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Arts et culture

Découvrir l’architecture sous toutes ses coutures

Culture
6 avril 2021

Crédit visuel : Guy Bisaillon – Contribution

Article rédigé par Marion Charruyer – Journaliste

Dessiner, concevoir, bâtir ou construire ? Le métier d’architecte est très souvent idéalisé, voire mal compris. Guy Bisaillon, architecte senior chez Figurr, et Philippe Doyle, architecte associé chez Lalande + Doyle architects, dressent donc le portrait de cette profession, partagent leurs expériences, et confient leurs aspirations. 

Passion et vocation  

Doyle et Bisaillon expriment tous les deux que le choix de vie professionnelle vers l’architecture a découlé de la reconnaissance de certaines aptitudes développées dès leur plus jeune âge. Parmi elles : le bricolage, le dessin, et l’intérêt pour les édifices, entre autres. 

Pour Doyle, le déclic s’est surtout fait à l’école secondaire en cours de dessin technique ; son enseignant, lui-même architecte, lui a transmis l’envie d’exercer ce métier. Il a donc poursuivi ses études avec un baccalauréat professionnel en architecture, et est retourné à l’université afin d’obtenir une maîtrise en gestion de l’ingénierie après quelques années de travail. Il a par la suite fondé son propre cabinet, dans lequel il travaille maintenant.

Bisaillon, quant à lui, a pris la décision de se consacrer à ce métier à l’âge de dix ans. Après le secondaire, il a également suivi un baccalauréat en architecture avant de devenir architecte apprenti, puis de passer ses examens avec l’Ordre des architectes de l’Ontario. Possédant une licence en architecture depuis dix ans, il est depuis quelques années, membre de l’Ordre des architectes du Québec.

Qualités nécessaires 

Les deux professionnels s’entendent sur le fait que ce métier requiert un haut niveau de créativité et de flexibilité. Selon eux, les projets ne sont jamais les mêmes, et sans les qualités énoncées, il est difficile de se projeter et de répondre aux demandes des client.e.s sans être dans la répétition.

Avoir un bon niveau en mathématiques est également important, selon eux. Cependant, comme le souligne Doyle, il s’agit là d’une science exacte où le résultat est toujours le même pour tout le monde, alors qu’en architecture, il n’y a pas de solution optimale. Il faut proposer sa solution et, « à l’image d’un.e chef.fe d’orchestre, il faut amener tout le monde à avoir une vision positive du projet avec les éléments qui leur sont chers », commente-t-il.

Bisaillon insiste sur le fait que, pour lui, l’architecte idéal.e a le parfait équilibre entre deux rôles. D’un côté, celui du.de la concepteur.rice, qui a un fort intérêt pour l’esthétique, et va chercher à répondre au mieux aux attentes du.de la client.e. De l’autre, celui du.de la responsable budgétaire, qui va s’assurer que le projet soit réalisable, tout en s’assurant de la qualité de celui-ci.

Défis constants 

D’après Bisaillon, un aspect romantique de l’architecture domine l’opinion publique de la profession. Alimenté par Hollywood, mais aussi par la nostalgie du domaine, celui-ci amène à voir cette fonction comme un métier de rêve à travers lequel les idées deviennent réalité : autrement dit, on imagine un bâtiment, puis on le construit. 

Mais d’après lui, c’est entre la conception d’un projet, étape à laquelle l’architecte présente au.à la client.e une solution initiale à sa demande, et la satisfaction d’avoir créé un édifice bien construit, que réside la part la plus difficile du travail. Un peu comme la face cachée de l’iceberg, appuie Bisaillon. L’architecte doit en effet coordonner toutes les informations qui viennent des différent.e.s acteur.rice.s du projet, consultant.e.s, ingénieur.e.s aux entrepreneur.euse.s. « C’est donc une grande responsabilité, qui tombe parfois comme un lourd fardeau », affirme-t-il.

Il y a également une réalité de business au sein du métier d’architecte, qui est bien souvent méconnue du public, insiste Bisaillon. Doyle ajoute que cet aspect du métier n’est pas enseigné, mais aussi que la profession se dirige vers un degré accru de réglementations commerciales, qui mène à une perte d’autonomie et de liberté des architectes. Selon ses dires, « la prochaine génération va devoir sérieusement penser à la façon dont elle va pouvoir continuer à faire de la bonne architecture avec toute cette réglementation. »

Bien qu’il s’agisse d’un métier de passion, Doyle insiste sur la nécessité de l’exercer avec principes et de faire les choses par amour du métier et du bâtiment, plutôt que pour l’argent. Les gens devraient ainsi, selon lui, pouvoir faire toutes sortes de belles choses à moindre budget, en y réfléchissant au mieux.

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