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Arts et culture

D’une beauté outrageante : Artivism explore l’intersection de l’activiste et l’art noir

8 septembre 2015

par Didier Pilon

 

Artivisml’événement artistique, politique et intellectuel du groupe BlakCollectiv – a plongé de plein gré, vendredi dernier, dans l’intersectionalité de l’art et de l’activisme, mais aussi des identités et des orientations sexuelles.

En partie performance artistique multidisciplinaire, en partie table ronde, BlakCollectiv et les artistes invités ont navigué avec classe et intelligence les défis qui affligent la communauté et les artistes noirs.

De l’art honnête et humble

Alors que Kalkidan Assefa – un peintre de la région qui spécialise dans la représentation colorée de personnages noirs en lieux publics – décorait un tableau de Maya Angelou, trois poètes ont pris la scène à tour de rôle. La voix douce et légère de Jenny Meya, avocate passionnée de journalisme politique, contraste l’intensité et le poids de ses propos, de son style et de ses dénonciations. Son poème sur les normes eurocentriques de beauté (« les filles noires ne furent jamais jolies ») et sur la caricature sexualisante et animalisante des femmes noires dites « exotique » s’est fait ressentir. Les poèmes d’Adae B, de leur côté, ont dévoilé l’expérience compartimentalisée d’une femme queer noire, qui vit dans l’intersection de tant de groupes, qu’aucun ne la représente réellement. Finalement, Brandon Wint, ce pilier de la communauté artistique ottavienne récemment expatrié à Edmonton, a pris scène. « Il est important de prendre le temps dans des milieux noirs et multiraciaux, de ne pas juste parler des luttes », affirme-t-il avec inspiration. « Noir, c’est la beauté. Noir, c’est l’amour. »

Politique : intersection et représentation

À l’occasion de la table ronde animée par Ellen de BlakCollectiv, la peintre Kosisochukwu Nnebe a rejoint les quatre artistes sur scène. Cette dernière s’inspire de la théorie féministe noire pour faire place à la représentation des femmes noires par le biais de ses toiles. Pendant près d’une heure et demie, la conversation a exploré des opinions – parfois rassembleuses, parfois divergentes – au sujet de la responsabilité politique des artistes noirs, de la représentation unidimensionnelle, caricaturale ou simplement non existante des minorités dans les différents médias artistiques, et de l’intersection entre la beauté et la colère.

« Faire face à la réalité que, du fait même d’occuper un lieu public, être artiste noir est d’être politique.

Mieux vaut en rire. . .

Alors que les artistes ont partagé leurs expériences face à la critique « anti-noire », des rires remplisent la salle. Entouré d’une communauté sympathisante, le partage des moments de microagression et même d’agression tout court que chacun ont vécu, en dégage leur l’absurdité.

BlakCollectiv

BlakCollectiv, ce groupe de femmes noires qui a vu jours en septembre 2014, est plus qu’un organisme qui organise des évènements politiques et culturels. En plus des marches pour le mouvement Black Lives Matter, des veillées à la mémoire des victimes noires de brutalité policière et des regroupements d’artistes comme Artivism, BlakCollectiv s’identifie comme une véritable communauté. « On se support, on s’éduque, on se dénonce lorsqu’on a intériorisé des visions négatives de la communauté, et nous nous rappelons, à nous-mêmes et aux autres, qu’être noir est multidimensionnel », s’exprime Rosy, membre du collectif.

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