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Élections provinciales – Et les étudiants dans tout ça?

Rédaction
29 juin 2018

Élections provinciales

Par Gabrielle Lemire, journaliste

Tous les Ontariens connaissent l’issu des élections provinciales du 7 juin 2018: Doug Ford et ses Progressistes-conservateurs l’emportent de façon majoritaire. Parmis les changements qui s’annoncent, il reste à savoir lesquels toucheront de façon significative les 40 000 étudiants de l’Université d’Ottawa. La gestion du système de santé mentale, la frais de scolarité et la francophonie sont quelques enjeux qui feront couler beaucoup d’encre au cours des prochains mois.

Le dossier santé mentale

Tous partis confondus, les candidats s’entendaient pour ne pas négliger cette question d’importance capitale qu’est la santé mentale. Le gouvernement Ford a émis comme promesse électorale d’améliorer le système de soins pour la santé mentale en y accordant 3,8 milliards de dollars.

Pour Geneviève Tellier, analyste et professeure à l’Université d’Ottawa (l’U d’O), c’est l’une des bonnes nouvelles depuis l’élection d’un parti qui laisse planer l’incertitude sur plusieurs autres angles du débat. Celle-ci s’interroge sur le choix d’une méthode de gestion des ressources allouées à la santé mentale. « Les Libéraux eux étaient très décentralisateurs, c’est-à-dire donner beaucoup d’argent aux communautés pour qu’elles s’occupent eux-mêmes des services de santé mentale. » explique l’analyste.

Pour les étudiants, cela signifierait l’accès à des soins de santé mentale taillés au milieu propice au stress qu’est l’université. Selon la Commission de la santé mentale du Canada, la tranche d’âge la plus à risque de développer une maladie mentale est celle de 20 à 29 ans. La Commission décrète également que le suicide est la deuxième cause de décès pour la tranche d’âge de 15 à 24 ans. Il va de soi que les ressources humaines disponibles sur les campus universitaires sont présentement insuffisantes. La nécessité d’augmenter le nombre de ressources spécifiques aux étudiants universitaires est exprimée par les fédérations étudiantes partout en province.

Vers une hausse des frais de scolarité?

Sans compter la charge de travail universitaire, les étudiants s’inquiètent des frais de scolarité qui ne cessent d’augmenter annuellement depuis 2006. D’ailleurs, le 28 mai dernier, le Bureau des gouverneurs de l’U d’O a déclaré une hausse de 3% des droits de scolarité des étudiants canadiens. Les étudiants internationaux entrant en première année verront quant à eux une hausse de 15%.

Selon Geneviève Tellier, Doug Ford priorise le secteur privé. Afin de pallier les coupures au niveau des services publiques et ainsi obtenir les mêmes services maintenant gérés par des entreprises privées, les étudiants devront moyenner les frais proportionnels. Le minimum des services serait assuré à l’ensemble de la population. Toutefois, « tout ce qui va au-delà du minimum pourrait être coupé. » explique Tellier. La professeure affirme que la qualité des services de devrait subir aucun changement, mais que somme toute, les frais de scolarité risquent d’augmenter.

Au niveau financier, les étudiants devront être prêts à la possibilité de voir leurs frais grimper sans bénéficier des promesses néo démocrates qui allaient alléger ce fardeau financier en changeant les prêts universitaires en bourses. La combinaison d’une privatisation des services et de l’absence de volonté à aider les étudiants à financer leurs études va avoir un impact important sur les étudiants de l’U d’O. Ces décisions entravent également la mission de groupes militants tels le Regroupement étudiant franco-ontarien (RÉFO).

La voix des universitaires

Afin de continuer à avoir une influence quelconque sur les décisions prises pour l’ensemble de la province, il implique de se trouver assez près du cercle privilégié du nouveau Premier Ministre. « On remarque depuis quelques jours que M. Ford s’entoure de collaborateurs qui viennent pas mal de l’équipe de Steven Harper. On ne peut pas dire que M. Harper était très près du milieu universitaire, de la recherche. » indique Tellier.

Sans se prononcer avant la sortie du budget du gouvernement Ford, Tellier émet comme hypothèse la possibilité d’un financement de la recherche scientifique revu à la baisse. Hors, au niveau des décisions environnementales telles l’abolition de la Loi sur l’énergie verte promise par le gouvernement Ford, les conseils de groupes environnementaux sont d’une importance cruciale.

C’est l’une des préoccupations de Me Nathalie Des Rosiers, députée libérale pour la circonscription d’Ottawa-Vanier dans lequel se situe l’Université d’Ottawa: « On doit s’assurer que les politiques publiques sont basées sur de bonnes données et qu’elles sont évaluées correctement. Il faut continuer de tenir le gouvernement imputable dans la mesure où il ignorerait les données qu’on a lorsqu’il veut aller vers des promesses vite faites. » affirme Desrosiers.

