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Des commémorations controversées

Web-Rotonde
5 mars 2012

BAL DES NEIGE 2012

Mathieu Gauthier | Journaliste Actualités

Au Bal de neige de février 2012, qui s’est déroulé au parc Jacques-Cartier, à Gatineau, la Commission de la capitale nationale (CCN) a mis de l’avant la thématique de la guerre anglo-américaine de 1812. C’est pour s’opposer à ce thème que le groupe Observatoire des nouvelles pratiques symboliques (ONOUPS) a organisé une manifestation théâtrale exposant du sang artificiel et des mitrailleuses Dollarama au pied de la statue de Maurice Richard, située à l’entrée du parc.

Modalité d’action protestataire

Selon Dalie Giroux, professeure agrégée à l’École d’études politiques de l’U d’O, l’ONOUPS s’est rendu à l’entrée du parc Jacques-Cartier les 18 et 19 février dans le but de créer « un espace public où la réflexion critique peut atteindre l’imaginaire de la population ».

En faisant circuler des dépliants informatifs et en créant une scène théâtrale autour du monument de Maurice Richard, où plusieurs litres d’encre à bingo rouge ont été versés sur un amas de mitrailleuses en plastique, l’ONOUPS croit avoir exposé la réalité des affrontements militaires qui, selon eux, marque une nette opposition à la représentation ludiquequ’offrait les activités du Bal.

Le Bal et ses activités contestées

La CCN avait inclus un projet de conscientisation au sujet de la guerre anglo-britannique au calendrier des évènements de la fête hivernale. À cet égard, le conseiller en communication de Parc Canada (PC), Éric Schifi, énonce que PC a orchestré, entre autres, « des activités d’interprétation de la guerre de 1812 ». Il souligne ensuite que « ces activités […] sont offertes dans différents sites à travers le pays depuis plus de 70 ans ».

Mme Giroux précise que les participants, majoritairement des enfants, ont été invités à prendre part à des simulations de la guerre en question ainsi qu’à de petites séances d’entraînement militaire offertes par des militaires contemporains et des personnages vêtus de tenues d’officiers britanniques de l’époque. C’est également dans l’espace réservé à cet effet qu’avait été montée une tente de recrutement des Forces canadiennes.

Discours de l’opposition

Ces initiatives n’ont pas fait l’unanimité. Elles ont été largement critiquées et ont suscité plusieurs controverses. La représentante du groupe Socialisme international de l’U d’O, Chantal Sundaram, interprète ces activités comme de la « propagande nationaliste […] liée à un besoin de promouvoir un rôle du Canada plus agressif, […] camouflé sous une façade festive ».

Mme Giroux, estime que la « militarisation » du Bal de neige est une lecture arbitraire de la continuité entre le passé et le présent qui émane d’une vision militaire et monarchiste de l’histoire, du peuple et de la culture canadiens. Elle et plusieurs autres érudits de l’U d’O soulèvent ainsi des questions concernant la « production de l’identité canadienne en provenance du haut ».

En contrepartie, la CCN affirme la pertinence de ces évènements en invoquant l’importance de cette guerre dans l’histoire canadienne. Le vice-président de l’administration des opérations de la CCN, Jean-François Trépanier, indique qu’il respecte la position des manifestants. Toutefois, l’expression de celle-ci ne devrait pas se faire « au détriment de la population qui profite des lieux ».

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