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Sports et bien-être

Coupe du Monde 2019: un combat sur et en dehors du terrain

Rédaction
24 juin 2019

Par Alex Benimana

L’édition 2019 de la Coupe du Monde de soccer féminin se joue en France depuis le 7 juin 2019. L’équipe du Canada, forte de sa cinquième place au classement de la Fédération internationale de football association (FIFA), se présente en outsider de la compétition derrière les États-Unis champions en titre, l’Allemagne et le pays hôte. Malgré une défaite lors de la dernière journée de phase de groupes face aux Pays-Bas, les Canucks se sont qualifiées pour les huitièmes de finale.

Les joueuses défendent leurs droits

Avant même qu’elle ne débute, la Coupe du Monde 2019 a été au centre de débats en dehors du sport. Tout d’abord par une absence très remarquée, celle de la joueuse Ada Hegerberg. La joueuse norvégienne de 23 ans est lauréate en 2018 du tout premier Ballon d’Or féminin. Le trophée désigne la meilleure joueuse de l’année, élue par un panel de journalistes, capitaines et sélectionneurs nationaux.

En conflit ouvert avec sa fédération nationale de soccer depuis 2017, elle a confirmé au cours d’une émission quelques jours avant le coup de sifflet initial qu’elle manquera la grande messe mondiale du soccer, pour protester contre le traitement inégal réservé aux femmes dans ce sport. Bien que la sélection féminine norvégienne soit championne du Monde et double championne d’Europe, la plupart des joueuses professionnelles évoluant dans le pays ne gagnent pas suffisamment pour vivre et doivent souvent prendre un second métier, a rappelé la joueuse au cours d’une entrevue.  Au cours de cette entrevue, pour le magazine norvégien Josimar, sorti juste avant la compétition, la Ballon d’Or a affirmé avoir « le sentiment que la Fédération n’a jamais considéré sérieusement le foot féminin depuis qu’[elle a] été appelée en U15 (sélection des joueuses de 15 ans et moins) » . 

Cette déclaration vient s’ajouter à plusieurs polémiques concernant des favoris de la compétition. Il y a 3 mois, 28 membres de l’équipe états-unienne ont intenté un procès à leur fédération, pour « discrimination de genre institutionnalisée ». Dans leur lettre, les plaignantes font remarquer “les joueuses ont été constamment payées moins que leurs homologues masculins, malgré des performances supérieures”. En France, le fait que l’équipe masculine ait occupé fin mai les loges principales du centre d’entraînement national pour préparer un match amical, passant avant les femmes préparant simultanément leur Coupe du Monde, n’a pas manqué de faire réagir dans les médias.

Les salaires et l’exposition au coeur du débat

L’égalité salariale est un débat de longue date pour le soccer féminin. Selon les chiffres de la FIFA, le vainqueur de la Coupe du monde 2018 chez les hommes a empoché 38 millions de dollars US , soit 10 fois plus que la récompense prévue pour le vainqueur de l’édition féminine de 2019. Cependant, les compétitions masculines génèrent aujourd’hui beaucoup plus d’argent: Si Canada Soccer avait annoncé près de 500 millions de dollars canadiens de revenus liés aux Coupes du Monde féminines des moins de 20 ans en 2014 et adultes en 2015, la FIFA a chiffré à 4.8 milliards de dollars US les revenus liés à la seule Coupe du Monde 2014 chez les hommes.  

C’est pourquoi certains préfèrent agir en amont pour la visibilité du sport, comme Brigitte Henriques, vice-présidente de la Fédération française de football. Au cours d’une interview accordée à l’Express en mai, Mme Henriques a expliqué:  « Au mois de septembre, pas grand monde ne savait que la Coupe du monde allait avoir lieu.[…] Il a fallu créer un engouement pour que tout le monde ait envie d’acheter des billets pour aller voir les matchs”. Les joueuses quant à elles ne manquent pas d’imagination pour tacler le manque de reconnaissance et les préjugés dont elles se sentent victimes: les équipes allemandes et norvégiennes ont publié chacune des vidéos de promotions humoristiques, ou elles moquent les stéréotypes sur le soccer féminin.

Un public encore discret

Au Centre-ville d’Ottawa, les publicités diffusant les événements sportifs ne ressentent pas encore l’effet de la compétition, surtout après le succès historique des Raptors de Toronto en basket. Bailey, barman au Father & Sons, n’a remarqué que « quelques petits groupes venant de temps en temps » pour la Coupe du Monde. 

Sarah et Rick, serveuse et gérant du Sens Pub dans le Marché Byward, avouent quant à eux ne pas encore avoir entendu parler de la Coupe du Monde, qu’ils diffusent depuis 2 semaines. Le bar était « totalement vide » le jeudi 20 juin pour le dernier match de groupe du Canada face aux Pays-Bas, d’après Sarah. Pour Shaun, barman au Senate Tavern, établissement fortement fréquenté du Marché, rien de surprenant: « L’horaire des matches est un peu décourageant pour les gens qui doivent venir en début ou milieu d’après-midi ». Tous s’accordent à dire cependant qu’ils s’attendent à un intérêt croissant du public au fil de  la compétition, surtout si le Canada effectue un beau parcours.

Briller pour une place dans l’histoire

L’équipe nationale canadienne, menée par leur emblématique capitaine Christine Sinclair, affiche de grandes ambitions cette année. Médaillées de Bronze aux Jeux olympiques de Rio en 2016, les Canucks visent maintenant à briller en surpassant leur meilleur résultat dans la compétition reine du sport: une quatrième place en 2003. Pour se faire, elle dispose de « l’équipe la plus talentueuse de son histoire » selon Sinclair.

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