– Par Léa Papineau Robichaud –
La période de prolongation vient tout juste de commencer. Un joueur de l’équipe adverse sert une bonne mise en échec par derrière au capitaine de l’équipe locale. L’arbitre ne fait rien. Les arbitres n’appellent presque jamais de punitions en prolongation, c’est normal. Par contre, l’homme assis à côté de moi ne semble pas penser comme moi. Il se lève et se met à traiter l’arbitre de tous les noms possibles et imaginables en échappant quelques jurons bien sentis entre chaque nom crié. Puis, il lance sa bouteille d’eau de toutes ses forces sur le sol avant de quitter sa place.
Ce genre d’épisode n’est pas rare dans le monde du sport. Les arbitres sont souvent victimes de menaces physiques ou verbales, et ce, que ce soit dans les ligues mineures, majeures ou professionnelles. Pourquoi cette rage contre les arbitres? Après tout, ce n’est que du sport.
Quand j’avais 10-12 ans, j’allais souvent voir les matchs des Olympiques de Gatineau. Je me souviens encore à quel point j’avais été marquée par le nombre de partisans qui huaient les arbitres, surtout quand un certain Francis Charron était d’office. Ceux qui fréquentaient beaucoup l’aréna Robert-Guertin se souviendront certainement des « Pourri, Charron! » qui fusaient de partout dans l’amphithéâtre. À cette époque, je me demandais bien à quoi ça servait de se démener autant contre ce pauvre arbitre qui ne faisait qu’essayer de faire son travail du mieux qu’il le pouvait. Eh bien, avis à ceux qui prenaient plaisir à l’insulter: Francis Charron ne devait pas être aussi pourri que vous le disiez, puisqu’il fait partie des officiels de la Ligue nationale de hockey depuis maintenant trois ans.
Le travail d’un arbitre n’est pas de tout repos. Il faut des nerfs d’acier pour le pratiquer. Imaginez-vous le nombre de menaces et d’insultes qu’a pu recevoir Kelly Fraser, l’officiel qui a refusé le fameux but d’Alain Côté lors des séries éliminatoires de 1986, qui opposaient les Canadiens de Montréal et les Nordiques de Québec? Pourtant, il ne faisait que son travail.
J’ai l’impression que les gens ont trop souvent tendance à oublier que, derrière le chandail raillé blanc et noir, il y a un être humain qui fait son travail avec le plus grand soin possible. Aimeriez-vous que quelques milliers de personnes se présentent à votre bureau et se mettent à vous hurler comment vous y prendre et à vous engueuler à la moindre petite erreur?