur.e.s et professionnel.le.s du milieu juridique.

Des défis invisibles dans un cadre rigide

Si les études en droit sont exigeantes pour tou.te.s, elles le sont d’autant plus pour les étudiant.e.s neuroatypiques devant composer avec des obstacles supplémentaires et souvent méconnus, exprime l’instigatrice principale du projet.

Gagné rappelle que la neurodiversité regroupe des réalités variées. Les étudiant.e.s ayant un trouble de l’apprentissage peuvent rencontrer des difficultés en lecture et en compréhension, tandis que ceux.celles atteint.e.s d’un TDAH font notamment face à des enjeux d’organisation, de concentration et de gestion du stress. « En tant que personne autiste, mes enjeux sont majoritairement de l’ordre de l’exécutif et du social. Donc, ça va surtout être lié à l’intégration sociale et la communication, tant écrite qu’orale », poursuit Gagné.

Au-delà des défis académiques, des stéréotypes ancrés dans le monde juridique compliquent l’intégration des étudiant.e.s neurodivergent.e.s, explique Charles-Édouard Corgier, vice-président aux affaires externes de l’AED. « Il existe une idée préconçue de l’avocat.e idéal.e et des compétences qu’il.elle doit posséder. C’est un modèle très restrictif », qui mérite d’être repensé pour inclure d’autres parcours, soutient l’étudiant.

Une bourse qui dépasse le soutien financier

Au-delà de l’aide financière, cette bourse a une portée symbolique forte. « Elle vise vraiment à dire aux personnes neuroatypiques qu’elles sont vues, qu’on les soutient et qu’on a hâte de voir leur progrès dans le monde juridique. C’est un encouragement », affirme Bertolli.

Ce projet comble un manque de bourses pour cette communauté à l’U d’O, explique Gagné. Elle confie : « Il existe des bourses pour de nombreuses personnes, selon l’origine ethnique, le statut socio-économique, la langue, les parcours de vie exceptionnels, mais pas pour la neurodiversité. Je voulais en faire une pour les personnes neurodivergentes pour qu’on ne soit pas oublié.e.s. »

Corgier souligne que valoriser les étudiant.e.s neuroatypiques en leur offrant des outils pour réussir et en déconstruisant les stéréotypes qui les entravent permet non seulement de changer le regard du public sur ces profils, mais aussi de leur donner l’espace nécessaire pour développer leurs compétences et leur potentiel.

Bien que portée par l’AED et financée par LCM Avocats Inc., l’objectif à long terme est d’officialiser la bourse au sein de l’Université afin d’assurer sa pérennité sur plusieurs années et d’attirer d’autres partenaires et sources de financement.

L’instauration de cette bourse a contribué à sensibiliser l’Université aux enjeux de la neurodivergence, entraînant l’adoption progressive d’accommodements plus adaptés, rapporte Gagné. 

Comment postuler ?

Les bourses LCM Avocats Inc. dédiées à la neurodiversité s’adressent aux étudiant.e.s concerné.e.s inscrit.e.s à temps plein ou partiel à la licence générale en droit civil, au certificat en droit autochtone ou au certificat général en droit à l’U d’O. Aucune preuve médicale n’est requise, l’admissibilité étant basée sur l’auto-déclaration.

Quatre bourses d’une valeur de 500 dollars seront attribuées aux récipiendaires. Les candidatures doivent être envoyées avant le 3 mars 2025 à 23h59. Les étudiant.e.s sont appelé.e.s à soumettre une lettre de motivation en français ou en anglais (200 à 500 mots) faisant part de leur vécu personnel en répondant à la question suivante : « Comment les facultés de droit et les milieux professionnels peuvent-ils mieux soutenir les personnes neurodivergentes ? »

Le processus de sélection sera supervisé par un comité composé d’étudiant.e.s et d’une représentante de la Faculté de droit, Section de droit civil. 

Pour toute question concernant votre candidature ou les critères d’admissibilité, veuillez contacter Mme Daniella Ingabire, Conseillère en équité et réussite scolaire à la Faculté de droit, Section de droit civil, à l’adresse Dingabir@uottawa.ca.

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