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Éditorial

Verres drogués à l’insu de festivaliers : écoeurés de souffrir les faits

Rédaction
15 juillet 2019

Crédit visuel: Catherine Gagnon-Jones

Par Emmanuelle Gingras

C’est deux verres de trop où il fut inséré des drogues à l’insu de victimes pendant le Festival de Fringe. Faut-il réellement aborder à nouveau le sujet? Comme il semblerait que les gens n’apprennent pas, abordons encore une réalité qui ne devrait pas en être une, comme on répète aux enfants de ne pas agir avec stupidité.

Le 8 juillet passé, le festival Fringe publie une lettre de pardon concernant l’événement qui se serait produit pendant la dernière semaine du festival qui s’est déroulé du 13 au 23 juin. La Police d’Ottawa aussitôt avertie, une enquête se déroule actuellement.

Dans la lettre, le festival présente leur grande tristesse entourant l’incident tout en refusant de donner davantage d’information.

Les procédures mises en place

Fringe affirme qu’ils « sont engagés à s’améliorer pour garder la communauté sauve et à prévenir de futurs incidents ». Des procédures de préventions avaient été mises en place avec la Coalition d’Ottawa contre la violence faite aux femmes. Erin Leigh, directrice générale de la collation, a partagé les procédures typiques dans ce genre de cadre.

Le nom du programme est Project Soundcheck, centré sur la prévention des agressions à caractères sexuels lors de grands rassemblements comme les festivals. C’est suite à une étude par Kari Sampsel, directeur médical de Sexual Assault and Partner Abuse Care Program à l’Hôpital d’Ottawa que le programme a été mis en place. La recherche a eu lieu après avoir remarqué que les cas d’agressions à caractère sexuelles étaient d’autant plus dénoncés lors de périodes de célébrations. 

« Comme l’indique le Emergency Medicine Journal, les chercheurs ont analysé les données de 2013 sur les cas d’agression sexuelle impliquant des femmes de plus de 16 ans qui sont arrivés au SAPACP dans les 30 jours suivant l’attaque. Parmi les 204 cas d’agression sexuelle identifiés, 53 d’entre eux, soit 26 %, ont eu lieu lors de grands rassemblements », comme indiqué dans un rapport de nouvelles sur la santé par Madeleine Kennedy.

La formation est centrée sur la construction de confiance et sur reconnaître les moments où intervenir dans les situations de connotations à violence sexuelle sous tous ses aspects. Celle-ci est généralement dirigée vers les bénévoles puisqu’ils sont les plus nombreux, les « les yeux et oreilles » des festivals comme souligné pas Leigh. 

Celle-ci souligne que dans la folie de l’action et les quantités de gens à gérer, les festivals n’ont souvent pas beaucoup le temps d’orienter les bénévoles. Ceux-ci travaillent donc actuellement sur une formation plus élaborée puisque 10-20 minutes, ce qui est commun dans les festivals, ne sont pas nécessairement suffisantes, selon la directrice générale.

Ceux-ci travaillent à l’heure actuelle sur l’amélioration de Projet Soundcheck. Ce que les festivals demandent : moins d’information, plus de formations pratiques. Les bénévoles auront l’opportunité de vraiment mettre en application des mesures d’intervention plutôt que seulement d’en entendre parler, comme l’explique Leigh.

Une saison d’agressions?

Alors que nous sommes dans la période la plus élevé en terme de dénonciations d’agressions sexuelles, il est aussi à mentionner les festivités des premières semaines d’université, alors qu’elles arrivent à grands pas.

Marie-Lou Villeneuve-Hobbs, intervenante en prévention de la violence sexuelle dans la communauté universitaire, a confié à La Rotonde qu’« en ce qui concerne la population étudiante, un bon nombre d’incidents sembleraient se produire au cours des 6 à 8 premières semaines de classe ». Ce qui réaffirme l’importance de mettre en place des stratégies de prévention dès les premiers jours de classes, mais également tout au long de l’année, souligne-t-elle. 

Il s’agit d’une réalité qui, aussi décevante soit-elle, s’étend sur toute l’année scolaire. Rappelons-nous de l’article de Gabrielle Lemire publié en avril dernier pour La Rotonde, «Rappel de l’existence d’une culture du viol» . Celui-ci parlait d’un pourcentage approximatif de 62,4 % des répondant. e. s de l’Université d’Ottawa qui auraient subi une forme d’agression sexuelle selon un sondage à l’échelle provinciale.

Rien n’est à dévaliser pour changer la chose; c’est une culture bien ancrée et qui se produit inconsciemment… ou en pleine conscience? Rappelons ici que dans la même statistique, environ 90 % des répondants de l’Université d’Ottawa posséderaient une excellente compréhension du consentement.

Le plus révoltant de tout cela, c’est qu’il s’agit d’un sujet que certains finiront par appeler redondant. Celui-ci semble ne pas vouloir cesser de revenir, faudrait-il continuer à faire revenir le mouvement #metoo? Puisqu’il semblerait qu’il faut replonger les victimes dans leurs traumatismes en leur demandant d’en parler pour que les gens y soient réellement sensibilisés. Semblerait aussi qu’il faut les témoignages de gens qui sont affectés dans notre communauté ou entourage pour réellement y croire. Enfin bref, qu’importe, ce ne sont que des mots dans l’air, comme nous ne sommes que des corps dont nous ne sommes pas maîtres.

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