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Éditorial

Élections et bal masqué, une même valse

Rédaction
29 octobre 2019

Crédit visuel : Andrey Gosse – directeur artistique 

Par Emmanuelle Gingras – Rédactrice en chef

Claquette, maquillage de scène, chapeaux farfelus; tels étaient les seuls trois éléments qui manquaient pour compléter la comédie musicale qu’étaient les élections fédérales.  Encore cette année, nos chef.fe.s de partis se sont bien réduit.e.s à des produits plastiques éloquents. La question peut donc être débattue ; faut-il voter pour ce que projette la personne ou bien ses idées politiques ?

Celui que plusieurs considéraient comme « pas assez qualifié » avant son premier mandat est de retour. Il n’y a pas à dire ; Trudeau a su charmer son public malgré les scandales qui auront atteint son image chérie dans la dernière année. 

Cette élection dispersive a été haute en tension.  Les intérêts divergeants des Canadien.ne.s entre gauche et droite n’ont donné nul autre choix aux politicien.ne.s que d’employer un ton qui frôlait le pimpant à titre d’attirer les électeurs vers leur personne ! Oui, oui ; leur personne et non pas leurs politiques. 

Condamné.e.s à se fier à l’image?

Plusieurs critiqueront qu’il ne faut pas voter selon l’image du politicien mais en se fiant à ses propositions politiques. Par image, on entend ce que la personne projette et sa personne, proprement dit, individuelle.

Il n’est toutefois pas possible d’aller prendre un café ou un thé avec la personne qui dirigera notre pays pour apprendre à la ou le connaître ; il faut donc se fier constamment au premier degré. À ce que nos médias nous présentent, aux avis des opposant.e.s ou des supportant.e.s, aux images embellies ; c’est inévitable.

Andrew Scheer, chef du Parti conservateur du Canada, faisait partie de ceux qui défendaient que les avis et convictions personnelles d’un politicien doivent être mis de côté lorsque vient le temps de voter. « Je pense que les Canadien.ne.s comprennent que de nombreuses personnes peuvent avoir un point de vue différent sur ces questions. Ce qui leur importe, c’est de savoir si un premier ministre apportera des changements ou cherchera à faire des changements», affirmait-il en entrevue avec Le Droit.

Scheer faisait référence à ses croyances personnelles sur l’homosexualité et sa position sur l’avortement. Bien évidemment, nombre de Canadien.ne.s concerné.e.s se sont révolté.e.s contre le politicien sur les réseaux sociaux et les médias n’ont nullement omis de souligner cet aspect. Mais des idéologies peu ouvertes à la diversité et à la liberté du choix ne sont nullement le reflet de notre système politique démocratique. Le but est ici de satisfaire le plus de gens possible, peu importe les idéologies. 

Toutefois, aurait-il mieux fallu que Scheer ne partage pas ses propos qui ont choqué les gens concerné.e.s et de rester dans un portrait aussi propre et inclusif que Trudeau ?

La franchise de sa personne ont choqué, mais rappelons-nous que le Black Face de Justin Trudeau n’a pas plu à tous non plus et a hautement surpris. Il est évident que de connaître de la façon plus rapprochée possible notre politicien est bien plus logique quand vient le temps de voter. Il n’est pas vrai que les idées personnelles d’un politicien devraient être distinguées du vote car ses décisions et priorités politiques n’auront pas le choix d’en être affectées. 

L’image de la personne devrait donc oui être mise de l’avant mais de façon sincère. Ce n’est qu’ainsi que les Canadien.ne.s ne seront pas négativement surpris.e.s.

Mais, ça y est!

Scheer s’est aussi acharné corps et âme à dénoncer ce « masque » trompeur de Justin Trudeau. La question se pose ; le retour du premier ministre qui nous a encadré dans les dernières années, porte-t-il un mandat  hypocrite, faux?

Pour certaines situations, il ne sera jamais entièrement possible de savoir. Dans le scandale Black Face, Justin Trudeau n’a eu nul autre choix de s’excuser. Dany Laferrière, en entrevue avec Radio-Canada déclarait que cette excuse du premier ministre est adaptée à ce qui le fera le mieux paraître. L’excuse était-elle donc sincère? 

On ne pourra jamais vraiment le savoir. Ce qu’on sait toutefois, c’est que celui-ci a été le premier ministre ayant, statistiquement parlant, accompli le plus de choses qu’il a promises. Dans « Bilan du gouvernement libéral de Justin Trudeau ; 353 promesses et un mandat de changement », il est indiqué que notre Premier ministre aurait accompli 92% de ses promesses électorales de 2015.

Pourquoi les contradictions de Trudeau nous ont donc si fortement déçu? Tout en ayant un discours humaniste, Trudeau lui-même n’est que très peu humain dans ce qu’il projette. En s’imposant une si belle image, les attentes seront bel et bien plus hautes et les déceptions, en cas de contradiction, plus grandes.

Ainsi, faudrait-il, dans ce mandat, que Trudeau fasse preuve de plus de transparence et les gens, de plus de considération quant à ce Premier ministre qui n’est pas un robot mais qui aura des idées et des contradictions.

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