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Coupures au RAFÉO: un coup dur encaissé par les étudiants

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8 septembre 2019

Crédit visuel; photo courtoisie

Par Maeve Burbridge – Cheffe du pupitre actualités

L’année scolaire 2019-2020 s’annonce difficile pour bon nombre d’étudiant.e.s de l’Université d’Ottawa (U d’O). Ceux-ci peinent à payer des frais scolaires depuis les coupures fordiennes au programme du Régime d’aide financière aux étudiant.e.s de l’Ontario (RAFÉO), annoncées en juin. La Rotonde s’est entretenue avec trois étudiantes pour cerner leurs perspectives sur cet enjeu contentieux.

La Rotonde: Présentez-vous.

Mélina: Je m’appelle Mélina Leclerc. J’entame ma deuxième année en finance.

Anne: Je m’appelle Anne Hamels et je suis en deuxième année, en théâtre.

Giovana: Je m’appelle Giovana Oliveira Calamari et je débute ma cinquième année en génie chimique.

La Rotonde: Comment bénéficiez-vous de l’aide financière fournie par le RAFÉO?

Mélina: Je bénéficie de l’aide financière pour payer entièrement mon programme d’études puis quand c’est possible, mes manuels aussi, parce que mes parents ne peuvent pas m’aider pour ça. J’ai des prêts et des bourses qui malheureusement font l’objet de coupures. 

Anne: J’ai appliqué pour le RAFÉO pour ma première année, puis ça m’a beaucoup aidé pour couvrir ma première année à l’Université.

Giovana: Le RAFÉO est la seule raison que je suis présentement aux études. Ma mère et moi, nous avons immigré au Canada il y a 8 ans, du Brésil. Nous recommençons à zéro dans un nouveau pays.

La Rotonde: Comment les changements apportés au RAFÉO vous affectent-ils?

Mélina: Ça me stresse. J’ai eu mes prêts pour cette année, puis j’ai commencé à stresser parce qu’il manquait de l’argent. En plus, les manuels n’étaient plus payés. C’était juste les frais en tant que tels qui étaient à peine couverts mais il en manquait. L’année passée, je pouvais payer mes manuels et le reste, je n’avais pas à stresser. Mais là, je stresse. Je dois économiser pour ça, ce qui m’énerve parce que je dois aussi économiser pour autre chose.

Anne: L’année passée, j’avais des bourses du RAFÉO. Là, j’en ai plus du tout. Je reçois encore des prêts du gouvernement, ce qui est bien, mais je trouve que ce n’est aucunement assez car les prêts ne donnent pas la même stabilité ni le même réconfort qu’une bourse. Le fait d’alléger le fardeau financier des étudiants coûte très peu au gouvernement. Mais nous, les étudiants, on n’a pas de moyen de se payer des études en vivant confortablement quand on n’a pas accès à cette aide-là.

Giovana: Avant les coupures, le RAFÉO payait mes dépenses universitaires et me donnait de l’argent pour mes dépenses de base, comme le loyer et la nourriture. Le RAFÉO m’aidait à financer mes études, parce que ma mère gagne à peine assez pour prendre soins d’elle-même. Avec les coupures, il a fallu que j’ouvre une marge de crédit pour étudiants pour financer mes études et mes dépenses de base. Déjà, j’ai 55,000$ en dettes universitaires. Je vais probablement devoir payer des dettes étudiantes pendant le reste de ma vie. Je n’ai pas le choix: j’ai six cours de génie par semestre. Je n’ai pas le temps de travailler.

La Rotonde: Le gouvernement Ford a annulé plusieurs aspects de RAFÉO qui avaient comme fonction d’aider les étudiants à payer leurs droits de scolarité. Par contre, il a promis de réduire les frais de scolarité de 10%. Cela vous paraît utile? Est-ce que vous pensez que ça compense pour les coupures?

Mélina: Selon moi, ça ne compense pas. La réduction en services est plus important que ce 10%, donc je ne vois même pas en quoi ça nous aide. Ce 10% ne vaut rien. Je paye plus que l’année passée. C’est ridicule.

