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Sports et bien-être

1666 kilomètres contre le racisme et les violences policières

Rédaction
10 juillet 2020

Crédit visuel : Andy Saint-Hilaire

Par Noémie Calderon Tremblay – Journaliste

Courir la distance séparant Ottawa et Minneapolis, c’est le défi que se sont lancé les quinze membres de l’équipe féminine de basketball, ainsi que quatre anciennes joueuses de l’équipe de l’Université d’Ottawa (U d’O). L’objectif principal de cette démarche était d’amasser 2,000$ pour le mouvement Black Live Matters, sur une période s’étendant du 6 juin au 6 juillet. Le projet a atteint le résultat escompté quelques jours avant que joueuses n’atteignent la ville du Minnesota. 

« Puisque les douanes sont toujours fermées, l’initiative était de courir virtuellement la distance entre l’université d’Ottawa et l’endroit où George Floyd s’est fait assassiner, à Minneapolis », explique Rose-Anne Joly, entraîneuse adjointe à temps plein au programme de basket-ball féminin de l’U d’O. Celle qui coordonnait  la publication en ligne de l’information de l’initiative, ajoute que « le montant amassé est distribué à des organismes afin de soutenir le mouvement Black Lives Matter (BLM). »

L’équipe compte également faire don d’une partie de l’argent récupéré pour la cause autochtone. « On ne voulait pas seulement se limiter à BLM. On ne peut pas s’ouvrir les yeux à un problème et se fermer les yeux à un autre »,  explique Brigitte Lefebvre-Okankwu, étudiante-athlète en basketball à l’U d’O. Les étudiantes-athlètes sont conscientes qu’au Canada, le racisme envers les personnes autochtones est également un problème de taille.

Une action à leur échelle

Suite aux récents événements qui se sont déroulés aux États-Unis, les membres de l’équipe de basketball de l’U d’O ont fait part, lors d’une rencontre avec leur groupe de leadership, de leur envie de trouver un projet pour soutenir le mouvement antiraciste. « Les filles étaient très ébranlées et cherchaient un moyen d’aider à leur façon. Après quelques minutes de “ brainstorming”, on est arrivé à cette idée qui a été vraiment bien accueillie ! », confie Joly.

« On voulait trouver quelque chose d’actif, on ne voulait pas seulement être présent sur les réseaux sociaux. On avait besoin d’un quelque chose de concret et de participer à un geste plus grand », partage Lefebvre-Okankwu. Selon ses dires, c’est l’équipe au grand complet qui a pris la décision de réaliser ce projet.

« C’est un sujet qui me touche personnellement le racisme et c’est un grand problème au Canada », confie l’athlète, touchée par l’engouement de son équipe envers le mouvement antiraciste.

Le meurtre de George Floyd a ravivé des blessures chez plusieurs : « Ce n’est pas le temps de rester silencieux, il faut réveiller certaines personnes et parler de ces sujets-là », ajoute-t-elle.

Chaque participante au défi devait courir 88 km durant le mois prévu, raconte l’adjointe. Les filles participantes entraient et calculaient la distance courue dans une application sur leur téléphone. « Elles ont inséré leurs données de distance dans un google doc qui nous donne le montant de kilomètres courus par jour et au total », continue Joly.

L’importance du projet

L’entraineuse spécifie que « c’était important aussi pour les filles de ne pas seulement courir, mais s’éduquer et éduquer les gens autour de nous sur le mouvement BLM, et tout de qui entoure le sujet. » 

Ainsi, chaque participante s’est vu attribuer un jour, durant lequel elle devait publier du contenu sur l’initiative, ainsi que de la documentation récente concernant les violences policières. Le contenu était ensuite directement partagé sur les réseaux sociaux de l’équipe. 

Les athlètes sont plusieurs à prendre la parole. Lefebvre-Okankwu l’explique, entre autres, grâce à la plateforme médiatique et populaire qu’ils ont. « On représente une partie de la population étudiante et puisque nous avons de la visibilité, il faut en profiter pour parler des injustices », exprime-t-elle.

Durant le projet, chacune des membres de l’équipe s’est engagée à prendre le temps de s’informer activement sur le racisme et à en discuter dans son cercle social, rend compte Lefebvre-Okankwu. Pour cette dernière, la distance des 1666 kilomètres avait une symbolique particulière : « avec la fermeture des frontières, c’était notre façon à nous, de se rendre aux manifestations qui ont lieu à Minneapolis. »

De ce qu’elle retient, l’étudiante-athlète partage qu’elle garde surtout en tête la possibilité qu’a chacun.e de faire un changement, s’il ou elle se met à la tâche et fait preuve de persévérance.

Cette action collective est synonyme pour l’athlète d’union, d’amour et possibilité : « on est plus fort ensemble, c’est certain. Chaque jour, on devient plus solide. »

L’équipe espère que grâce à cette initiative, et aux autres qui ont vu le jour,  les autres équipes sportives et l’U d’O entameront des démarches plus concrètes afin de lutter contre le racisme et de reconnaître que celui-ci est plus proche d’eux qu’ils ne le pensent.

Les différents organismes auxquels seront distribués les dons seront annoncés prochainement sur les différents médias sociaux de l’équipe féminine de basketball de l’Université d’Ottawa. 

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