Dans la peau d’une fleur bleue : réflexions sur une hypersensibilité assumée
Crédit visuel : Hidaya Tchassanti — Directrice artistique
Chronique rédigée par Sooshila Ramsamy — Journiste bénévole
L’hypersensibilité, souvent incomprise ou pas assez abordée pour qu’on en comprenne pleinement les contours, mérite une attention particulière. Même si plusieurs militent pour la normaliser, elle demeure un sujet tabou au sein de notre société. Étant hypersensible, j’ignorais que ce trait de personnalité pouvait être ma force, au-delà d’un fardeau mal-perçu.
Qu’est-ce l’hypersensibilité ?
L’hypersensibilité est un trait de personnalité caractérisé par une intensité émotionnelle et une réactivité accrue aux stimulus externes et internes. Les personnes hypersensibles sont souvent affectées par leur environnement et se sentent davantage vulnérables dans des situations où leurs émotions prennent le dessus sur leur rationalité. Cependant, ce que je ne savais pas, c’est que l’hypersensibilité peut être une caractéristique à double tranchant.
Être hypersensible, c’est vivre avec un état d’âme à la fois intense et doux, un vertige de sensations, une vibration permanente. Ce trait, loin d’être un défaut, est une source d’émotions riches et puissantes, parfois hyperboliques, mais infiniment précieuses. On pourrait dire qu’il s’agit d’une extravagance, et si c’est le cas, les personnes hypersensibles devraient l’accepter avec joie : ce trop-plein d’énergie et d’idées en arborescence rend la vie plus excitante et promet une stimulation intellectuelle plus élevée que la moyenne.
Comment l’apprivoiser ?
La difficulté majeure liée au fait d’être hypersensible reste son intensité, qui nous fait voyager entre des émotions extrêmes, qui deviennent à la fois palpables et irrationnelles. Elle n’est pourtant pas si difficile à dompter lorsque nous la comprenons. L’hypersensibilité est une émotion qui demande d’être acceptée, non seulement par la personne qui l’abrite, mais aussi par les personnes qui l’entourent. La compréhension est l’essence de son acceptation.
Dans le passé, j’essayais de me débarrasser de mon hypersensibilité, car elle perturbait mon quotidien. Prise par la montée d’adrénaline qui surgissait sans préavis, elle pouvait me rendre vulnérable. Je ne me rendais pas compte de son caractère unique, celui qui charme, qui motive et qui surprend par l’intelligence et l’empathie. Je me crois chanceuse et je ne la rejetterai pour rien au monde.
À 16 ans, j’ai découvert ce qui me différenciait : une hypersensibilité à fleur de peau, un état que d’autres perçoivent souvent comme un défaut. Cette caractéristique, loin d’être une faiblesse, est devenue une alliée, un bouclier, un repère. Elle fait partie de moi et m’apporte une perméabilité unique, que je refuse de voir comme une infériorité ou un handicap.
Depuis ce jour, l’hypersensibilité m’accompagne comme une force, même si parfois elle peut créer une barrière entre moi et ceux.celles qui n’en comprennent pas l’intensité. J’ai brisé le cocon dans lequel je m’étais enfermée, ce « jardin secret » que je m’étais créé par crainte de déplaire à un monde de visages masqués. J’ai appris que l’authenticité de l’hypersensibilité se révèle quand on la laisse s’épanouir, sans chercher à se fondre dans une masse standardisée.
Tout compte fait, les hypersensibles doivent briser cette honte ressentie face à leur propre sensibilité, car elle n’est aucunement une source de malaise, mais plutôt une ressource précieuse.
Trouver sa place
Alors, peut-on vraiment échapper à sa nature et se fondre dans la norme ? Mon expérience m’a prouvé que l’hypersensibilité, loin d’être un obstacle, devient un don précieux. Grâce à elle, je me distingue, et cela vaut bien l’effort d’affronter les jugements. Dans une société où le jugement des autres est omniprésent, il faudrait faire le choix de rester fidèle à soi-même. Il est important de savoir mettre son hypersensibilité sur un piédestal, car elle offre plusieurs avantages.
Puisque chaque cas d’hypersensibilité est différent, il est essentiel de s’éduquer et de faire des recherches approfondies pour mieux la cerner et la contrôler. Il n’est pas question de se créer une carapace ou un bouclier pour ressembler aux autres : « chassez le naturel, il revient au galop ». Il faut savoir s’assumer et sortir de sa zone de confort. Ne pas avoir honte de son hypersensibilité est un obstacle nécessaire pour ne pas sombrer dans l’ombre des jugements.
L’enjeu demeure le rôle des non-hypersensibles qui doivent faire preuve d’ouverture d’esprit et de compréhension face à cette différence. Savoir respecter les émotions et l’énergie bouillante des hypersensibles est important. Il est fondamental de les célébrer et les chérir avec compassion et bienveillance.
À vous, les hypersensibles : vivez votre sensibilité sans entraves, acceptez-la comme un trésor. Trouver sa place est une aventure tumultueuse, mais c’est une chance de s’épanouir dans une authenticité précieuse.