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De nouvelles règles pour le travail hors-campus des étudiant.e.s internationaux.ales

Hai Huong Le Vu
11 juillet 2024

Crédit visuel : Camille Cottais — Rédactrice en chef

Article rédigé par Hai Huong Le Vu — Journaliste

Le 29 avril dernier, Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) a annoncé le retour du maximum d’heures de travail hors campus autorisé pour les étudiant.e.s internationaux.ales inscrit.e.s à temps plein. Cette mesure a suscité des réactions mitigées.

Avant la crise sanitaire de la COVID-19, IRCC permettait aux étudiant.e.s internationaux.ales de travailler hors du campus jusqu’à vingt heures par semaine. En 2022, cette limite a été temporairement enlevée. Ce n’est que récemment que le ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, Marc Miller, a annoncé le retour de la mesure pré-2022 pour l’été 2024, puis une hausse à 24 heures par semaine dès l’automne suivant.

En entrevue avec La Rotonde, Julie Lafortune, porte-parole d’IRCC, spécialiste en administration des activités de recherche, de communication et de développement de projets, affirme que « les étudiant.e.s étranger.ère.s sont ici pour se concentrer sur leurs études et non pour travailler à temps plein ». Elle ajoute qu’un.e étudiant.e qui travaille pendant ses études obtient des résultats scolaires moins satisfaisants.

Comparaison internationale

La porte-parole de l’IRCC affirme que le gouvernement canadien a analysé les politiques des autres pays sur ce sujet avant de prendre sa décision. Elle ajoute que cette politique canadienne est « plus généreuse » que celles de la plupart des autres pays.

En effet, selon Lafortune, aux États-Unis, les étudiant.e.s internationaux.ales ne sont pas autorisé.e.s à travailler en dehors du campus pendant leur première année d’études, et ensuite, seulement dans certaines circonstances. Au Royaume-Uni, ils et elles ne peuvent travailler qu’après avoir obtenu l’autorisation de le faire, et dans ce cas, leurs heures de travail doivent être limitées à 10 ou 20 par semaine. En Australie, la limite est quant à elle de 48 heures toutes les deux semaines.

Laly Delaune est une étudiante française de troisième année en études internationales et langues modernes à l’Université d’Ottawa, qui cumule actuellement deux emplois afin de payer ses études et son loyer. Elle confirme qu’en France, il est possible pour un.e étudiant.e international.e de travailler jusqu’à approximativement vingt heures par semaine.

Delaune poursuit en affirmant que l’éducation postsecondaire canadienne est chère, tandis qu’elle est presque gratuite dans son pays natal. Selon elle, cela contribue à mettre la pression sur les étudiant.e.s internationaux.ales pour qu’ils et elles puissent payer leurs dépenses au Canada, ce qui explique leur désir de beaucoup travailler.

Un séjour coûteux pour les étudiant.e.s internationaux.les

Ndeye Dieynaba Ndiaye est professeure agrégée de droit à l’Université du Québec à Montréal et se spécialise en droit international et de la migration. Elle rappelle que chaque candidat.e au permis d’études doit présenter des preuves financières démontrant sa capacité de couvrir ses frais de scolarité et autres dépenses liées à ses études.

Delaune raconte qu’elle pensait que ses frais de scolarité allaient diminuer chaque année, car le site web de l’Université d’Ottawa indiquait que les étudiant.e.s paieraient moins à mesure qu’ils.elles accumulent des crédits. D’après elle, cette estimation était initialement dans ses moyens financiers.

C’est triste de voir les frais de scolarité qui augmentent chaque année, soupire l’étudiante en études internationales et langues modernes. Elle exprime sa déception, puisque cette hausse est hors du contrôle des étudiant.e.s. Celle-ci conclut que le nouveau plafond n’est pas assez élevé pour que les étudiant.e.s internationaux.ales puissent travailler assez pour payer leurs frais de subsistance, qui augmentent sans cesse.

Le salaire en cause

D’après Noura, étudiante ivoirienne en cinquième année dans le programme de science des données, les étudiant.e.s internationaux.ales cherchent beaucoup d’heures parce qu’ils.elles ont des besoins qui ne sont pas suffisamment couverts par leur travail. «Si nous étions payés davantage pour ces heures, nous n’aurions pas besoin d’en chercher davantage », remarque-t-elle. Selon cette dernière, le problème vient donc surtout du salaire, et non du nombre d’heures travaillées.

Même si ses parents payent ses frais de scolarité, l’étudiante admet être consciente que tout le monde n’a pas cette chance. Elle raconte qu’une de ses amies « se demande tout le temps si elle va réussir à subvenir à ses besoins ». Cette dernière, d’après Noura, a dû contracter un prêt, une dette qui lui cause maintenant des problèmes constants.

Delaune remet en question le retour de ce plafond. Selon elle, les étudiant.e.s étranger.ère.s ont un impact positif sur l’économie canadienne, en y contribuant par leur travail. Elle croit que cette mesure nuit à l’enrichissement du Canada. Ndiaye ajoute que la contribution économique des étudiant.e.s internationaux.ales est importante partout dans le pays.

Si Delaune le pouvait, l’étudiante affirme qu’elle limiterait les heures de travail hors campus à 30 heures pour les étudiant.e.s internationaux.les, plutôt que 24 heures. Une autre option suggérée par cette étudiante est la création d’un plus grand nombre d’emplois sur le campus. Elle affirme que les commerces sur le campus pourraient notamment en ouvrir davantage.

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