Malgré la défaite de son parti, la députée d’Ottawa-Vanier affirme qu’elle continuera de lutter pour les projets de loi privés tels la loi omnibus qui englobe la désignation de la ville d’Ottawa comme étant bilingue.

Mulroney débarque, le ministère disparait 

Pour ce qui est des Franco-ontariens, la dernière année a été décisive sous le gouvernement Wynne, notamment avec la loi omnibus sur l’Université de l’Ontario français et sur la désignation de la capitale nationale en tant que ville bilingue. Les plans pour l’Université de l’Ontario français (UFO) doivent être honorés par le nouveau gouvernement, mais seul le budget émis par celui-ci au cours du prochain mois permettra de déterminer combien d’argent sera alloué à l’UFO.

La nomination de Caroline Mulroney comme ministre déléguée aux Affaires francophones et procureure générale de l’Ontario était attendue par plusieurs. « Son expérience de la francophonie vient du Québec. Elle a peut-être moins de connaissances, ce qui ne veut pas dire qu’elle ne peut pas les obtenir. » explique Tellier. Selon l’analyste, Mulroney possède une sensibilité envers la question francophone, elle a même été la première du parti Progressiste-Conservateur à proposer un débat en français lors de la campagne électorale.

Toutefois, ce qui retient l’attention est la disparition complète du ministère des Affaires francophones. Auparavant dirigée par la député d’Ottawa-Orléans, la libérale Marie-France Lalonde, l’abolition du ministère jette de l’ombre sur l’importance attendue de la francophonie au sein du gouvernement Ford. Rappelons, qu’en entrevue avec La Rotonde, Lalonde avait expliquée les avantages d’un ministère à part entière.

Concrètement, le parti Progressiste-Conservateur promet de:

  1. Réduire le prix de l’essence de 10 cents le litre
  2. Réduire le prix de l’électricité de 12% pour les familles, fermiers et petites entreprises
  3. Exempter les travailleurs au salaire minimum de toute taxe provinciale (en seconde moitié de mandat)
  4. Investir 5 milliards de dollars supplémentaires dans le transport en commun (partagé entre Toronto, Ottawa et la province)

Voir: https://www.ontariopc.ca/plan_for_the_people

Comment s’impliquer en politique?

Marie-Pierre Héroux, à la coprésidence du Regroupement étudiant franco-ontarien (RÉFO), voit l’avènement d’un nouveau parti comme une occasion de bâtir de nouvelles relations et faire connaître les enjeux de la communauté étudiante franco-ontarienne aux nouveaux députés. « Il y a aussi le côté inquiétude, parce que vu que c’est un nouveau gouvernement, on ne sait pas si on va tenir les mêmes engagements que le gouvernement passé pour certains dossiers. » nuance-t-elle.

Le Réfo attend la sortie du budget alloué à la nouvelle Université de l’Ontario français avant de mettre une stratégie de lobbying à Queen’s Park. Héroux s’exprime clairement sur les attentes du Regroupement: « On veut voir qu’il y a de l’argent mis de côté pour le projet de l’université de l’Ontario français mais aussi pour augmenter l’offre des programmes dans les autres régions. C’est peut-être augmenter les services de santé mentale en français sur les campus, c’est peut-être des stratégies pour diminuer les frais de scolarité, des stratégies pour éradiquer les stages non rémunérés. » Ces demandes passent toutefois par des changements systémiques.

Pour les changements locaux qui affectent les habitants d’Ottawa-Vanier, la députée Nathalie Des Rosiers souhaite recevoir les idées des étudiants et invite quiconque veut poser un geste politique à venir s’entretenir avec elle: « Ma porte est toujours ouverte! » lance-t-elle. Nathalie Des Rosiers tient également le Conseil jeunesse d’Ottawa-Vanier avec la député fédérale Mona Fortier, une table de consultation jeunesse qui prend en considération les idées des étudiant.e.s. Les jeunes 16 à 22 ans d’Ottawa-Vanier peuvent soumettre leur candidature une fois que le processus de mise en candidature sera ouvert au début septembre. Ce sera la deuxième cohorte de ce Conseil jeunesse d’Ottawa-Vanier.

Marie-Pierre Héroux invite également les étudiants à s’entretenir avec leurs députés respectifs afin de sensibiliser ceux-ci aux questions qui touchent la population étudiante. La pression mise sur le Gouvernement par le biais des médias sociaux est également une stratégie prometteuse pour les changements que les étudiants souhaiteraient voir dans la province.

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