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Arts et culture

De l’angle académique à la prise de vue cinématographique

Web-Rotonde
11 avril 2012

PORTRAIT – Philippe Falardeau

Catherine Dib | Chef de pupitre

« C’est important d’avoir des films où on voit des personnages dans des milieux enracinés dans des réalités sociales et politiques. » Si le cinéma de Philippe Falardeau se tisse de personnages nuancés et de mises en scène qui ne prétendent ni n’ont l’ambition de faire la morale, c’est que tenter de miroiter les problèmes de notre société sur la pellicule implique de résister aux clichés que fabriquent les caricatures grossières et la narration convenue. Il faut tact et délicatesse pour dépeindre un large portrait avec justesse et réalisme à travers les plus petits soucis du quotidien, tel que vu dans La moitié gauche du frigo ou encore Monsieur Lazhar, film adapté d’une pièce d’Évelyne de la Chenelière qui connaît un grand succès de par le monde depuis sa sortie en 2011.

Pourtant, le parcours du prolifique Philippe Falardeau est plutôt atypique, compte tenu de son passage à l’U d’O, dont il a obtenu un baccalauréat en sciences politiques. En effet, du baccalauréat aux Oscars en passant par la Course destination monde de Radio-Canada, le chemin sinueux reliant ses passions laisse une marque visible sur son œuvre, si on considère ce qui le remue.

Étudiant typique, parcours atypique

Malgré la distance parcourue, certains moments clés vécus à l’U d’O restent ancrés dans l’imagination grouillante du réalisateur. « Chaque automne, quand l’air commence à se rafraîchir, que l’air devient un peu plus clair, un peu plus crispé, je me souviens du retour à l’école, des débuts de session à l’université. On faisait son choix de cours; comme tout le monde, on en prenait plus que cinq pour en laisser tomber en cours de route », relate-t-il lorsqu’il est question de son passage à l’Université canadienne, de 1985 à 1989.

Étudiant modèle ayant reçu la médaille d’argent de l’Université et une bourse commémorative, le réalisateur se remémore aussi les longues soirées d’étude : « J’étais pas mal loner, je passais la plupart du temps à la bibliothèque Morisset sous les néons », un rituel de passage par chez nous, après tout. Tout comme les postes de guide sur la colline parlementaire ou d’hôte au Centre national des Arts, qu’il a occupés durant ses études.

Reconnaissant d’emblée le caractère utopique du bilinguisme déclaré, non seulement à l’U d’O, mais aussi dans la région, c’est surtout en tant qu’analyste politique pour la Fédération des francophones hors Québec que Philippe Falardeau a eu un contact direct avec les réalités sociolinguistiques canadiennes.

Détour pour aboutir à la croisée

Aujourd’hui réalisateur primé, M. Falardeau voit ses études en sciences sociales comme un gain. « La morale de l’histoire, c’est qu’en sciences sociales, quand on est sérieux, on se permet une formation générale qui ouvre toutes les possibilités. Ce n’est certainement pas aussi facile et rémunérateur qu’une formation professionnelle », explique-t-il.

Il précise que ses cours en sciences politiques ont favorisé l’épanouissement d’un esprit critique, outil nécessaire au développement de documentaire. « J’avais pris des cours de droit aussi, mais les cours de politique permettaient la critique, alors que le droit était surtout l’étude d’un système rigide. On dit “sciences politiques,” mais ce n’est pas forcément une “science.” C’est une discipline en constante mouvance! » commente M. Falardeau.

Par ailleurs, le réalisateur continue à ce jour de puiser son inspiration dans ses études, puisqu’il élabore présentement une comédie politique : « C’est encore prématuré, mais le personnage principal est un politicien. C’est certain que ces enjeux sont des choses qui me tiennent à cœur! »

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