Anne: Ça ne compense pas parce que le montant de financement retiré du côté du RAFÉO est plus important que la réduction en frais de scolarité. Ça favorise un groupe de personnes qui sont capable de payer leurs études. En plus, le gouvernement a dit qu’il allait forcer les universités à nous faire payer 10% de moins mais c’est à l’université de trouver l’argent. Il n’a aucunement dit qu’il allait les subventionner pour que ça coûte moins cher. Les universités doivent couper dans les services pour pouvoir réduire les frais de 10%.

Giovana: D’après moi, le fait de réduire de 10% les frais de scolarité n’a pas de sens, surtout que l’argent épargné provient de coupures faites au dépens des étudiants. En plus, les frais de scolarité augmentent à chaque année, donc ça revient au même.

La Rotonde: Le gouvernement Ford a annulé la période de grâce de six mois, pendant laquelle les étudiant.e.s ayant récemment obtenus leurs diplômes ne paient pas d’intérêt sur leurs prêts. Cela met de la pression sur les étudiant.e.s à se trouver un emploi directement après l’obtention du diplôme. Croyez-vous que le gouvernement à des attentes réalistes envers les étudiant.e.s?

Mélina: C’est […] complètement irréaliste. Oui, le taux d’emploi pour les étudiants diplômés, surtout de l’U d’O, est très fort, mais on ne trouve pas un emploi dans les deux premières semaines. Oui, on a des co-ops et des stages qui peuvent nous aider, mais je pense à quelqu’un qui fait un bac en musique. Il ne trouvera probablement pas une audition dès qu’il sort de l’université.

Anne: Ça me rend tellement fâchée qu’ils ont fait ça. Si t’as un groupe d’étudiants qui doivent de l’argent au gouvernement et qu’ils prennent 6 mois avant de payer, ça n’a aucun impact réel sur le gouvernement. Ça ne va pas déstabiliser les finances du gouvernement. C’est une fraction minuscule de l’argent qu’ils ont. En tant qu’étudiant, tu ne vas pas avoir un emploi qui te permettra d’économiser et payer tes propres dépenses à la sortie de l’université. La période de grâce était un moyen excellent pour permettre aux étudiants de se remettre sur leurs pieds et de trouver une sorte de stabilité dans leurs vies.

Giovana: Le gouvernement Ford pense probablement que c’est facile de se trouver un emploi après les études, mais ce n’est pas facile. Le nombre d’ingénieurs qualifiés que je connais qui travaillent dans des boulots sans rapport avec leur diplôme est étonnant. Ça me frustre. Les riches vont s’enrichir en empochant les intérêts sur les prêts des étudiants, puis ces étudiants-là vont passer leurs vies à rembourser ces prêts.

La Rotonde: Le gouvernement Ford a baissé le seuil de revenu qu’il faut pour qualifier pour des prêts du RAFÉO. Trouvez-vous que cela soit juste?

Mélina: Oui, dans un certain sens. Comme ça, les bourses sont réservés pour les familles qui sont vraiment pauvres, qui sont sur le bien-être social, ou que les parents ont de la difficulté même en ayant 2 ou 3 petits boulots. Mais, en baissant cette barre-là, ceux qui bénéficiaient de l’aide financière n’en ont plus accès. C’est plate que ce soit la classe moyenne qui paye pour ça.

Anne: Ça n’a pas de sens. Peut importe ta situation en tant qu’étudiant, tu as besoin de payer. En réduisant le nombre de personnes qui ont accès à l’aide financière, on réduit le nombre de personnes qui pourront faire des études et avoir des connaissances à partager avec l’Ontario et le Canada. C’est nécessaire pour générer une bonne économie qui permet aux gens d’avoir un bon niveau de vie.

Giovana: Je ne pense pas que le revenu familial devrait être le seul facteur qui détermine si quelqu’un peut avoir de l’aide financière ou non. Il y a plein d’étudiants qui ne reçoivent aucun argent de leurs parents, mais qui ne peuvent pas avoir de l’aide financière parce que le revenu de leurs parents est élevé.

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